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Malte - De La Valette aux Trois Cités - Avril 2025

Etape 23 - Au coeur de Birgu - Au hasard des ruelles de la vieille ville

Samedi 5 avril 2025. Avant de quitter le centre de Birgu, je m'attarde un moment dans cette myriade de petites venelles qui caractérissent le centre historique de la cité.

Les venelles de Birgu serpentent selon une logique héritée des nécessités médiévales, où chaque coude répondait à des impératifs défensifs oubliés.

Leur largeur, calibrée pour le passage d'un homme en armure poussant une charrette, varie imperceptiblement entre 1,8 et 2,1 mètres - mesure standard établie sous l'Ordre.

Les pavés de calcaire globigérin, usés en leur centre par des siècles de pas, présentent des surfaces inégalement polies : les plus lisses trahissent les anciens itinéraires des porteurs d'eau, dont les semelles humides agissaient comme un abrasif naturel.

Certaines pierres portent des marques de tâcherons - cercles concentriques, croix pattées - gravées par les tailleurs pour comptabiliser leur travail journalier.

Les murs mitoyens, hauts de trois à quatre étages, s'inclinent légèrement vers la rue selon une technique normande importée par les chevaliers.

Cette inclinaison, mesurant précisément 3°, permettait à la fois de gagner de l'espace habitable aux niveaux supérieurs et de déverser les eaux pluviales directement dans les rigoles centrales.

Des escaliers de pierre aux marches irrégulières percent parfois la façade continue, menant à des impasses aériennes où subsistent des loggias à colonnettes du XVIe siècle.

Leurs volées étroites, tournant toujours vers la droite pour gêner les assaillants droitiers, aboutissent à des seuils surélevés de 75 cm - hauteur standard des anciennes portes fortifiées.

Les encorbellements des balcons fermés créent une canopée discontinue, filtrant la lumière en motifs mouvants.

Leurs auvents en bois de cyprès, rainurés pour canaliser les gouttières, produisent par temps de pluie un clapotis rythmé qui résonne dans les passages voûtés.

Certaines ruelles s'interrompent brusquement sur des arcades basses, vestiges d'anciennes maisons-tours démembrées.

Leurs claveaux numérotés à la sanguine témoignent des reconstructions successives après le siège de 1565. Des fragments de fresques à demi effacées - motifs héraldiques, fragments de cartouches - apparaissent parfois sous les enduits écaillés.

L'asphalte moderne n'a recouvert que les artères principales. Les chemins secondaires conservent leur pavement originel où alternent dalles rectangulaires et galets de rivière, disposés en chevrons anti-dérapants.

Les joints, comblés d'un mélange de chaux et de poudre de tuile, forment des lignes sinueuses qui épousent le mouvement naturel des eaux de ruissellement.

Cet entrelacs minéral, où chaque pierre semble avoir trouvé sa place par nécessité plus que par dessein, fonctionne comme un mécanisme d'horlogerie urbaine. Les ombres tournantes des corniches, les reflets changeants sur les persiennes closes, les échos étouffés des pas sur les marches usées - tout concourt à une expérience spatiale où l'histoire se lit dans la matière même de la ville.

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 
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