Etape
14 - Musée Old Masters - Au firmament de la peinture flamande
Samedi 4 juillet 2020. Et voici
une des copies de Pieter Bruegel le jeune faite
du Dénombrement de Bethléem, peint par son
père.

l a été copié
de nombreuses fois par l'atelier du fils de Brueghel, Pieter
Brueghel le Jeune : 13 copies sont connues dont 3 signées.
Le choix des couleurs, dans les vêtements par exemple, diffère
souvent chez le père et le fils.

En revanche, certains détails
qui n’apparaissent pas au niveau de la couche peinte mais
uniquement dans le dessin sous-jacent du père, se retrouvent
dans le travail du fils.

À l'inverse, certaines scénettes
peuvent manquer ou différer. Il est donc probable
que, pour effectuer ses copies, Pieter Brueghel le Jeune soit parti
de dessins préparatoires ou de calques à l’échelle
conservés par sa grand-mère, la miniaturiste Mayken
Verhulst.


On continue le défilé
d'oeuvres magistrales par ce Paysage d'hiver avec patineurs
trappes aux oiseaux, peint par Pieter Bruegel autour
de 1565.

La Trappe aux oiseaux de Pieter
Brueghel est l'une des compositions les plus populaires de la tradition
paysagère néerlandaise et l'une des œuvres les
plus connues de la famille Brueghel, elle existe dans plus de 120
versions. Le thème du paysage hivernal, et en particulier
celui des patineurs sur glace, a souvent été proposé
pour représenter la précarité de la vie : en
effet, un tel thème est même inscrit sur une gravure
d'après Pieter Bruegel l'Ancien représentant un paysage
hivernal avec des patineurs sur glace devant la Porte Saint-Georges
d'Anvers : Lubricitas Vitae Humanae (Insécurité ou
lubricité de l'existence humaine).

Des allusions sous-jacentes similaires
sont bien documentées dans l'œuvre de Bruegel l'Ancien.
Le piège à oiseaux, cependant, est doté
d'un aspect poignant ; au-delà du paysage et de l'ambiance,
par l'ajout du thème symbolique : l'innocence des oiseaux
face à la menace du piège, reflété par
le jeu insouciant des patineurs sur la glace fragile. C'est peut-être
une marque de l'empathie de Brueghel pour son sujet.
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Le tableau
est principalement peint en blanc, beige clair et bleuâtre.
Il montre un paysage hivernal enneigé. Le tiers
supérieur de l'image est occupé par le ciel.
À l'horizon, la plaine enneigée avec dans le
lointain la silhouette d'une ville. Le fond est encadré
par un paysage de village, composé d'une douzaine de
maisons rougeâtres et d'une église, le tout avec
des toits enneigés. Le village a été
identifié comme étant Pède-Ste-Anne dans
le Brabant, dont l'église gothique est également
représentée dans Der Blindensturz (La chute
des aveugles) de Bruegel. La silhouette de la ville en arrière-plan
serait celle d'Anvers. |
Toujours de
Pieter Bruegel, voici l'extraordinaire toile du Massacre des Innocents,
lui aussi peint en 1565. C'est ici une copie de l'oeuvre originale
par Pieter Bruegel, le jeune. L'original peint par son père
se trouve à Londres.

Comme pour d'autres épisodes
tirés des Évangiles, Brueghel choisit de représenter
le Massacre des innocents dans un cadre contemporain et quotidien.
Sous un ciel radieux, dans un très beau paysage couvert de
neige, un village flamand est livré à la violence
aveugle des soldats chargés de massacrer tous les nouveau-nés
de sexe masculin.

L'effet d'ensemble produit par le décor
masque au premier regard l'atrocité de la scène
qui ne se dévoile que progressivement lorsque, à y
regarder de plus près, le spectateur découvre des
mères éplorées ou hagardes, serrant contre
elles des petits cadavres désarticulés et sanguinolents,
des parents suppliants ou tentant de défendre ou de cacher
quelques enfants encore en vie et, par contraste, l’impassibilité
des soldats en armure, groupés en rang serré au fond
de la place du village.

Si le choix de placer la scène
dans un cadre contemporain en accroit l’impact dramatique,
il en accroit aussi l'actualité. Or, Brueghel peint
ce tableau alors que le duc d'Albe a été envoyé
en Flandres par Philippe II d'Espagne pour rétablir l'ordre
après des révoltes protestantes. Brueghel aurait dès
lors utilisé le thème du massacre des innocents pour
dénoncer les exactions des troupes espagnoles, célèbres
par leur brutalité.

