Etape
57 - Shark island Un témoin de la colonisation tragique par
l'Allemagne
Dimanche 16 février
2025. Je profite de cette visite de Shark Island pour évoquer
ce que fut la colonisation allemande de la Namibie.

La colonisation allemande en Namibie,
qui a duré de 1884 à 1915, est un
chapitre complexe et souvent sombre de l’histoire du pays.

Elle commence officiellement en 1884,
lorsque l’Empire allemand déclare un protectorat
sur la région, baptisée « Sud-Ouest africain
» (Deutsch-Südwestafrika).

Cette décision fait suite à
l’acquisition de terres par l’explorateur Adolf Lüderitz,
qui obtient des chefs locaux des concessions côtières
autour de la baie d’Angra Pequena, future Lüderitz.

Les motivations allemandes sont principalement
économiques et stratégiques, visant à
établir des comptoirs commerciaux et à rivaliser avec
les autres puissances coloniales européennes.

Dès le début, la colonisation
se heurte à la résistance des populations
locales, notamment les Herero, les Nama et les Ovambo.

Les colons allemands, soutenus par
des troupes militaires, cherchent à s’approprier
les terres et les ressources, provoquant des tensions croissantes.

Les méthodes utilisées
pour asseoir leur autorité sont souvent brutales, incluant
des expropriations forcées, des travaux obligatoires
et des violences systématiques contre les communautés
autochtones.

La situation dégénère
en conflit ouvert au début du XXe siècle. En
1904, les Herero, dirigés par leur chef Samuel Maharero,
se soulèvent contre l’oppression coloniale.

Leur révolte est suivie par
celle des Nama, menés par Hendrik Witbooi. Les forces allemandes,
dirigées par le général Lothar von Trotha,
répondent avec une extrême violence.

La bataille de Waterberg en
1904 marque un tournant : après une défaite
militaire, les Herero sont contraints de fuir dans le désert
d’Omaheke, où des milliers périssent de soif,
de faim et d’épuisement.

Von Trotha émet ensuite
un ordre d’extermination (Vernichtungsbefehl), visant
explicitement à anéantir les Herero.

Les Nama subissent un sort similaire.
Beaucoup sont déportés dans des camps de concentration,
comme celui de Shark Island, où les conditions de
détention sont inhumaines.

Les prisonniers, soumis au travail
forcé, à la malnutrition et aux maladies, meurent
en grand nombre.

Ces événements, aujourd’hui
reconnus comme le premier génocide du XXe siècle,
ont entraîné la mort de dizaines de milliers de Herero
et de Nama, décimant leurs populations.

Entre 1904 et 1908, on estime
que 65.000 à 85.000 Herero (soit 80 % de leur population)
et environ 10.000 Nama (50 % de leur population) ont péri.

Ces événements, longtemps
ignorés ou minimisés, sont aujourd’hui
reconnus comme un génocide par de nombreux historiens et
par le gouvernement allemand.

Après 1908, la colonie allemande
tente de se reconstruire économiquement, notamment
grâce à l’exploitation des diamants découverts
près de Lüderitz.

Cependant, les tensions sociales et
les séquelles des violences persistent. En 1915,
pendant la Première Guerre mondiale, les troupes sud-africaines,
alliées aux Britanniques, envahissent le Sud-Ouest africain.

Les forces allemandes, affaiblies et
isolées, capitulent rapidement, mettant fin à
trois décennies de domination coloniale.

Cette période, bien que brève,
a laissé des cicatrices profondes en Namibie. Les
terres confisquées, les structures sociales détruites
et les traumatismes historiques continuent d’influencer la
société namibienne.

Ce n’est que récemment
que l’Allemagne a officiellement reconnu ces crimes et engagé
des discussions sur les réparations, ouvrant un dialogue
complexe sur la mémoire, la justice et la réconciliation.








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