Etape 28 - Kyoto
- Les statues dorées du temple Sanjusangen-do
Vendredi 5 juillet 2024.
Après le temple To-ji, je prends la direction du temple
Sanjusangen-do connu pour ses milliers de statues dorées.

Là encore, au contraire de ce
que j'ai pu faire, je ne saurais que trop vous recommander de vous
y rendre tôt le matin afin de bénéficier
d'une bonne lumière pour faire des photos. Mais
bon parfois, on ne choisit pas...

On est frappé par la
taille de ce temple (120 mètres) et son ancienneté
(plus de 800 ans d'âge !).

Fondé en 1164 par le
puissant seigneur de la guerre Taire-no-Kiyomori, incendié
puis reconstruit en 1266, le monument n'a pas beaucoup changé
depuis cette date.

Détruit par un incendie au XIIe
siècle, il fut reconstruit à plus grande échelle
au XIIIe siècle.

C'est lors de cette reconstruction
que fut entreprise la création des mille statues
de Kannon, une entreprise colossale qui mobilisa les meilleurs artisans
de l'époque.

La réalisation de ces statues
s'inscrit dans un contexte historique particulier. Le Japon
du XIIIe siècle était marqué par des tensions
politiques et religieuses.

La construction du Sanjusangen-do et
la création de ces mille Kannon étaient une
manière pour les élites de l'époque d'affirmer
leur pouvoir et de consolider leur légitimité.

Les mille statues de Kannon, toutes
uniques, sont alignées sur des plateformes en bois
de chaque côté d'une allée centrale.

Elles sont réalisées
dans un style sobre et élégant, caractéristique
de la sculpture bouddhique du XIIe siècle.

Les visages des Kannon, aux
expressions sereines et compatissantes, évoquent une infinie
douceur et une grande sagesse.

Chaque statue de Kannon présente
des attributs spécifiques qui renvoient à une légende
ou à une fonction particulière.

Certaines tiennent un vase, d'autres
un livre, et certaines encore sont représentées avec
plusieurs bras.

Les mille Kannon incarnent la compassion
universelle de Bouddha. Elles rappellent aux fidèles
que chaque être vivant est digne d'amour et de respect.

La réalisation de ces mille
statues a nécessité le travail de nombreux
artisans, qui ont mis en commun leur talent et leur savoir-faire.

Ces statues sont alignées sur
33 travées et représentent des déités
bouddhistes, et notamment Kannon, déesse de la Miséricorde.

Près de 124 statues
datent encore du XIIe siècle ! Il s'en dégage
une atmosphère assez mystique.

Aux extrémités de la
galerie, notez les statues remarquables des divinités
du Vent et du Tonnerre.

A noter aussi, Shagara, la divinité
de la Pluie, et l'étonnante histoire de la statue
d'Ashura.

Cette divinité serait l'équivalent
dans le bouddhisme japonais d'Ahura Mazda, divinité
du zoroastrisme en Perse. Quel chemin parcouru de l'Iran jusqu'au
Japon !

Ahura Mazda est entré dans la
religion de l'Inde où il est devenu Ashura, un "anti-dieu"
qui combat les autres divinités.

Il représente en effet les
forces du mal contre le bien et la vertu.

Au-delà de son aspect esthétique,
le Sanjusangen-do est avant tout un lieu de culte. Les pèlerins
viennent y prier Kannon et demander sa protection.

Le temple est également associé
à de nombreuses légendes et histoires, qui ont contribué
à forger sa réputation.

Le célèbre samouraï
Miyamoto Musashi aurait ainsi affronté et tué
un membre du clan Yoshioka dans l'enceinte du temple.

Le Sanjusangen-do est le théâtre
de nombreux rituels bouddhiques tout au long de l'année.
Le plus célèbre d'entre eux est le rite de
l'allumage des mille lanternes, qui se tient chaque année
en janvier.

En janvier a lieu devant le temple
le traditionnel tir de la première flèche
de l'année (Toshiya).

Cette tradition date de l'époque
Edo. Chaque participant doit planter une flèche dans
une cible de 1 m de diamètre, placée à 60 m.

Un exercice rituel destiné
à montrer aux jeunes, gens tout récemment devenus
majeurs, que la vie d'adulte exige patience et maîtrise de
soi.



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