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Ouzbékistan - Sur la route de la soie - Juin 2022

Etape 35 - Boukhara - La forteresse de l'émir au coucher du soleil

Jeudi 23 juin 2022. Depuis le sommet de la forteresse de l'émir, la panorama sur la vieille ville, sur la place Kalon, sa mosquée et sa medersa est absolument fantastique. Et je pèse mes mots !

Cette colline artificielle d’une vingtaine de mètres de hauteur fut la résidence des seigneurs de Boukhara.

Vingt mètres de hauteur, dont beaucoup sont dus à l’empilement des ruines de palais et de citadelles détruits et reconstruits au même emplacement, au gré des conquêtes et des pillages de la cité.

Les plus anciennes fondations retrouvées sur le site datent de plus de 2 500 ans, mais la partie visible aujourd’hui est du XVIIIe siècle.

Selon la légende rapportée par un historien boukhare du XVIe siècle, le fondateur de Boukhara serait le prince Siyavush-ibn Keivakus.

Le jeune prince, fuyant son père, traversa le Jeihun (Amou Daria) et se réfugia auprès d’Afrosyab, le roi légendaire, fondateur de Samarkand.

Il fut accueilli avec bienveillance et se maria avec la fille d’Afrosyab.

Siyavush construisit une citadelle sur ses nouvelles terres, mais entra en conflit avec son beau-père et celui-ci le fit assassiner quelques années plus tard.

On enterra son corps au pied de son palais, près de la porte est, et longtemps les habitants de Boukhara vénérèrent sa tombe.

Au VIIIe siècle, la cité zoroastrienne fut envahie par les conquérants arabes, la citadelle détruite, et une mosquée y fut élevée en 713, à la place du temple du feu.

Reconstruite par les Samanides, puis par les Karakhanides, elle fut chaque fois détruite successivement par les Kara-Kitaï et les Korezmshah puis, au XIIIe siècle, par les Mongols, qui, fidèles à leur réputation, n’y laissèrent que des cendres.

Au XVIe siècle, les Chaybanides entreprirent la construction d’une citadelle digne de leurs ambitions en élevant une colline artificielle de 800 m de diamètre et de 20 m de hauteur, mais elle ne résista pas aux attaques de Nadir Shah.

Le palais que l’on peut aujourd’hui visiter date des khanats ouzbeks du XVIIIe et du début du XXe siècle.

A cette époque, l’Ark était une ville dans la ville habitée par plus de 3 000 personnes.

L’ensemble comprenait des jardins, des bâtiments administratifs, des étables, des dépôts, le Trésor, l’armurerie, des écuries, des prisons, une mosquée, des mausolées, des échoppes de joailliers et la résidence de l’émir, de ses femmes, des membres de sa famille et des esclaves attachés à leur service.

Il ne reste malheureusement aujourd’hui que 20 % de ces constructions.

En effet, en septembre 1920, l’armée bolchevique, commandée par le général Mikhail Frounze, tira au canon sur la citadelle. Un incendie se déclara, alors que l’émir Alim Khan s’enfuyait.

On suppose qu’il pourrait l’avoir lui-même déclenché avant de prendre la fuite.

La visite commence par la porte ouest construite en 1740 par Nadir Shah.

La porte monumentale est flanquée de deux tourelles.

Quand Armin Vambery séjourna à Boukhara en 1863, il qualifia l’Ark de « repaire de la tyrannie » et frémit à la pensée des Occidentaux qui y étaient alors enfermés.

La porte était entourée de quatorze canons de bronze ouvragé, trophée de la campagne victorieuse de l’émir contre le khanat de Kokand.

Elle était aussi ornée d’une horloge – disparue – à l’histoire peu banale. Giovanni Orlandi, l’horloger italien qui l’avait fabriquée, avait été kidnappé par des marchands d’esclaves à Orenbourg, au milieu du XIXe siècle.

L’Italien sauva sa tête en promettant à l’émir de lui construire une machine à mesurer le temps.

L’émir était capricieux et ne se lassait pas des merveilles de la technologie européenne, mais l’horloger était croyant, obstiné, aimait le vin et refusait de se convertir à l’islam, ce qui lui fut fatal. Il fut le dernier Européen à avoir la tête coupée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 
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