Etape
42 - Musée Wallraff - Les maîtres de la Renaissance
allemande
Mardi 7 juillet 2020. Et encore
une autre oeuvre du maître du Retable de saint Barthélemy
: le retable de saint Thomas. Les trois retables principaux sont
ceux de saint Thomas, de la Crucifixion, et de saint Barthélémy.
Pour Zehnder, le retable de saint Thomas est le premier des trois
grands retables du Maître, suivi du retable de la Crucifixion,
puis du retable de saint Barthélemy.

Le retable, en panneaux de chêne,
est créé vers 1488-1489. Le tableau central mesure
143 × 106 cm, chaque volet 143 × 47 cm. C'est
le don d'un notable local, Petrus Rinck, « Doktor beider Rechte
», c'est-à-dire docteur en droit civil et en droit
canonique, ancien novice de la chartreuse, mort début 1501.
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Le
sujet est traité non pas comme un événement
historique entre apôtres, mais comme une sorte
de vision céleste. La scène représente
la rencontre entre le Christ et Thomas dans une sphère
hors du monde réel, caractérisée par
la présence de Dieu le père, fond doré
et une sorte de guirlande en forme de baldaquin. |
Le geste par lequel Thomas examine
la blessure du Christ est d'un rare réalisme, d'autant plus
que le Christ, par sa position et le soutien de sa main, accentue
l'enfoncement des doigts de Thomas dans son corps.

Les deux protagonistes principaux sont
entourés d'anges musiciens, à gauche de sainte
Hélène portant pour attribut la croix et Jérôme
avec une crosse et le lion, à droite saint Ambroise richement
vêtu qui tient la crosse d'évêque et le fouet
avec lesquels il aurait chassé les ennemis, et Marie-Madeleine
avec son pot à onction. Les personnes centrales sont sur
une socle lui-même précédé d'une zone
gazonnée; contre le socle est appuyé le blason de
la famille donatrice.

L’animal qui coiffe le blason
est un corbeau tenant dans son bec un anneau : c’est une indication
du fait que les frères Hermann et Johannes Rinck («
ring » est « anneau » ) et leur neveu Peter Rinck
ont abandonné leur ancienne emblême pour le nouveau
blason. Les livres journaliers de la chartreuse parlent
du retable, au moment de l'acquisition - donc ultérieure
- du retable de la Crucifixion : « [le retable de saint Thomas]
est moins apprécié que le retable de la Crucifixion,
et pourtant il a été très cher ».

Marie et les saints sur les volets
sont présentés sur un parterre en pierre et devant
un rideau en brocart : ceci délimite un espace céleste
séparé de l'environnement terrestre. À
gauche la Vierge avec l’Enfant et saint Jean l’Évangéliste
sont tournés l’un vers l’autre. L’enfant
bénit la coupe pleine de serpents de l'évangéliste.
Au-dessus du rideau de brocart, un paysage avec saint Gilles l'Ermite
et la biche qu'il protège des chasseurs.
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À
droite, saint Hippolyte dans une armure; cet officier romain
aurait été selon la légende traîné
à mort, ce que suggèrent la corde et la bande
de cuir devant lui. L’outil à ses pieds est une
griffe, outils répandu dans divers métiers.
Saint Hippolyte était très vénéré
à Cologne. À droite est sainte Afre, avec une
branche de lin qui, selon la légende, aurait caché
l’évêque Narcisse pourchassé. Elle
a subi le martyre par le feu, symbolisé par les flammes
à ses pieds. Au-dessus un paysage côtier avec
rochers où figure sainte Marie l'Égyptienne
qui tient entre dans ses mains les trois pains qu’elle
emporte avec elle, selon la légende, quand elle part
dans le désert. |
Et encore une autre oeuvre du Maître
de la Sainte Parenté le Jeune avec ce couronnement de la
Vierge Marie.

L'artiste, nommé ainsi d'après
le retable de la Sainte Parenté, porte en complément
« le Jeune » pour le distinguer de « l'Ancien
», également auteur d'un triptyque de la Saint Parenté5.
Une tentative entreprise d'identifier l'artiste avec Lambert von
Luytge, peintre de la ville de Cologne, n'a pas été
concluante.
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L'œuvre
qui lui est attribuée est extraordinairement riche
et variée. Elle comprend de petits tableaux
de dévotion, des épitaphes et des retables particulièrement
grands, mais aussi des cartons de vitraux |
L'attribution des travaux se fait en
général sur des considérations stylistiques.
Le maître figurait, à la fin du XVe et début
du XVIe siècle parmi les peintres les plus importants à
Cologne. Son importante production invite à penser qu'il
dirigeait un grand atelier.

