Etape
29 - Aix-la-Chapelle - La magnificence de la chapelle palatine
Dimanche 5 juillet 2020. La chapelle
du palais, au centre de la cathédrale, fut construite
de 796 à 805 sur un plan octogonal similaire à celui
utilisé pour d’autres édifices byzantins de
l’époque comme la basilique San Vitale de Ravenne et
la petite Hagia Sophia de Constantinople.

L’architecte Eudes de Metz prévoyait
une salle octogonale surmontée d’un dôme
et ceint d’un mur extérieur à seize côtés.

Tant par ses dimensions que par sa
hauteur, la chapelle de Charlemagne ne devait pas avoir
son pareil au nord des Alpes pendant deux cents ans.

La chapelle palatine est basée
sur un plan octogonal à deux étages, l’étage
supérieur étant constitué par une galerie fermée
par des arcs supportés par des colonnes et une barrière.

L'empereur prenait place dans la galerie,
face à l'autel. L’octogone intérieur,
d’un diamètre de 14,46 mètres5, est fait de
solides piliers, surmonté d’une voute octogonale en
arc-de-cloître qui recouvre la salle.

Autour de cet octogone intérieur
est construit un système de seize voutes d’arêtes
basses qui supportent la galerie au niveau supérieur.

Celle-ci était connue comme
la Hochmünster (l’église haute). Les ouvertures
des arcs inférieurs ne sont que la moitié de celles
des arcs supérieurs, donnant à cet étage un
aspect ramassé et lourd.

L’étage supérieur
forme une large corniche où étaient placés
l’autel principal et le trône impérial ;
elle communiquait avec le reste du palais grâce à un
passage.

Sur les arches de la galerie repose
un tambour avec fenêtre surplombé de la coupole.
Du côté est se trouvait une petite abside en saillie,
laquelle fut remplacée ultérieurement par le chœur.

À l’opposé se trouvaient
l’entrée du palais maintenant disparu, le Westwork.
La lumière pénétrait par un triple système
de fenêtres à arcs.

La galerie du niveau supérieur
est pourvue d’un ensemble de colonnes fort anciennes
provenant de l’église Saint-Géréon de
Cologne.

De plus, Charlemagne ordonna
de faire venir d’autres spolia de Rome et de Ravenne à
la fin du VIIIe siècle.

En 1794, au cours de l’occupation
française de cette partie du Rhin, elles furent transportées
à Paris, mais en 1815, près de la moitié des
colonnes alors au Louvre furent retournées à Aix-la-Chapelle.

Elles furent replacées à
leur endroit d’origine et de nouvelles colonnes de granites
d’Odenberg furent substituées aux colonnes manquantes.

Les murs intérieurs étaient
à l’origine recouverts de plaques de marbre. Les
ouvertures rondes en forme d’arc au niveau supérieur
situées entre les colonnes devant une mezzanine sont fermées
par une barrière de bronze haute d'un mètre.

Cette barrière fut coulée
en une seule pièce selon des modèles romains. La
mosaïque originelle fut probablement exécutée
vers 800 et, selon des sources médiévales, représentait
le Christ triomphant entouré des symboles des quatre évangélistes
ainsi que des vingt-quatre Vivants de l’Apocalypse offrant
leur couronne au Christ.

Elle fut refaite en 1880/1881 par les
ateliers vénitiens d’Antonio Salviati sur les
plans de l’architecte belge Jean-Baptiste de Béthune.
Le dôme lui-même était décoré de
tuiles de mosaïque s’entrelaçant de façon
complexe.

Les murs extérieurs de
l’octogone carolingien sont faits de pierre de carrière
sans joints ou autre décoration.

Seule exception : les projections
des piliers de la coupole sont couronnées de chapiteaux antiques.

Au-dessus de la maçonnerie carolingienne,
on trouve une série d’arcs de style roman situés
au-dessus d’un pignon de la basse époque romaine.

L’Octogone est couronné
d’une série inhabituelle de fentes baroques.

Le symbolisme est omniprésent
dans la cathédrale, surtout sous forme numérique
: le chiffre huit, correspondant à l’octogone, était
le symbole du huitième jour (le dimanche suivant le sabbat)
et représentait la Résurrection de Jésus-Christ
et la promesse de la vie éternelle.

De même, le chiffre dix représentait
la perfection dans le système architectural médiéval
et se retrouve fréquemment dans la chapelle palatine dont
le diamètre (en incluant le circuit autour du dôme)
mesure cent pieds carolingiens et est équivalent à
la hauteur du dôme.

À l’initiative de la fondation
de Marie (Marienstift) et du maire d’Aix-la-Chapelle,
Gerhard Chorus (1285-1367), un chœur de style gothique fut
construit entre 1355 et 1414 à l’est de l’Octogone,
remplaçant ce qui dut être un chœur rectangulaire
à l’époque carolingienne.

Le chœur gothique mesure 25 m
de long, 13 m de large et 32 m de haut. Son mur extérieur
est presque complètement couvert de verrières : la
surface vitrée couvre plus de 1 000 m2, ce qui lui a valu
le surnom de Glashaus (maison de verre).

Il fut conçu comme un
« reliquaire de verre » devant contenir les saintes
reliques d’Aix-la-Chapelle, ainsi que le tombeau de Charlemagne.

Son plan a pour modèle
la Sainte-Chapelle de Paris, également destinée à
accueillir des reliques importantes et à servir de chapelle
royale.

Pour protéger la voûte
du chœur, des tiges de fer furent insérées
dans les murs au moment de la construction pour servir de contrepoids
aux forces latérales s’exerçant sur les minces
supports de pierre, permettant ainsi de consacrer un espace maximum
aux vitraux.

Dans la galerie ouest, au premier niveau
et à l’opposé du chœur, se trouve le trône
de Charlemagne fait de plaques de marbre jointes par des attaches
de bronze.

Le trône original carolingien,
de même que les six marches qui permettent d’y accéder,
seraient des spolia de l’église du Saint-Sépulcre
de Jérusalem.

D’après une légende,
ces plaques viendraient du palais de Pilate où Jésus
a été condamné à mort.

Charlemagne lui-même ne fut pas
couronné à Aix-la-chapelle ; il reçut
la couronne royale à Noyon en 768 et la couronne impériale
à Rome en 800. Toutefois de 936 à 1531, trente-et-un
monarques allemands vinrent prendre place sur ce trône après
la cérémonie du sacre devant le maitre-autel, dit
« autel de la Vierge ».



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