Etape 21 - Mosquée
Bibi-Khanym - Le chef-d'oeuvre de Tamerlan
Mercredi 22 juin 2022.
Devant la grande porte principale de la mosquée,
inondée d'une intense lumière blonde distillée
par les rayons obliques du soleil, je reste subjugué par
tant de beauté.

Et je me félicite encore
d'avoir non seulement attendu la bonne heure pour photographier
ce bijou d'architecture, mais aussi d'avoir pensé à
en faire le tour.

Derrière moi, mon frère
et Nataliia restent eux aussi bouche bée. La mosquée
Bibi-Khanym est bien le chef-d'oeuvre d'architecture annoncée,
le bijou de Samarcande.

Allez... Passé ce moment de
contemplation naïve, je reprends le cours de mon histoire
de Tamerlan, le fondateur de la dynastie des Timorides.

En 1403, Tamerlan dévasta la
Géorgie, détruisant 700 bourgs, massacrant
les populations et abattant toutes les églises de Tiflis.

En décembre 1404, Tamerlan
entreprit une expédition militaire contre la Chine, mais
le vieux guerrier fut attaqué par la fièvre et la
peste quand il campa sur la rive la plus éloignée
du Sihon (Syr-Daria) et mourut à Atrar (Otrar) à la
mi-février 1405.

Markham, dans son introduction aux
récits de l'ambassade de Clavijo, raconte que son
corps « fut embaumé à l'aide de musc et d'eau
de rose, entouré dans du linge, couché dans un cercueil
d'ébène et envoyé à Samarcande où
il fut enterré ». Il repose au Gour Emir.

Conquérant, qui transporta ses
armées victorieuses, d'un côté de l'Irtych
et de la Volga jusqu'au golfe Persique et de l'autre côté
de l'Hellespont (donc des Dardanelles à l'Est de l'Asie mineure)
jusqu'au Gange, Tamerlan fut d'une dureté extrême.

Il représente la synthèse
- qui manquait sans doute à l'histoire - de la barbarie
mongole et du fanatisme musulman, et cette étape supérieure
du besoin ancestral de meurtre qu'est le meurtre perpétré
au service d'une idéologie abstraite, par devoir et mission
sacrée.

Selon Gabriel Martinez-Gros, «
son souci est d'éviter la naissance de formes impériales
rivales » et pour cela il pratique « une sorte d'extermination
préventive » dans les territoires qu'il juge non-tenables.

Son immense empire ne lui survit guère.
En effet, il ne se soucia jamais d'efficacité politique dans
les territoires qu'il conquit et ne créa jamais d'administration.

Son fils aîné Djahangir
(en) mourut en 1376, son second fils Omar Cheikh Ier est
mort en 1394.

Tamerlan désigna son
petit-fils Pir Muhammad, fils de Djahangir, comme successeur.

Il avait prévu d'attribuer
à chacun de ses descendants un fief sous l'autorité
suprême de Pir Muhammad, mais cela aboutit à un morcellement
de l'empire...

Pir Muhammad, fils de Djahangir,
premier fils de Tamerlan, gouverne l’Afghanistan oriental
(Balkh, Kaboul et Kandahar).

Les fils d’Omar Cheikh Ier, second
fils de Tamerlan, règnent sur le Fars (Chiraz) et l'Irak
`Adjémî (Hamadhan et Ispahan).

Miran Shah, le troisième fils
de Tamerlan, règne sur le Moghan, l’Azerbaïdjan
(Tauris) et l’Irak `Arabî (Bagdad). Celui-ci ayant quelques
troubles mentaux était sous la tutelle de son fils 'Omar-mîrzâ.

Shahrokh, le quatrième
fils de Tamerlan, reçoit le Khorasan (Hérat).

Tamerlan est connu comme un protecteur
des arts. La plus grande partie de l'architecture qu'il
a commissionnée est encore visible à Samarcande.

Selon la légende, Omar
Aqta, le calligraphe de la cour de Tamerlan, transcrivit le coran
avec des lettres si petites que le texte entier du livre tenait
sur un sceau.

Il est également dit qu'Omar
avait créé un Coran tellement grand qu'une
brouette était nécessaire pour le transporter.

Des feuilles de ce qui était
probablement ce grand Coran ont été trouvées,
écrites avec des lettres d'or sur des pages énormes.

Tamerlan eut 18 épouses
et de nombreuses concubines.

Les fils de Tamerlan sont Djahangir
(mort en 1376), Omar Cheikh Ier (mort en 1394), Miran Shah (devenu
fou, mort en 1408) et Shahrokh. Trois autres fils sont morts en
bas âge.

Le corps de Tamerlan a été
exhumé en 1941 par le médecin légiste
russe Mikhaïl Guerassimov. Le scientifique trouva que les caractéristiques
faciales de Tamerlan étaient conformes à des traits
mongols, appuyant l'idée qu'il était un descendant
de Gengis Khan.

Guerassimov a été capable
de reconstituer l'apparence de Tamerlan à partir
de son crâne. Il mesurait 1,72 mètre, ce qui est grand
pour son époque. L'étude a également confirmé
qu'il boitait.

Selon la légende, une
malédiction pèse sur le tombeau de Tamerlan ; une
inscription gravée avertit « Lorsque je reviendrai
à la lumière du jour, le monde tremblera ».

Il se trouve que la nuit du
22 juin 1941 où Guerassimov exhuma le corps de Tamerlan,
Hitler lança l'opération Barbarossa contre l'URSS.

Mikhail Guerassimov est ainsi considéré
par plusieurs habitants des États d'Asie centrale de l'URSS
comme étant le responsable du déclenchement de la
Grande Guerre patriotique pour avoir ouvert le tombeau du chef mongol,
cependant les proches de Guerassimov prétendent que cette
histoire est une fabrication.

Le corps de Tamerlan a été
à nouveau déposé dans sa tombe au Gour
Emir, en suivant les rites islamiques, en novembre 1942, juste avant
la victoire soviétique à la bataille de Stalingrad.

Au cœur de Tachkent, le
musée d'État sur l'histoire des Timourides (appelé
couramment musée Amir Temur) a été inauguré
en 1996 à l'occasion du 660e anniversaire de la naissance
de Tamerlan.

Le musée, établi dans
un nouveau bâtiment de style architectural ouzbèke,
présente une collection permanente de 1 700 pièces,
bijoux, armes, équipement militaires, instruments musicaux
ainsi que des effets personnels de Tamerlan, de Babur et d'Ulugh
Beg.



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