Il n'est pas connu où le maître
a été formé. Dans son œuvre se
mélangent la tradition colonaise des successeurs de Stefan
Lochner et du Maître de la Vie de Marie avec les influences
flamandes qui laissent supposer la familiarité avec les œuvres
de Rogier van der Weyden, Juste de Gand, Hugo van der Goes et Geertgens.

On regarde Hans Burgkmair (né
à Augsbourg en 1472, mort en 1531) comme le premier artiste
allemand qui ait rapporté d'un voyage au delà des
monts les préceptes des peintres italiens.

A partir de 1508, date de son
retour à Augsbourg, ses tableaux perdent un peu de leur aspect
tout gothique.

Les fonds d'or, selon la tradition
du Moyen âge, font place à des fonds de paysage
mis soigneusement en harmonie avec le sujet principal du tableau
: ainsi dans le Saint Jean à Pathmos, de la pinacothèque
de Munich. Burgkmair était même assez pénétré
des idées de la Renaissance pour peindre en 1529 une Bataille
de Cannes.

L'influence de Dürer fut incomparablement
plus étendue. On la discerne déjà à
quelque degré dans I'École souabe, remarquablee par
le nombre et la qualité de ses peintres.

Ulm fut surtout le centre d'une grande
activité artistique au XVIe siècle. Martin
Schallner, dont les oeuvres, qui représentent toujours des
sujets religieux, expriment dans une harmonieuse composition toute
la sensibilité de la culture germanique, en est le plus illustre
peintre, avec Bernard Strigel, Iongtemps connu sous le seul nom
de « maître de la collection Hirscher », et dont
le tableau le plus expressif est un portrait de l'empereur Maximilien
entouré de ses fils.

Chez Mathias Grünewald, d'Aschaffenbourg,
un séjour en Alsace ajouta I'influence de Schongaur à
l'expression souriante et tendre, à la puissance dramatique,
à la fougue du coloris.

C'est surtout dans le retable
d'Isenheim (au musée de Colmar) qu'éclate son originalité
: il y révéla le plus étonnant coloriste, le
plus saisissant des maîtres de la fantaisie.
Mais il est un autre groupe d'artistes
sur qui l'influence d'Albrecht Dürer fut tout à
fait évidente et profonde. Hans Baldung, surnommé
Grün (vert), se montre un pur disciple du maître nurembergeois
et dans l'inspiration et dans l'exécution (retable de Fribourg).

Près de lui Hans Schaeufelein,
de Nordlingen, peut être considéré comme le
vrai successeur de Dürer, dont il fut longtemps l'élève
et le compagnon, et qu'il imita dans sa peinture mais surtout
dans son oeuvre gravé, qui est considérable et comprend,
outre un célèbre recueil, le Livre de prières
du comte d'Oettingen, de nombreuses illustrations faites pour les
éditeurs d'Augsbourg et de Bâle.
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Albrecht
Altdorfer compte aussi parmi les premiers élèves
de Dürer, dont l'empreinte se marque sur les paysages
dont ce peintre formait le fond de ses tableaux. |
Voici un autre chef d'oeuvre du musée
Wallraff : le triptyque des Franciscains, par le maître
de la légende de Sainte Ursule. Il est daté de 1505
environ, l’un des derniers tableaux du Maître.

Le panneau central du retable retrace,
dans le style de la narration simultanée, plusieurs
événements de la vie de saint François, selon
les traditions de Thomas de Celano et de Bonaventure de Bagnoregio.

La scène du milieu décrit
la stigmatisation de saint François; il est agenouillé
et reçoit, par des rayons émanant d’un crucifix
porté par un séraphin à six ailes volant dans
les airs. À ses côtés, son compère Léon
qui devait le protéger mais qui dort.

Au fond à droite, François
prêche aux oiseaux qui arrivent en groupe, au-dessus
encore et devant un monastère, le saint chante le cantique
des créatures. À gauche, devant la ville en coulisse,
se déroule une scène légendaire impliquant
un loup; ce loup féroce terrorisait les habitants de la ville,
mais le saint, accompagné du maire, l’amadoue et le
loup tend la patte au maire en signe de paix.

