Etape 8 - Cathédrale Basile-le-Bienheureux - Comme dans un labyrinthe
Jeudi 25 avril 2019. Après la visite des soubassements de la cathédrale, on monte par le petit escalier redécouvert au moment de la restauration de l'édifice dans les années 30 pour accéder à l'église elle-même et à ses multiples chapelles.

Autour de ces chapelles, c'est un véritable labyrinthe qui attend les visiteurs. Mais quel labyrinthe ! Un véritable chef-d'oeuvre. Chaque centimètre des murs et des plafond est peint, recouverts de saints, de scènes bibliques, de motifs floraux, d'icônes et autres figures du Christ et de la Vierge.

L'harmonie de l'ensemble répond à une alchimie complexe de styles révélant d'audacieux compromis architecturaux. A l'intérieur, on ressent l'impression de circuler dans un labyrinthe d'étroits couloirs permettant de passer d'une chapelle à l'autre.

Cette cathédrale du XVIe siècle, d'une exubérance digne de l'orient des Mille et une nuits est bien le symbole de Moscou : la démesure et la folie.

Le point culminant de l'édifice s'élève à 65 m. La cathédrale est ornée de neuf coupoles principales (en accord avec le nombre de chapelles) ainsi qu'une autre sur le campanile, chacune se distinguant des autres par une forme, des ornements et des couleurs propres et vives. Le bâtiment lui-même est essentiellement construit en brique rouge, souvent apparente.

À l’origine l’église était entièrement blanche et ses coupoles dorées, mais les travaux de reconstruction aux XVIe et XVIIe siècles ont complètement modifié et embelli son apparence.

La cathédrale est orientée à angle droit par rapport à l'axe de la Place rouge, ce qui lui donne une apparence asymétrique, voire chaotique sur les photos. Vue depuis l'ouest, on remarque toutefois la symétrie de la construction, qui se retrouve aussi à l'intérieur. L'église principale, de forme carrée, est surmontée par un octogone se rétrécissant vers le haut et couronné par une coupole dorée.

Quatre tours moyennes de forme octogonale entourent l'église principale dans la direction des quatre points cardinaux. Les quatre petites tours sont carrées et intercalées entre les tours moyennes, donnant au bâtiment une forme d'étoile à huit branches.

La cathédrale est en fait composée de huit églises séparées, chacune ornée d'une tour. Les huit chapelles annexes symbolisent huit batailles lors de la prise du Khanat de Kazan.

En 1588, au nord-est de la cathédrale, fut construite une dixième chapelle consacrée en l'honneur de Basile le Bienheureux (1469-1552), qui donna la deuxième appellation de la cathédrale.

Basile, ce "fol-en-dieu" avait maudit Ivan-le-Terrible et lui avait prédit qu'un jour il allait tuer son fils. Au rez-de-chaussée de la cathédrale, une exposition retrace son histoire.

Les fresques intérieures qui recouvrent les murs de cet immense labyrinthe sont d'une beauté inouïe. La plupart datent du XVIe siècle et ne déçoivent pas par rapport à la magie de l'aspect extérieur de la cathédrale.

Les travaux de la cathédrale durèrent cent vingt-cinq ans et l'édifice connut de nombreux remaniements : les escaliers furent couverts, les paliers surmontés de toits pointus, les bulbes ornés de motifs saillants. Un neuvième oratoire fut élevé sur la tombe d'un fol-en-Christ, le bienheureux Basile dont le nom s'imposa à toute l'église.

En 1680, sur ordre du tsar Fédor III et du patriarche Joachim, on détruisit toutes les vieilles églises en bois délabrées qui se trouvaient sur la place Rouge mais on installa de nouvelles chapelles (jusqu'à vingt) autour de l'église de l'Intercession. C'est alors qu'elle fut peinte et couverte de décors de fer et de tuiles tels que nous les voyons aujourd'hui. Avec le temps, une grande partie des chapelles disparut et, en 1783, il n'en restait plus que onze.

Pour la petite histoire, en septembre 1918, le doyen de l'Église fut fusillé, les biens confisqués, toutes les cloches refondues et l'Église fermée. Dans les années 1930, Lazare Kaganovitch proposa de démolir l'église de l'Intercession pour dégager la place afin de faciliter la circulation automobile sur la place Rouge. Dieu merci, il n'en fut rien...s





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