Etape 38 - Sur
la route de Xinalik - A travers les canyons déchiquetés
par la brume
Mercredi 28 juin 2023.
De retour à Quba, le temps d'avaler un café et nous
prenons la route de Xinaliq. En chemin, nous nous arrêtons
dans un de ces nombreux campements aménagés en bord
de route où les Azéris aiment s'arrêter pour
se restaurer en famille.

La cantine est plutôt rudimentaire,
traditionnelle à souhait et le déjeûner est
excellent. Cet arrêt nous permet de discuter avec
le patron qui parle un russe excellent.

Et pour cause, celui-ci a longtemps
vécu en Union soviétique et c'est l'occasion pour
lui d'avoquer de vieux souvenirs de jeunesse. Puis la discussion
s'oriente bientôt vers le football quand il apprend, un peu
surpris, que je suis Français... "Ah Zidane !"
Oui, oui, je connais, il a joué quatre ans à Bordeaux.

Pour la petite histoire, sachez que
l'Azerbaïdjan a hérité pour le volet
culinaire de ses traditions des habitudes des nomades : beaucoup
de viande et peu de légumes.


Les repas traditionnels se prennent
dans les tchaïkhanas, ou maisons de thé, en
général nombreuses autour des bazars. On y déguste
essentiellement des salades de crudités, des brochettes de
mouton et des soupes.

Voilà pour cette petite parenthèse
culinaire qui nous aura permis aussi de nous rassurer : aucun
problème pour monter jusqu'à Xinalik avec une simple
voiture de tourisme. Chose que je vous confirme à 100 %.

Bon, autant le dire tout de suite,
la route vers Xinaliq est absolument merveilleuse, une des
plus belles que j'ai pu prendre au cous de mes nombreux voyages.

Le trajet entre Quba et Xinalik duren
environ une heure, une heure de bonheur intense caractérisée
par des paysages aussi variés qu'enchanteurs.

On commence l'ascension par de vastes
collines herbeuses où paissent tranquillement de
nombreux troupeaux de vaches. Rien ne présage encore de la
beauté des paysages que nous allons traverser.

Ici, les collines herbeuses offrent
des points de vue sur les vergers accrochers aux flancs
des rives de la rivière qui coule en contrebas.

Puis nous continuons notre route et
très vite la végétation se raréfie
pour laisser la place à un vaste paysage montagneux recouvert
de rocaille à travers lequel serpente la route menant à
Xinalik.

Un peu plus loin, à Minara,
une maison de thé solitaire se tient en équilibre
précaire sur un piton rocheux...

C'est là, à la sortie
de Minara, sans crier gare ou presque, que commence l'émerveillement.
D'immenses falaises abruptes surgissent de la brume, encadrant
tout d'un coup la route qui serpente soudain à travers la
gorge.

Le spectacle est si saisissant que
nous avons envie de nous arrêter à chaque virage.
Des emplacements ont d'ailleurs été aménagés
pour cela. Nous n'allons pas nous en priver.

La vision de ces pitons rocheux est
grandioses. Ils forment comme des géants de pierre
emprisonnés par les brumes qui se dressent de chaque côté
de la route.

Au milieu de la gorge, gronde
la rivière sauvage qui dévale en contrebas. Le fracas
est intense et se répercute sur les flancs des montagnes.

Cette gorge est véritblement
impressionnante. Un sentiment de fin de monde se dégage
de cet endroit, renforcé par la présence de cette
brume épaisse qui déchiquette la vue.

Au milieu de ce défilé
étroit, la route serpente comme elle peut, légèrement
rehaussée par rapport au lit de la rivière.

Construite au début des années
2000, on imagine sans mal comment cette route a pu désenclaver
toute cette région du Grand Caucase.

En longeant l'étroit défilé,
la route saute d'une rive à l'autre en passant sur
des ponts dont on imagine à quel point leur structure doit
être sollicitée tant, ici, la force du courant exercée
par l'eu qui dévale des heuteurs des sommets, est puissante.

Droit devant, on a l'impression que
le voile de brume qui cache l'horizon est à deux
doigts de se déchirer devant nous, tandis que la roche, jouant
des effets de la lumière expose toutes ses nuances de gris.

Plus bas, on peut constater à
quelle force gigantesque est soumis cet étroit corridor
par la présence de nombreux éboulis qui viennent obstruer
le lit de la rivière déchaînée.



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