Etape 18 - Mosquée
Bibi-Khanym - Un monument hors du commun
Mercredi 22 juin 2022.
La mosquée Bibi-Khanym est tout simplement hors du temps,
un édifice hors du commun qui dépasse l'entendement,
absolument divine avec sa façades en céramiques émaillées
et son extraordinaire coupole bleue.

Devant un monument si beau, on reste
interloqué. En regardant vers ma droite, je vois mon
frère songeur, un peu abasourdi par cet édifice et
tous ceux qu'il vient de visiter depuis notre arrivée en
Ouzbékistan. Je crois qu'il ne se doutait pas de tant de
beautés...

A sa construction, le complexe
comprenait quatre galeries pavées de marbre.

Ces quatre galeries étaient
couvertes de 400 coupoles et soutenues par 400 colonnes
de marbre qui entouraient une immense cour intérieure de
130 m sur 102 m.

Deux minarets de 50 m de haut
se dressaient de chaque côté du portail d’entrée,
haut de 35 m, ainsi que du portail de la grande salle de prière
atteignant 40 m.

Quatre autres minarets se trouvaient
à chaque angle extérieur de la cour.

Au nord et au sud, deux mosquées
plus petites, chacune ornée d’un dôme
posé sur un tambour cylindrique luxueusement décoré,
regardaient vers le centre de la cour où reposait, sur un
lutrin de marbre, le Coran d’Osman.

Il s'agissait du deuxième
plus grand Coran de l’Islam, datant du VIIe siècle,
que Tamerlan rapporta de Damas.

On dit que les sourates y étaient
écrites en caractères tellement gros que les imams
pouvaient les lire depuis le haut de la colonnade.

On raconte aussi qu’à
peine terminée, la mosquée commençait
déjà à se dégrader. La précipitation
des architectes y était sans doute pour quelque chose et
les tremblements de terre, dont un eut son épicentre au centre
même de la mosquée, firent le reste.

Armin Vambery, le faux derviche
qui parvint à visiter Samarkand en 1863, décrit un
monument fort abîmé et qui servait de garage aux carrioles.

Dix ans plus tard, Eugène
Schuyller se rendit lui aussi à Samarkand et décrivit
la cour de la mosquée, transformée en marché
au coton : le grand lutrin en marbre sur lequel on posait le Coran
Osman était toujours là.

Il rapporta également la
croyance populaire qui voulait que, pour soigner les maux de dos,
il fallait ramper entre les neuf piliers courts et épais
qui soutenaient le lutrin.

Une autre superstition voulait que
les femmes stériles viennent s’y glisser le matin à
jeun afin de pouvoir procréer.

Aujourd’hui encore, on
peut voir des femmes ramper entre ces piliers…

Les restaurateurs ont travaillé
pendant plus de quarante ans à la reconstruction de la mosquée
pour lui redonner progressivement ses formes originelles.

Les trois dômes sont réapparus,
mais ceux des mosquées nord et sud perdent déjà
leurs décorations de céramique bleue.

Voilà de quoi faire réfléchir
mon frère qui prend un peu de temps pour admirer l'ensemble.

La mosquée commença très
tôt à se détériorer, tant du
fait des difficultés à maîtriser des techniques
architecturales alors avant-gardistes que des tremblements de terre,
fréquents dans la région.

Ainsi, le séisme de 1897 endommagea
durablement la mosquée qui fut partiellement relevée
par le gouvernement soviétique en 1974.

Plusieurs campagnes de restauration
ont été menées depuis lors afin de préserver
au mieux le sanctuaire.

La mosquée fut célébrée
de tous temps par écrivains, poètes et artistes. L'historien
de la cour, Cherefeddin Ali Yazdi, la décrivit en ces termes
: « Sa coupole serait unique si le ciel n'était
pas sa réplique, il en serait de même pour son arc
si la Voie lactée n'était pas son fidèle reflet
».

De fait, elle est considérée
comme l'un des monuments emblématiques d'Asie centrale.

Sa façade intègre un
iwan monumental atteignant à lui seul une hauteur de 35 mètres
de haut, entièrement orné de carreaux de céramique
formant des motifs géométriques variés, ainsi
que des versets coraniques.

La mosquée est couronnée
d'une coupole surhaussée couverte de céramique turquoise.

Bref... De quoi nous rendre
tous admiratifs et songeurs.



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