Le tableau a été abondamment
copié par Pieter Brueghel le Jeune et son atelier quelques
décennies plus tard et l’identification du tableau
original parmi les nombreuses versions qui nous sont parvenues n'a
pas été chose facile. Plusieurs versions
proches les unes des autres pouvaient en effet y prétendre,
parmi lesquelles la version appartenant à la Royal Collection,
mais aussi celle conservée au Kunsthistorisches Museum de
Vienne ou celle de la collection Brukenthal à Sibiu.

Acquis en 1662 par le roi Charles II,
le tableau est passé par les collections de la reine Christine
de Suède, et auparavant encore, par celles de l'empereur
Rodolphe II de Habsbourg. C'est probablement sur ordre de ce dernier
qu'au tournant du xviie siècle le tableau a été
retravaillé en scène de pillage pour en atténuer
l'atrocité. Des flammes ont notamment été
ajoutées au-dessus des maisons, et n'ont été
nettoyées qu'en 1941.

Historiquement chargées de sens,
les autres modifications, qui ont consisté en particulier
à remplacer des petites victimes par des paquets de linge,
des animaux ou des ustensiles divers, n'ont pas été
supprimées. Ainsi, paradoxalement, c'est par les
nombreuses copies réalisées par Pieter Brueghel le
Jeune et son atelier que l'aspect originel de la composition est
connu et visible aujourd'hui.

Et voici une des oeuvres majeures de
Pieter Bruegel le Jeune : Danse de noces en plein air. Il
s'agit là aussi d'une copie de l'original peint par Bruegel
l'ancien en 1566.

Le lieu des réjouissance tient
à la fois de la forêt et de la clairière,
et semble, à l'avant-scène, presque exclusivement
réservé à la danse sur une musique de cornemuse.

Sur les côtés, les
membres de l'assistance s'entretiennent, boivent ou observent les
joueurs. À l'arrière, la mariée est assise
à une table, derrière laquelle est suspendue une tenture.

Brueghel a ordonné sa composition
en ménageant deux passages moins fréquentés
entre l'assistance et les danseurs, délimitant ainsi deux
diagonales qui convergent vers le tronc d'arbre au centre du tableau.
Dans le triangle de la danse ainsi délimité, presque
tout le monde agite les jambes, lance ses bras en l'air ou se déhanche.
Sous la fine couche de peinture, on peut aujourd'hui encore observer
à l'œil nu le soin apporté au dessin préparatoire,
conférant au tableau un surcroît de vie.

Un autre tableau d'un autre membre
de la famille Brueghel. Cette fois-ci, il s'agit d'Enée
aux Enfers, par Jan Brueghel II.

Cet épisode est cité
en référence par Leibniz dans ses Essais de Théodicée.
Lors de sa descente aux Enfers, Énée rencontre
Palinure, son pilote mort noyé sur les côtes d’Italie.
Palinure implore une sépulture, mais la sibylle le repousse
durement.

Et voici un des chefs-d'oeuvres de
Van Dyck : le portrait d'une dame âgée.
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Peintre et
graveur baroque flamand, surtout portraitiste, Van
Dyck a été le principal peintre de cour en Angleterre,
après avoir connu un grand succès en Italie
et en Flandre |
On peut voir
tout son talent dans le Portrait de Jean-Charles de la Faille,
de Compagnie de Jesus.

Van Dyck, portraitiste très
demandé, représenta le jésuite Jean-Charles
della Faille flanqué d'instruments mis en évidence
sur une table à gauche qui lui servent d'attributs. Le savant
religieux, tour à tour enseignant, cosmographe, ingénieur
militaire et stratège de la cour voyagea énormément.

Le portrait, très vivant, restitue
habilement le regard scrutateur du savant jésuite, présenté
de trois-quarts. Il est daté de 1629 et bien que l'annotation
soit postérieure à la réalisation du portrait,
elle semble acceptable.

Le Portrait d'un homme âgé,
de Van Dyck est à mettre en parallèle avec celui d'une
femme âgée que j'ai évoué plus
haut.
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Van Dyck
a peint ce portrait autour de autour de 1620. |
De nombreux
facteurs peuvent expliquer qu'au XVIIe siècle la
demande pour des portraits ait été plus forte que
pour tout autres types de travaux. Dans une société
dominée de plus en plus par les dirigeants laïcs, la
représentation de ces personnages richement vêtus était
un moyen d'affirmer l'autorité des personnes importantes.



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