Etape 26 - Sainte-Sophie
- Une basilique qui a su défier le temps et les éléments
Samedi 1er avril 2023.
De nombreuses légendes sont attachées à la
basilique Sainte-Sophie. On prétendit ainsi que Justinien
avait reçu d'un ange le plan de l'édifice et l'argent
de la construction...

Une aide d'autant plus précieuse
que les matériaux les plus riches furent employés
: colonnes en granit rouge d'Egypte, plaques d'argent et
d'or, ivoires d'Ephèse, de Baalbek et de Delphes, marbre
vert d'Eubée, marbre rouge de Synada, etc.

On comprend que devant la splendeur
des lieux, Justinien ait déclaré lors de l'inauguration
du sanctuaire : "Ô Salomon, je t'ai dépassé
!"

Non loin, il installa une statue de
bronze représentant le roi Salomon en train d'admirer
Sainte-Sophie, qui avait effectivement dépassé son
temple en grandeur et en beauté.

Le 29 mai 1453, quelques heures à
peine après la prise de Constantinople, le sultan Mehmet
II effectuait la première prière qui transformait
la basilique en mosquée.

Les sultans firent de nombreuses
donations pour enrichir le sanctuaire.

On fit ainsi suspendre un immense lustre
à la coupole, les mosaïques byzantines furent
recouvertes d'un badigeon, des médaillons de 7,50 m de diamètre
portant les noms d'Allah, de Mahomet et des quatre premiers califes
furent accrochés aux murs.

Et comme si cela ne suffisait pas,
on y peignit des versets du Coran autour de la coupole,
et la loge du sultan fut installée à gauche de l'abside.

Enfin, un croissant remplaça
le crucifix géant, et un mihrab, la chaire qui avait coûté
tant d'argent...

Beaucoup d'aménagements pour
rien. Aux yeux de nombreux Chrétiens, et aux yeux
des historiens en herbe comme moi, Sainte-Sophie reste Sainte-Sophie,
une basilique chrétienne construite avant même la naissance
de Mahomet et la fondation de la religion musulmane.

Joli subterfuge politique.
On pourra même y décréter que Sainte Sophie
est le coeur de la Turquie musulmane comme Erdogan se plaît
à le dire, Sainte Sophie reste une église chrétienne.
Jusqu'à temps qu'un tremblement de terre la mette par terre.

Du coup, Ayasofya resta une
mosquée jusqu'à ce que la raison l'emporte enfin,
quand en 1934, Atatürk décréta sa transformation
en musée.

Une décision très symbolique
pour la jeune république turque, moderne, laïque,
et en rupture avec le passé impérial ottoman et islamique.

Mais c'était sans compter sur
les vélléités politiques du président
Erdogan, qui, confronté à une crise économique
majeure et en fiddiculté dans l'opinion, a rendu ce joyau
de Constantinople au culte musulman en juillet 2020.

Dans la foulée de cette transformation
de Sainte-Sophie en mosquée, on décida de
la fermeture des tribunes de la basilique...

Et pour cause, c'est ici que
l'empreinte la plus chrétienne de la basilique est la plus
visible avec les mosaïques de la Vierge, de Saint-Jean Baptiste
le jour du Jugement dernier...

Bref, une stupidité sans nom
voulu par le sultan Erdogan qui par cet acte, foule du pied,
mille ans d'histoire de la basilique qui fut élevée
au temps où l'Islam n'existait pas. Un petit détail,
mais l'histoire est tétue.

Par chance, j'ai pu voir les chef-d'oeuvres
des tribunes, ainsi que le portrait de la Vierge au sommet
de la coupole, du temps où Sainte-Sophie n'était encore
qu'un musée national. Une beauté inouïe qui est
aujourd'hui cachée au monde, par la simple volonté
d'un idiot inculte de passage sur terre.

Voilà pour la parenthèse
politique que je voulais exprimer par ces quelques lignes.
Retournons maintenant à la description de la basilique.

Quant à ceux qui souhaiteraient
voir les photos des mosaïques désormais cachées
aux yeux du public par cet idiot d'Erdogan, il vous suffira d'aller
dans la rubrique consacrée à mon précédent
passage à Istanbul, en 2013.








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