Etape 42 - Sur
le pont de Galata - Un trait d'union entre l'Orient et l'Occident
Samedi 1er avril 2023.
Ce processus de destruction des forces chrétiennes tentant
de s'opposer à l'avancée ottomane en Europe (et dans
une moindre mesure en Asie Mineure) se poursuit tout au
long du règne de Mehmed II et de ses successeurs.

Partout dans les Balkans, les derniers
bastions de résistance chrétiens cèdent. Skanderbeg,
le chef albanais périt en 1468 et avec lui la résistance
de son peuple contre les Ottomans.

De même, la principauté
de Valachie dirigée par Vlad Dracula est obligée,
à la mort de ce dernier en 1476, de se reconnaître
vassale du Sultan.

L'Empire ottoman acquiert dès
lors le statut de grande puissance dont l'influence devient
indépassable en Europe.

La chute de Constantinople a un rôle
dans l'évolution du statut de l'Empire ottoman. Le
déclin de l'Empire byzantin a privé la chrétienté
occidentale de son rempart traditionnel contre la progression musulmane
(échec des deux sièges arabes de Constantinople).

La chute de Constantinople fait
prendre conscience aux États occidentaux de l'intensité
de la menace ottomane.

Dans le même temps, l'Empire
ottoman tente de reprendre l'héritage de l'Empire byzantin.
C'est dans cette optique que Mehmed fait de Constantinople
sa capitale dès le mois de juin 1453.

En tant qu'héritier des empereurs
byzantins, Mehmed II décide rapidement de nommer
un nouveau patriarche qui doit devenir le nouveau chef de la communauté
chrétienne orthodoxe de l'Empire ottoman.

Il prend parti pour Georges
Scholarios, le chef du parti anti-unioniste à Constantinople
et ce dernier est nommé par un synode dès
les premières semaines suivant la prise de la ville.

En janvier 1454, Scholarios
est intronisé par Mehmed II, qui reprend le rôle
de l'empereur byzantin dans la cérémonie.

Les sources témoignent globalement
de son souci de rendre à l'antique cité son lustre
impérial, en la repeuplant d'habitants issus des diverses
nationalités de l'Empire ottoman.

En définitive, la communauté
grecque est soumise globalement au même statut que les autres
communautés chrétiennes de l'Empire, l'Église
orthodoxe ayant par exemple pour fonction de rendre la justice dans
la majorité des affaires opposant des chrétiens.

Il ne faut que quelques semaines
avant que la chrétienté ne soit mise au courant de
la chute de Constantinople.

Trois navires ayant fui la cité
arrivent à Candie, en Crète, le 9 juin.
La nouvelle frappe de stupeur les habitants de l'île.

Les colonies vénitiennes de
Chalcis et de Modon sont aussi informées rapidement
de la prise de la ville et envoient des messagers qui arrivent à
Venise le 29 juin.

De là, l'information arrive
à Rome le 4 juillet avant d'atteindre Naples et le roi d'Aragon
Alphonse V, puis l'ensemble de l'Europe.

Partout, c'est la stupeur qui prédomine.
L'ensemble des États occidentaux pensaient que les fortifications
de la ville étaient suffisamment solides pour tenir un siège,
au moins avant l'arrivée de renforts.

En fait, la plupart des souverains
sont trop occupés par leurs propres problèmes pour
accorder une véritable attention à l'Empire byzantin.

Venise qui possède de nombreux
intérêts en mer Égée conseille
la prudence à ses différentes colonies tandis que
la flotte de Loredan doit emmener un ambassadeur auprès de
Mehmed et continuer à y patrouiller pour prévenir
toute offensive ottomane.

Ce diplomate doit obtenir le
renouvellement du traité de 1451 ainsi que la permission
de rétablir la mission commerciale vénitienne à
Constantinople.

Gênes se trouve dans une situation
encore plus inconfortable car elle est mobilisée
dans des guerres à l'ouest qui l'empêchent d'envoyer
des secours à ses différentes places orientales dont
la ville de Péra. Le gouverneur de celle-ci tente
d'amadouer le sultan qui accorde divers privilèges à
la ville.

Toutefois, Mehmed vient à Péra
dès le 3 juin et ordonne le désarmement de
la cité. Dès lors, Péra appartient pleinement
à l'Empire ottoman et le gouverneur génois est remplacé
par un Ottoman.

En outre, la prise de contrôle
de l'ensemble des détroits par Mehmed condamne l'existence
des villes génoises de la mer Noire dont aucune
ne survit plus de cinquante ans à la conquête de Constantinople.

Chio subit un sort similaire car Gênes
laisse le gouvernement de l'île traiter directement avec le
sultan. Les autres cités commerciales italiennes
(Florence, Ancône…) connaissent une meilleure situation
et établissent rapidement de nouvelles relations commerciales
avec le sultan.

En effet, ces villes ne possèdent
pas de territoires dans la région du Levant et n'entrent
donc pas en confrontation avec l'expansionnisme ottoman.
De même, les Catalans reviennent assez vite à Constantinople,
bien que le Consulat ait disparu définitivement avec l'Empire
byzantin.



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