Etape 31 - Tour
de Kyoto - Un monument qui tranche avec l'histoire culturelle de
la ville
Vendredi 5 juillet 2024.
Cette visite de la tour de Kyoto va me permettre d'évoquer
l'histoire de cette ville à nulle autre pareille
dans l'archipel du Japon.

A l'origine, cette ville s'appelait
Yamashiro, du nom d'un ancien royaume dont le nom signifie
"château de la montagne".

Enrichie dans le commerce de la soie,
elle érige en 711 le Fushimi-Inari, l'un des plus
anciens temples shintoïstes avec le Shimogamo, le Yasaka Jinja
ou le Kotyu-ji.

Le bouddhisme arrivera bien après,
grâce aux marchands et émissaires chinois et
coréens.

La région de Kyoto ne fut peuplée
qu'à partir du VIIe siècle par le clan Hata venu de
Corée.

Au cours du VIIIe siècle, voulant
s'éloigner de l'influence du clergé bouddhiste au
sein du gouvernement impérial, l'empereur prit la
décision de déplacer la capitale depuis l'actuelle
Nara vers une région éloignée de cette influence.

Un geste politique habile. Il
choisit d'abord le site de l'actuelle Kyoto, en la nommant Heian-Kyo,
"capitale de la paix".

La nouvelle ville devint le siège
de la cour impériale en 794. Plus tard, la ville
fut rebaptisée Kyoto « la ville capitale ».

Du IXe eu XIIe siècle (794-1192),
une brillante civilisation va s'y développer. L'empereur
y réside, entouré de sa cour, de la noblesse, des
familles de samouraïs et des religieux (shinto et bouddhistes).

Sans oublier les artisants
et les commerçants qui sont le moteur de l'essor économique
de la ville.

Le temple Kiyomizu-dera est
fondé sur un flanc de colline en l'an 778. Le temple
Kitano date de l'an 947.

Stabilité politique, dynamisme
commercial, essor spirituel et moral du peuple : tous les
acteurs du progrès étaient réunis.

Le site de Heian-kyo n'a pas été
choisi au hasard. Protégé des typhons sur
trois côtés par sa ceinture de collines, la nouvelle
capitale se trouve à l'abri des tremblements de terre, qui
frappent plutôt le litoral.

Informé sur ces conditions naturelles
exceptionnelles, l'empereur Kammu demanda consei à
ses experts.

Les astrologues trouvèrent le
site favorable, bien placé par rapport aux points
cardinaux et au feng shui.

Deux rangées de colline l'encadrent
à l'Est et à l'ouest, deux rivières
de montagne sejoignent pour n'en former qu'une qui coule dans la
plaine jusqu'à la mer.

A leur confluent, constituant
le "chi" du "feng shui", ce site béni
des dieux, approuvé par les géomanciens est favorable
en tou point à l'installation du palais impérial et
de sa cour.

Le principe du feng shui est que tout
relève d'une énergie universelle. Une substance subtile,
sans mesure ni limite, compose le cosmos tout entier, circule
dans le monde qui nous entoure, mais aussi dans notre corps et notre
esprit.

Les lieux de vie sont donc choisis
selon ce principe du feng shui.

L'empereur Kammu ordonna alors la
construction de sa nouvelle capitale sur le modèle de Chang'an,
en Chine (aujourd'hui Xi'an), cette puissante capitale
de la dynastie des Tang qui avait déjà inspiré
les urbanistes à Nara.

Organisée autour du palais impérial,
Heian-kyo se divise en quartiers rectangulaires quadrillés
par des rues rectilignes, elles-mêmes coupée par des
rues transversales qui enjambent la rivière Kamo par des
ponts.

Les collines couvrent un secteur privilégié
et y construire serait un sacrilège. C'est une sorte
d'espace sacré habité des dieux et opposé au
monde profane.

L'empereur demanda donc que
le piémont de Kyoto soit réservé aux sanctuaires,
aux temples, aux monastères bouddhistes et, bien
sûr, aux jardins.

Ainsi Kyoto put-elle s'épanouir
en paix dans un berceau de verdure et de bienveillance.

Aujourd'hui encore, malgré les
changements de forme, le caractère de Kyoto n'a pas
bougé.

Les choix faits naguère par
l'empereur Kammu imprègnent toujours le paysage urbain
moderne.




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