Etape
16 - Tipasa - Une des cités antiques les mieux conservées
d'Afrique du Nord
Dimanche 27 octobre 2024.
Bien qu’elle ait été entourée d’une
enceinte de protection, cela n’a pas empêché
sa destruction en l’an 430 par les Vandales menés par
Genséric.

À la fin du Ve siècle,
sous Hunéric, les chrétiens sont persécutés
et fuient par mer vers l'Espagne.

En 534, les Byzantins reprennent
l'Afrique, Tipasa a dû retrouver une certaine paix
et prospérité comme en témoignent certains
travaux d'agrandissement, de remplois ou de réadaptations.

Au-delà du VIe siècle,
la vie continue dans la précarité et le provisoire
et Tipasa finit par subir le sort de toutes les cités
abandonnées, livrée aux alluvions des oueds et à
l'ensevelissement des dunes.

Les premières fouilles
ont lieu seulement au XIXe siècle. Stéphane
Gsell publie une monographie en 1894.

Puis Jean Baradez en 1946 introduit
des méthodes de travail modernes et scientifiques
et constitue les premières collections du musée.

À l'inverse de Timgad et Djemila
dont les ruines apparaissent compactes et facilement lisibles, Tipasa
offre un site éclaté. Ceci est dû au fait que
tout n'a pas été dégagé et qu'une bonne
partie de la ville est encore sous les sédiments.

Ainsi les restes des grands thermes,
en bordure de la rue qui relie le musée au parc archéologique,
ont leur base est à quatre mètres au-dessous
du niveau du sol d'aujourd'hui.

En l'état actuel, les ruines
se présentent en deux grandes masses. La première,
située en dehors des murs, à l'entrée de la
ville actuelle, à droite de la route qui vient d'Alger, correspond
à une grande nécropole avec la basilique funéraire
de Sainte Salsa.

La seconde est le parc archéologique,
à la sortie ouest de la ville moderne, qui regroupe la majorité
des monuments mis au jour.

L'ancienne ville de Tipasa délimitée
par son enceinte est située entre deux collines,
l'une à l'ouest dite Ras el Knissa et l'autre à l'est
dite Koudiat Zarzour.

Sur la colline occidentale comme sur
la colline orientale, se développent de vastes nécropoles
chrétiennes.

La colline orientale est appelée
la colline de sainte Salsa. Cette colline représente
un immense cimetière où "les sarcophages se serrent
autour de l'église comme brebis autour du bon pasteur".

L'édification de la nécropole
débute à l'époque païenne, ce dont attestent
des tombes d'époques antérieures dont l'une
des plus représentatives est le caveau punique débité
dans la falaise qui a depuis basculé dans la mer,
ainsi que d'autres tombes païennes reconnaissables par leur
forme en cupule semi-circulaires et des columbariums qui sont des
édifices sépulcraux destinés à recevoir
des urnes cinéraires.

Adossée et s'ouvrant sur les
remparts, les vestiges d'une petite basilique datant de
la fin du Ve siècle où le culte était rendu
aux martyrs Pierre et Paul attesté par une plaque
de marbre actuellement conservée au patio du musée
sur laquelle on lit "aux bienheureux Pierre et Paul ..."

Les fouilles à l'intérieur
de la basilique ont révélé deux sarcophages
anonymes ainsi que des lampes ornées de symboles de résurrection
(paons, Jonas sortant du ventre de la baleine), du chrisme et de
saint Pierre terrassant Satan.

Autour des murs de la basilique, de
nombreux sarcophages se côtoient particulièrement le
long du mur sud où on retrouve 14 autres sarcophages délimités
par un enclos; l'ensemble représente vraisemblablement
un martyrium.

La basilique Sainte-Salsa est
située à environ 300 mètres en dehors des remparts
au sommet de la colline.

Il est très probable qu'initialement
à cet endroit une petite chapelle a été
édifiée au milieu d’une nécropole païenne
pour abriter le tombeau de la sainte, dans le lieu de sépulture
familial, cette chapelle a été agrandie progressivement
pour se transformer en église.

La basilique Sainte-Salsa
était initialement de forme carrée de 15 mètres
de côté; l’entrée selon l’usage
s’ouvre vers l’orient tandis que l’abside a une
orientation occidentale, les murs de l’église étaient
bâtis en pierre de taille.

À l’intérieur l’église
est formée d’une nef centrale de 7 mètres
50 de large délimitée par deux rangées de piliers
surmontés d’archivoltes et deux bas-côtés
larges de 2,5 mètres chacun.

Au centre de cette basilique, une
tombe bien conservée à cause de sa valeur religieuse
pour la communauté tipasienne, surmontée
par un cippe de forme semi cylindrique, présente une épitaphe
qui nous apprend qu’elle appartenait à Fabia Salsa,
une matrone très probablement ancêtre païenne
de sainte Salsa.

Au Ve siècle, toute la nef centrale
excepté le tombeau de Fabia Salsa était occupée
par une mosaïque ornementale; du côté
de l’abside un cadre entoure une inscription commémorative
dédiée à Potenti, très probablement
un évêque du milieu du Ve siècle.

Dans la première moitié
du VIe siècle, l’église a subi d’importantes
modifications; elle a été agrandie pour atteindre
30 mètres de long, les bas-côtés collatéraux
ont été surmontés de tribunes dont les escaliers
existent encore de part et d’autre de l’entrée.

Au nord, une petite porte ouverte dans
le mur mène à une area martyrum (cimetière
des martyrs) qui descend en pente vers la falaise.

Une chambre quadrangulaire renferme
une table à agapes ("mensa"). Au sud,
l'église est flanquée d'un enclos funéraire
plus somptueux et d'une pièce "des combattants".



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