Etape 43 - Sur
le pont de Galata - Sublime coucher de soleil sur la Corne d'Or
Samedi 1er avril 2023.
Le pape Nicolas V lance un appel à la croisade dès
le mois de septembre 1453 alors que Frédéric III du
Saint-Empire a annoncé la tenue d'une Diète d'Empire
à Ratisbonne devant décider du lancement d'une croisade.

Toutefois, c'est un échec
tout comme la Diète de Francfort en septembre 1454
dont la promesse de l'envoi de 10 000 cavaliers et 30 000 fantassins
reste lettre morte.

Comme avant l'année 1453, les
souverains occidentaux ont des problèmes plus urgents
ou manquent de moyens pour intervenir. Frédéric III
ne dispose pas d'assez de pouvoir sur ses différents vassaux
pour espérer entreprendre une action efficace.

Charles VII de France doit veiller
à la reconstruction de son pays tandis qu'Henri VI d'Angleterre
sombre dans la folie et que son royaume bascule dans la guerre des
Deux-Roses.

Ladislas de Hongrie, qui doit faire
face à l'influence de Jean Hunyadi, n'a pas les moyens d'inquiéter
les Turcs tandis qu'Alphonse V s'enferme dans une stratégie
défensive.

Enfin, le duc Philippe de Bourgogne
promet d'intervenir (vœu du faisan) mais cette promesse
reste sans acte.

Calixte III, le successeur de Nicolas,
publie la bulle Ad summi apostolatus apicem le 15 mai 1455 qui
proclame la levée des dîmes pour financer une expédition
devant partir le 1er mars 1456.

En juin 1456, le pape parvient à
envoyer une flotte prendre les îles de Lemnos, Thasos et Samothrace
mais aucun prince chrétien n'est en mesure de défendre
ces conquêtes qui retombent vite sous la coupe ottomane.

Plus les années passent et plus
l'idée d'une intervention occidentale s'estompe. Le
projet de croisade de Pie II disparaît avec sa mort en 1464
malgré l'apparente motivation de Philippe de Bourgogne à
respecter son engagement.

Charles le Téméraire,
le successeur de ce dernier, tente de reprendre le projet de croisade
bourguignon et signe une alliance avec Ferdinand II d'Aragon, dit
"Ferdinand le Catholique" en 1471 mais les nécessités
de la lutte contre Louis XI de France le contraignent à abandonner
ce projet.

Partout en Occident, on s'accommode
de la domination ottomane. Cela est dû à l'inimitié
profonde qui existe entre l'ancienne Constantinople des Grecs schismatiques
et l'Occident chrétien.

Pour certains, les Grecs reçoivent
le châtiment qu'ils méritent après avoir pillé
Troie, les Ottomans étant une forme de réincarnation
des Troyens.

En outre, la papauté,
profondément affaiblie par le Grand Schisme d'Occident,
n'a plus la même influence sur les royautés occidentales
qu'au temps des croisades.

Bientôt, la nécessité
l'emporte et les États chrétiens se rendent
compte qu'ils ne peuvent se passer d'un partenaire commercial comme
les Ottomans.

Au final, il ne faut pas plus de quelques
années pour voir l'idée d'un Empire byzantin
disparaître définitivement.

Cet état de fait est confirmé
en 1536 par l'alliance entre le roi de France François
Ier et Soliman le Magnifique quatre-vingt-trois ans après
la chute de Constantinople.

En Europe, seule la Russie tente d'assurer
l'héritage byzantin. Dernier pays orthodoxe à
ne pas subir la domination ottomane, la Russie se considère
comme l'héritière directe de l'Empire romain et le
seul empire chrétien digne de ce nom.

« Constantinople est tombée
pour avoir trahi la Vraie Foi. Mais la Foi orthodoxe vit encore,
c'est celle des Sept conciles, telle que Constantinople l'a transmise
au grand prince Vladimir. Il n'existe plus qu'une seule Église
orthodoxe au monde, l'Église de Russie ». Le
métropolite de Moscou écrit ce texte en 1458 et condamne
l'Union signée au concile de Florence.

Dès lors, Moscou devient la
« Troisième Rome » par la volonté de Dieu
tandis que le tsar Ivan III épouse Zoé, l'une des
dernières représentantes de la famille Paléologue.

Cette union permet à Ivan III
de récupérer l'aigle à deux têtes
du blason impérial et de s'attribuer de facto le titre de
successeur de l'Empire byzantin.

Avec l'année 1492 et la découverte
de l'Amérique, l'année 1453 est souvent perçue
comme l'une des dates clés faisant basculer le monde du Moyen
Âge vers la Renaissance et l'Époque moderne.

Plusieurs raisons justifient une telle
vision. Tout d'abord, la chute de Constantinople signifie
la fin de l'Empire byzantin dont l'essence est fondamentalement
médiévale, du moins à partir d'Héraclius.

En tant qu'héritier de la Rome
antique voire de la Grèce antique, l'empire possède
de vastes bibliothèques dans lesquelles sont préservés
de multiples écrits de savants et érudits gréco-romains.

Ainsi, Constantinople apparaît
comme la passerelle directe entre l'Antiquité et la Renaissance
caractérisée par le retour en grâce des anciens
textes.

Dès le XIXe siècle se
propage l’idée que la chute de Constantinople
est à l’origine directe de la Renaissance. En effet,
de nombreux savants grecs décident de s’exiler en Italie,
apportant leurs savoirs et leurs manuscrits avec eux.



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