Les volet portent, à l’intérieur,
les effigies des saints de l’ordre : Louis de Toulouse,
Bernard de Quintavalle (à droite), Bonaventura et Jean de
Capistran (à gauche). L’extérieur des volets
représente six martyrs. Le style de la peinture est aéré,
avec des couleurs tout en nuances. La nouveauté réside
surtout dans la façon de rendre le paysage comme grand espace,
loin de la vision moyenâgeuse. En cela, le tableau annonce
- d’après Budde 1986, p. 132 - une nouvelle ère.
Le paysage n’est plus vu comme un complément aux événements
narrés, mais au contraire comme un objet d’étude
élaboré dans laquelle les événements
doivent trouver à s’insérer.
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L’attribution
est discutée : alors que Budde l’attribue au
Maître de la Légende de sainte Ursule, Zehnder
est plus nuancé : il attribue le panneau central
au Maître de la Légende de sainte Ursule, avec
déjà une coopération du Maître
de Saint-Séverin, les volets sont pour lui du Maître
de Saint-Séverin. La datation aussi est discutée
: le style invite à proposer une date tardive, vers
1505. |
A voir encore le Triptyque
avec une crucifixion (vers 1520-1525), par le maître de Delft.

Le retable a une forme arrondie sur
la partie supérieure, ce qui lui donne une allure
aérienne. Un panneau fixé à l'arrière
du retable montre une autre crucifixion, bien antérieure,
avec des restes d'une galerie d'apôtres et de saints sur fond
doré, avec des anges vêtus de noir.

Le retable proprement dit est semblable,
dans sa thématique, à celui de la National
Gallery. Les personnages et scènes du panneau central sont
encore plus foisonnants et colorés, vêtus plus richement,
avec un groupe important d'enfants au premier plan en bas.

Les scènes à l'arrière-plan
sont plus détaillées, surtout en arbres, alors
que les bâtiments de la ville de Jérusalem sont réduits.
La pendaison de Judas est très visible.

Sur le volet de droite, la donatrice
avec ses filles et petites-filles, présentée
par Marie-Madeleine; à l'arrière-plan, une résurrection.
Sur le panneau de gauche le donateur, ses neuf fils et petit-fils,
présentés par un saint Georges en armure flamboyante;
à l'arrière-plan la scène du Ecce homo.
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Des
écussons et blasons des familles figurent aux divers
coins. Le retable fermé montre en grisaille
sainte Anne Trinitaire à gauche, et saint Christophe
portant l'Enfant à droite.
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Le Maître de Delft est un maître
anonyme peintre du gothique tardif actif dans le Nord des Pays-Bas
entre 1490 et 1520 environ, nommé ainsi d'après un
tableau commandé par le maire de Delft.

L'artiste, dont on ne connaît
pas le nom, a été identifié une première
fois comme l’auteur des volets latéraux d'un retable
commandé par Dirk van Beest, maire de Delft vers 1514 au
Maître de Francfort.

Jupiter et Antiope est un tableau du
peintre flamand baroque Antoine van Dyck réalisé vers
1620. Le jeune van Dyck était à peine âgé
de 20 ans lorsqu'il entrepris cette peinture mythologique dans laquelle
il représente la scène où Zeus découvrant
Antiope endormie s'apprête à la séduire. Le
dieu est accompagnée d'un aigle, qui est son attribut habituel.
Le peintre s'est inspiré d'une œuvre de Hendrik Goltzius
appelée Vénus et l'amour épiés par un
satyre réalisée en 1612, elle-même influencée
par une gravure d'Annibale Carracci.

Junon et Argus est une peinture
réalisée en 1610 par Peter Paul Rubens, montrant Junon
et Argus.

Toujours de Rubens, Saint François
reçevant les stigmates.
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Dans
la vie de saint François par Jacques de Voragine,
il n’y a pas à proprement parler de scène
des stigmates. |
Après l’évocation
de toutes les tentations diaboliques auxquelles le saint
fut exposé, le narrateur mentionne lapidairement la vision
de François et l’impression des stigmates, pour insister
aussitôt et longuement sur la vérité attestée
de ce miracle : le discours sur le miracle l’emporte sur le
récit des circonstances, sur la théâtralité
de l’événement.

Dans une vision, le serviteur de Dieu
aperçut au-dessus de lui un séraphin crucifié
qui imprima les marques de sa crucifixion d’une manière
si évidente sur François que le saint pzaraissait
avoir été lui-même crucifié.

A voir enfin, L'adoration par
les bergers, par Gerrit van Honthorst (1622). Dans les
années 1620, il fut, avec Hendrick ter Brugghen et
Dirck van Baburen, l'un des principaux représentants de l’école
caravagesque d'Utrecht. Son style évolua par la suite vers
le classicisme.

Réputé de son vivant,
il reçut des commandes notamment de Frédéric
V et Élisabeth, roi et reine de Bohême en exil aux
Pays-Bas, de Charles Ier d'Angleterre et Christian IV de Danemark,
avant de devenir peintre de cour de Guillaume II d'Orange-Nassau.
Aujourd'hui, ce sont surtout ses œuvres de la période
caravagesque qui font sa renommée.



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