Etape
12 - Parc national d'Etosha - Et soudain de la savane surgit le
lion
Dimanche 9 février 2025.
Une petite parenthèse pour parler de ce moment que je n'oublierai
jamais, sans doute l'un des moments les plus forts de tout le voyage
en Namibie : notre rencontre avec le lion. J'en
frissonne encore...

En ce dimanche matin, nous sommes partis
de très bonne heure pour tenter d'aller voir les animaux,
et notamment les fauves. Pour cela, nous avons mis le cap
vers le point d'eau d'Elephantbads où un des guides du parc
nous a indiqué la veille la présence de nombreux lions
qui viennent là le matin se reposer à l'ombre
des acacias.

Du coup, dès les premières
lueurs de l'aube, nous franchissons les portes du campement
d'Okaukuejo pour prendre l direction indiquée.

Et si en chemin nous croiserons
bien la route d'une hyène si reconnaissanble à sa
démarche déguingandée, nous n'apercevrons
aucun lion reposant sous les acacias. La déception.

Nous allons passer tout le reste de
ce début de matinée à tenter de les apercevoir
et à essayer d'entrevoir enfin des éléphants.
Mais là encore, peine perdue. Notre destin semble
écrit à l'avance : nous ne verrons pas d'éléphants
de tout notre voyage, les dés en sont jetés !

Et c'est donc un peu déçus,
malgré la vision de tous les autres animaux sauvages
que nous avons croisés sur notre route, que vers
9 heures, nous décidons de rentrer au camp.

En chemin, nous apercevons au loin
arrêtée au bord de la piste. Un des guides
inspecte l'horizon. Nous n'avons pas à attendre longtemps.

Devant nous soudain traverse
toute une meute de hiènes, sept ou huit au bas mot.
Tout à fait incroyable.

Les fauves traversent la piste puis
flânent un moment au milieu des herbes hautes qui précèdent
le Pan d'Etosha. Mon téléobjectif est aux
anges et je déclenche à qui mieux-mieux pour immortaliser
la scène.

Nous sommes à peine remis de
nos émotions que mon frère qui a l'oeil aussi perçant
qu'un aigle royal nous lane tout d'un coup : "Regarde
! Il y a un lion là-bas !"

Un lion ? J'inspecte à mon tour
la savane environnante et après une bonne trentaine
de secondes, j'aperçois en effet la crinière blonde
d'un lion tapis au milieu des hautes herbes.

Merde alors ! Un lion ! Je n'en crois
pas mes yeux. Je pointe aussitôt mon téléobjectif
dans sa direction pour tenter de capter la scène quand
brusquement je vois le lion se redresser et tourner la tête
vers nous.

"Il se lève ! Il vient
vers nous !" En un éclair, je vois brusquement le fauve
se redresser et marcher d'un pas tranquille et assuré
dans notre direction.

En moins d'une minute, il franchit
les 200 mètres qui nous séparent de lui et s'élance
au milieu de la piste en traversant juste devant le pare-choc de
notre Toyota. Incroyable ! Je n'en crois pas mes yeux !

Le lion contourne la voiture, passe
de l'autre côté de la piste, fait quelques
pas sur la gauche de la route, à quelques mètres seulement
de moi, puis fait aussitôt demi-tour, retraverse la piste
et passe de l'autre côté, permettant à
mon frère de mitrailler la scène à son tour.

Je me dis que le lion retourne là
où nous l'avons trouvé quand brusquement,
il fait encore demi-tour, retraverse encore une fois la route, contourne
de nouveau notre voiture, puis vient se poster juste devant ma portière,
à moins de deux mètres de moi.

Depuis ma place, je peux le photographier
comme j'en ai envie. Le lion est tellement près de
moi que mon téléobjectif ne me sert plus à
grand chose, sinon à faire un gros plan de sa gueule et de
sa crinière blonde.

C'est à ce moment-là
qu'il choisit brusquement de se tourner vers moi et de me
fixer du regard en découvrant ses dents de fauve et en jaugeant
en un éclair la possibilité qu'il a de me sauter à
la gorge.

Je comprends aussitôt le danger
et appuie comme un forcené sur le bouton de fermeture
de la vitre que j'avais par mégarde laissée ouverte.

Mon erreur aurait pu être fatale,
mais la petite hésitation du lion me permet de remonter
la vitre dare-dare et de me protéger de son attaque.
Ouf ! J'ai eu chaud.

Derrière moi, Fanny
a filmé toute la scène et me confirme bien que le
lion était prêt à bondir sur moi !
Je suis tétanisé. A vrai dire, j'ai rarement eu aussi
peur de ma vie.

Je ne suis pas prêt d'oublier
le regard de mort que le lion m'a lancé quand il a vu la
possibilité qu'il avait de sauter à l'intérieur
de la voiture. J'en reste tétanisé.

Et maintenant je comprends qu'en effet,
le lion est bien l'animal le plus dangereux de la savane,
le roi absolu de tous les animaux sauvages, qui n'a dans
le regard absolument aucune pitié, juste l'instinct animal
de sauter sur sa proie.

Du coup, je me tourne vers mon frère
et je lui dis aussitôt : "c'est bon, je crois
qu'on peut rentrer maintenant. J'en ai fini avec les photos ce matin".





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