Etape 41 - Retour
au pont de Galata - Coucher de soleil sur la Corne d'Or
Samedi 1er avril 2023.
Après la mosquée de Soliman le magnifique, et avant
de rentrer "à la maison", je ne résiste
pas à l'envie de retourner un moment sur le pont
de Galata pour admirer la Corne d'or au moment de l'heure dorée
et du coucher du soleil.

Depuis le parapet du pont de Galata,
je vais faire là sans doute quelques unes de mes
meilleures photos d'Istanbul, photos que je publie dans ces quelques
pages.

Je vais profiter de ces quelques pages
pour évoquer avec vous la prise de Constntinople et ses conséquences,
en 1453. Une date charnière car elle met fin à
près de 1500 ans de domination romaine sur cette région
du monde.

La prise de Constantinople de 1453
s'inscrit dans la phase finale du déclin de l'Empire
byzantin, dont les toutes dernières miettes sont le Despotat
de Morée, l'Empire de Trébizonde et la Principauté
de Théodoros qui subsistèrent respectivement
jusqu'en 1460, 1461 et 1475.

Amorcé plusieurs siècles
auparavant, le déclin de l'Empire a de nombreuses causes,
la principale étant le pillage de Constantinople
lors de la Quatrième Croisade de 1204, qui inaugure la mainmise
de Venise et de Gênes sur les îles et les sources de
prospérité de l'Empire, entraîné
dans des guerres coûteuses et souvent désastreuses.

Dès lors, l'Empire ottoman peut
sans difficulté conquérir progressivement
le territoire byzantin mal défendu par une armée en
sous-effectif par manque de moyens financiers et humains.

Il est donc évident que l'Occident
tient une part de responsabilité importante dans la chute
de Constantinople, d'autant que la crainte byzantine d'une
nouvelle croisade pour refonder l'Empire latin de Constantinople
a mobilisé à l'Ouest de nombreuses ressources qui
auraient pu être consacrées à la lutte contre
la progression turque.

Le désintérêt de
l'Occident chrétien pour l'Empire byzantin en 1453 n'est
que l'un des facteurs de la chute de ce dernier : une intervention
occidentale n'aurait pas visé à sauver l'Empire grec,
mais à réinstaurer un Empire latin d'Orient.

Si les Ottomans avaient échoué,
Venise aurait sûrement fait payer très cher
son engagement auprès de Constantinople, surtout
si les hommes de Loredan avaient participé à la bataille.

Constantin devait donc choisir entre
l'impérialisme ottoman et l'impérialisme vénitien
car Venise intervenait pour la défense de ses intérêts
et non pour ceux des Byzantins.

Depuis un siècle déjà,
l'Empire byzantin était devenu un État de
second ordre, proie de ses voisins.

En 1453, si les murailles de Constantinople
restent impressionnantes, l'Empire byzantin ne bénéficie
plus de la supériorité militaire sur son adversaire
à l'image du rôle déterminant que joue le feu
grégeois dans la défaite arabe en 678.

Au contraire, l'artillerie
ottomane, très moderne, est un élément clé
expliquant la défaite byzantine.

D'un point de vue géographique,
la prise de Constantinople n'apporte pas grand-chose à
l'Empire ottoman qui contrôle déjà l'ensemble
ou presque des anciens territoires de l'Empire byzantin (Asie
Mineure et péninsule balkanique).

L'acquisition de Constantinople permet
surtout de parachever la domination ottomane sur les détroits.

L'unité de l'Empire ottoman
est renforcée et les communications entre sa partie
européenne et sa partie asiatique sont grandement facilitées.

De surcroît, l'élimination
de l'Empire byzantin permet à l'Empire ottoman de
se prémunir contre toute nouvelle croisade ayant pour objectif
de sauver Constantinople, à l'image des batailles de Nicopolis
et de Varna.

Ainsi, Mehmed II élimine un
facteur d'instabilité parfois vecteur de troubles
dynastiques au sein de l'Empire ottoman lorsque le basileus soutient
l'un des prétendants au trône ottoman.

C'est dans une optique similaire que
Mehmed se décide à réduire les trois États
grecs encore indépendants (Mistra dans le Péloponnèse,
Trébizonde en Anatolie pontique et Crimée).

La Morée, possession formelle
du basileus, est devenue au fil du temps l'apanage de membres
de la famille impériale qui se disputent son contrôle.

Constantin XI lui-même fut despote
de Morée avant de devenir empereur byzantin. Déjà
en 1452, Mehmed II envoie une partie de son armée ravager
le territoire grec pour l'empêcher de venir en aide à
Constantinople.

Après la chute de la ville,
il devient la cible prioritaire de Mehmed. Le despotat est
dominé par Thomas Paléologue et Démétrios
Paléologue qui font appel aux Ottomans en 1454 pour réduire
la révolte des populations albanaises.

Mais, dans le même temps, les
despotes essaient de susciter une croisade en Occident. Mehmed
II réagit en envoyant une nouvelle expédition ravager
le despotat en 1458 avant de s'en emparer en 1460.

L'Empire de Trébizonde subit
le même sort l'année suivante. L'empereur David
II de Trébizonde qui avait essayé de susciter une
croisade contre les Ottomans est contraint de capituler le 15 août
1461 alors que les Ottomans assiègent Trébizonde











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