Etape 50 - Kremlin - De la place des Sobors au palais des armures
Lundi 29 avril 2019. Certes la vue est belle sur la Moskowa depuis les remparts du Kremlin, mais je ne suis pas venu pour ça... C'est d'abord pour les églises de la place des Sobors que j'ai franchi les grilles du Kremlin. A commencer par la cathédrale de l'Archange-Saint-Michel***, qui fut a dernière grande cathédrale ordonnée par Vassili III en 1505, à l'emplacement d'une église édifiée par le grand-prince Ivan Kalita en 1333.

La cathédrale de l'Archange-Saint-Michel*** servait alors de nécropole aux princes et aux tsars. Menaçant ruine, elle fut démolie. Les tombeaux des tsars furent bien sûr replacés dans la nouvelle église, qui reprit d'ailleurs le même nom. C'est un artiste italien qui en assura la reconstruction. Là aussi, les styles russes et italien furent habilement mélangés.

Extérieurement, on sent bien la tradition italienne : portail placé au fond du porche et, au-dessus, une tribune avec une fenêtre de style vénitien. En outre, pour la première fois, utilisation de pilastres et entablements en façade. Sans oublier les coquilles au fronton, caractéristiques de la Renaissance.

A l'intérieur, c'est une fois encore éblouissant. Les fresques datent de 1666 et relatives à l'archange Saint-Michel. En tout, 92 artistes y travaillèrent, parmi les pus célèbres de l'époque. On trouve les fresques les plus anciennes dans les chapelles hautes, au-dessus de l'entrée ouest. Réalisées sous Ivan le Terrible (1564), elles racontent l'histoire du pouvoir en Russie à travers les écrits de l'époque, notamment la Légende des princes de Vladimir.

|
Aucun mal à suivre la fresque du Jugement dernier sur le mur ouest et les fresques du registre inférieur. Elles représentent tous les princes et tsars inhumés (depuis Ivan Kalita aux frères d'Ivan le Terrible), sauf Vassili III, qui fait bande à part sur le pilier nord-ouest, en tant que fondateur de l'église. Dans le médaillon rond au-dessus de leur tête, leur saint patron respectif. |
L'iconoclaste date de 1679. Superbe porte royale en bois sculpté doré. Aux quatre coins, évangélistes et, dans l'imposte, la Cène avec le Christ. Dans le rang inférieur, les icônes les plus vénérées (et les plus anciennes également). On notera en particulier, celle de Saint Michel archange de la fin du XIVe siècle (entourée de l'action des anges).

Une cinquantaine de tombeaux abrite la quasi totalité des souverrains moscovites de 1320 à 1690, à l'exception de Boris Goudounov. Les grands-princes, depuis Ivan Kalita, sont le long du mur sud (l'espace le plus noble) ; les princes disgraciés près du mur nord. Vassili II et Ivan III, grand-père et père du fondateur de l'église, ont droit à un podium près de la cloture du choeur. Le premier tombeau à droite est celui du père de Pierre le Grand.
A gauche, le sarcophage en bois polychrome est celui de Mikhail Chernigovsky (1246), le prince le plus ancien. Sous le dais, le 3e fils d'Ivan le Terrible, assassiné. Quant à Ivan le Terrible lui-même, il repose derrière l'iconoclaste. Les tsars de la dynastie des Romanov sont enterrés dans la nef. A partir de Pierre le Grand, les tsars furent inhumés à Saint-Petersbourg, sauf Pierre II, que le hasard fit mourir à Moscou en 1730 et qui sera le dernier VIP à être enterré ici. |
|
|
L'église de la Déposition-de-la-Robe-de-la-Vierge*** date quant à elle de 1484. Elle fut conçue par les mêmes architectes que ceux de la cathédrale de l'Annonciation pour commémorer l'abandon du siège de Moscou par les Tatars en 1451, le jour précisément de la fête de la Déposition-de-la-Robe-de-la-Vierge. Elle fut jusqu'au XVIIe siècle, l'église privée du métropolite, avant de devenir celle de la tasarine et de ses filles. Comparée aux autres, elle présente un caractère intime avec ses petites proportions, sa coupole centrale unique et son mignon chevet à triple abside aux arcatures aveugles. En outre, superbe tableau avec la forêt de coupoles de l'église des Terems en fond. |
A l'intérieur, les fresques furent réalisées en 1644 par les artistes qui travaillaient sur celles de la cathédrale de la Dormition, et on leur trouvera sans problème de grandes similitudes. Scènes de l'enfance et de l'adolescence de la Vierge, dont curieusement, il n'est parfois pas fait mention dans le Nouveau Testament. Elles furent tirées, il est vrai, d'une vie de la Vierge écrite par un Grec et qui circulait fort à l'époque.

L'iconoclaste quant à elle fut réalisée spécialement pour l'église et constitue un ensemble homogène de tout premier ordre. L'un des plus célèbres peintres de l'époque, Nazari Istomine, exécuta celles des trois rangées supérieures, plus la Trinité et la Vierge et l'Enfant dans celle de dessous. Sur les piliers, hauts personnages, saints, métrpolites, princes...

A ne pas manquer non plus, une exposition de sculptures religieuses orthodoxes du XIVe au XVIIe siècle. Si la peinture triomphait en général, la sculpture était mal vue car trop proche de la réalité, trop terre-à-terre. Pour les orthodoxes, reflief et spiritualité ne pouvaient cohabiter dans l'art. Ainsi de nombreux calvaires furent-ils détruits. Ainsi peut-on apprécier exceptionnellement le calvaire du monastère de Chudov (XVe siècle).



|