Etape 21 - Traversons
Istanbul pour admirer les anciens remparts de Constantinople
Vendredi 31 mars 2023.
Comme nous ne pouvons pas visiter de bon matin la basilique Sainte-Sophie,
nous changeons nos plans et, aguichés par les magnifiques
murailles entraperçues aux portes du palais de Topkapi, nous
filons droit vers les remaprts de Constantinople.

Pour s'y rendre, rien de plus simple,
nous grimpons de nouveau à bord du tramway, ligne
T1 et nous décidons de stopper un arrêt plus loin derrière
les anciens remparts, là où se dresse désormais
un musée inauguré en grande pompe par Erdogan pour
célébrer la chute de Constantinople et la conquête
turque de la capitale de l'empire byzantin.

De là, il ne nous reste qu'à
marcher une dizaine de minutes, à traverser un parc
et à une ligne de chemin de fer pour accéder directement
aux murailles qui se dressent encore fièrement au-dessus
d'Istanbul.

Nul besoin d'arpenter des kilomètres
de remparts (toute à fait inutile car il nous faudrait
sans doute plus de trois jours pour le faire !), nous nous contenterons
d'un petit kilomètres pour admirer l'incroyable système
défensif imaginé par Constantin et tous ses successeurs
sur le trône d'empereur de l'empire romain oriental.

Car fièrement dressées
au-dessus de la ville turque, ces murailles rappellent au
monde musulman que depuis ces hautes tours, ce sont encore plus
de mille ans de domination byzantine qui surplombe les quelque 500
ans de conquête turque.

Les murs restent en grande partie intacts
durant la majeure partie de l'ère ottomane avant
que des sections ne commencent à être démantelées
durant le XIXe siècle, au moment où la cité
commence à croître au-delà de ses limites médiévales.

En dépit du manque d'entretien
qui s'ensuit, la plus grande partie des murs survivent et
sont encore debout aujourd'hui.

Un programme de restauration
de grande envergure est entamé dans les années 1980,
ce qui permet aux touristes d'apprécier leur apparence originelle.

Quand Constantin le Grand transféra
la capitale de l'Empire romain à Byzance, il la refonda
sous le nom de Constantinopolis (« la ville de Constantin
»), et étendit considérablement la nouvelle
ville par la construction d'un mur d'environ 2,8 km à l'ouest
de la précédente muraille sévérienne.

L'apport de Constantin consistait en
une seule ligne de murailles, renforcée de tours
à distance régulière, dont la construction
commença en 324 et fut achevée par son fils Constance
II.

Le cours approximatif de la muraille
constantinienne est connu : elle commençait à
la Corne d'Or, près du pont Atatürk moderne, courait
au sud-ouest, puis obliquait vers le sud, passant à l'est
des grandes citernes ouvertes de Mocius et d'Aspar, pour aboutir
sur la côte de la Propontide (mer de Marmara), quelque part
entre les futures portes de la mer de Saint-Émilien et Psamathos.

Mais dès le début du
Ve siècle, Constantinople s'était étendue
hors du mur de Constantin, dans la zone extra muros connue sous
le nom d'Exokionion.

Le mur de Constantin survécut
pendant une grande partie de la période byzantine,
même s'il fut remplacé par les murailles de Théodose
en tant que première ligne de défense de la ville.

Il était encore debout quand
Justinien monta sur le trône, puis disparut peu à
peu au cours des siècles. Des traces du mur ont survécu
dans la région de la Porte Isakapi jusqu'au début
du XIXe siècle.

Le triple mur théodosien, situé
deux kilomètres à l'ouest de l'ancienne enceinte de
Constantin, est érigé durant le règne de l'empereur
Théodose II dont il tire son nom.

La construction est menée en
deux phases. La première partie de la muraille est
construite durant la minorité de Théodose, sous la
direction d'Anthémius, préfet du prétoire d'Orient.
Cette première phase se termine en 413 selon une loi du Code
de Théodose.

Toutefois, une inscription découverte
en 1993 mentionne que la construction dure neuf ans, ce qui implique
qu'elle est entamée dès 404-405, lors du règne
de l'empereur Arcadius. Cette première phase consiste
en la construction d'une simple courtine dotée de tours qui
forme aujourd'hui le mur intérieur des remparts théodosiens.

Le 7 novembre 447, un séisme
de forte puissance détruisit une grande partie du
mur, dont 57 tours. D'autres tremblements de terre, dont un autre
majeur en janvier 448, aggravèrent les dommages.

Théodose II ordonna au préfet
urbain Constantin de superviser les réparations,
d'autant plus urgentes que la ville était menacée
par la présence d'Attila le Hun dans les Balkans.

Pour accomplir ce travail, il eut recours
aux Dêmoi (les « factions du Cirque ») : les murs
furent alors restaurés en un temps record de 60 jours, à
en croire les chroniqueurs byzantins. Les chroniques suggèrent
également que c'est à ce moment que furent ajoutés
les murs extérieurs, ainsi qu'un vaste fossé extérieur,
mais ce point est sujet à caution.

Tout au long de leur histoire, les
murs eurent à subir les dommages de nombreux autres
séismes, suivis de réparations à maintes reprises,
comme en témoignent les inscriptions à la gloire des
Empereurs ou de leurs exécutants.

Après la conquête latine
de 1204, les murs se délabrent progressivement. Après
la reprise de Constantinople par les Byzantins en 1261, les ressources
de l'Empire sont insuffisantes pour les maintenir en bon état,
sauf en cas de menace immédiate.


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