Etape 16 - Musée Pouchkine - L'extrordinaire collection assyrienne
Jeudi 25 avril 2019. Mais à coup sûr, la plus belle collection d'antiquités du musée Pouchkine*** est sans conteste son extraordinaire collection de panneaux assyriens***. En pénétrant dans cette pièce du musée, on se sent aussitôt plongé au coeur de ce vaste empire de Mésopotamie.

Les panneaux, tout à la gloire des grands rois assyriens qui furent à l'origine d'une des plus grandes civilisations de Mésopotamie, relatent les grandes heures de ce royaume unique dans l'histoire, qui s'établit des frontières les plus orientales de l'Iran jusqu'en Judée et une partie de la Turquie d'aujourd'hui. En s'approchant de plus près, on peut toucher du doigt (littéralement !) les secrets de l'écriture cunéiforme, l'une des premières écritures modernes de l'histoire humaine.

L'intérêt de cette exposition est donc de s'approcher au plus près de ces plaques qui ont été retirées des anciens temples assyriens de Mésopotamie. Les écrits se confondent avec les plaques, se juxtaposant aux scènes royales dans une extraordinaire harmonie et délicatesse. Ici, un relief représentant un esprit ailé avec un bouc sacrificiel et une branche entre ses mains (IXe siècle av. J.-C.).

Aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., l'Assyrie contrôle des territoires s'étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels, comme l'Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie et l'Iran.

De nombreux panneaux sont issus des fouilles archéologiques du XIXe et XXe siècle, provenant notamment de l'ancienne cité de Nimrud, cette cité extraordinaires que ces fous de l'Etat Islamique se sont permis de dynamiter dans leur stupide ignorance...

D'autres panneaux proviennent de l'ancien palais de Ashshornatsirapala, datant du IXe siècle avant notre ère.

L'assyriologie, discipline qui étudie l'Assyrie antique et plus largement la Mésopotamie antique, distingue trois phases dans l'histoire assyrienne, sachant qu'avant les environs de 700 av. J.-C. les dates sont approximatives : la période paléo-assyrienne, du xxe au début du xive siècle av. J.-C. ; la période médio-assyrienne, jusqu'à 911 av. J.-C. ; et la période néo-assyrienne, jusqu'à 612-609 av. J.-C., date de la fin du royaume assyrien.

Schématiquement, durant la première période, l'Assyrie se résume à la cité-Etat d'Assur, connue surtout par le dynamisme de ses marchands.

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Absolument fantastique, et toujours recouvert d'écriture, ce relief représentant des tributires de singes destinés à être offerts au roi (IXe siècle av. J.-C.)
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La deuxième période voit la naissance du royaume assyrien à proprement parler, en tant qu'État territorial puissant, qui connaît cependant un affaiblissement important au tournant des IIe et Ier millénaires av. J.-C.

La troisième période voit l'Assyrie se muer progressivement en un empire, grâce notamment à sa redoutable armée. C'est par cette période que l'Assyrie est la mieux connue, grâce aux découvertes effectuées à partir du XIXe siècle dans ses capitales successives, Assur, Kalkhu (Nimrud), Dur-Sharrukin et Ninive.

C'est également la puissance de cet empire et de ses souverains qui a permis au souvenir de l'Assyrie de perdurer par la tradition de la Bible hébraïque et des auteurs grecs classiques.

La grande quantité de documentation archéologique collectée pour la période assyrienne depuis près de deux siècles permet de bien connaître de nombreux aspects de ce royaume qui est une des composantes essentielles de la civilisation mésopotamienne ancienne, au même titre que celui qui est devenu son rival méridional, le royaume de Babylone.

C'est de loin la dernière phase du royaume qui est, toutefois, la mieux connue. On peut dresser un important tableau de plusieurs aspects de l'administration du royaume, les activités économiques, les composantes de la société, la culture assyrienne, notamment la religion et l'art.

De nombreuses zones d'ombre demeurent puisque la documentation n'est pas répartie de façon homogène selon les lieux, les périodes et les aspects de la vie des anciens Assyriens, du fait de la disparition de nombreuses sources depuis l'Antiquité, mais aussi parce que les découvertes concernent essentiellement le milieu des élites.
Le souvenir du royaume assyrien perdurait dans la tradition occidentale, grâce à plusieurs sources antiques, avant les premières fouilles sur les sites de l'Assyrie. D'abord, la Bible, qui donnait des éléments sur l'histoire des relations entre les royaumes d'Israël et de Juda et l'Assyrie, ainsi que des mentions de Ninive où avait été exilé Jonas, est le premier document faisant référence à l'Empire assyrien.

Il en ressortait toutefois une vision négative de l'Assyrie, perçue comme une puissance brutale et oppressive. Des auteurs grecs classiques évoquaient aussi le royaume assyrien.




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