Etape
12 - Fort Saint-Elme - Une histoire indissociable du grand siège
ottoman
Vendredi 4 avril 2025. Aujourd'hui
le fort Saint-Elme abrite le musée national de la
Guerre qui retrace l'histoire militaire de Malte de l'âge
de Bronze à la Seconde Guerre mondiale.

Et bien évidemment, elle retrace
l'histoire du Grand Siège des Ottomans de 1565
au cours de laquelle la résistance des 1.500 hommes qui défendaient
le fort fut farouche.

Après une courageuse résistance
qui dura un mois entier, il tomba entre les mains des Ottomans,
ce qui n'empêcha pas ces derniers de subir une cuisante
défaite au bout du compte.

Lorsque les premières galères
ottomanes apparurent à l'horizon le 18 mai 1565,
le fort Saint-Elme se révéla soudain dans sa terrible
vulnérabilité.

Conçu pour résister à
des attaques conventionnelles, ses murs de calcaire globigérin
se montrèrent singulièrement perméables aux
tirs concentrés de l'artillerie turque.

Les boulets en marbre blanc extrait
des carrières de Marmara, d'une densité inhabituelle,
pulvérisaient la pierre tendre maltaise en projetant
des éclats meurtriers.

La garnison, forte de seulement 150
chevaliers et 600 soldats, dut improviser des solutions
défensives ingénieuses.

Les canonniers français découvrirent
que le tir en cloche depuis les plates-formes supérieures,
bien que théoriquement incorrect, permettait d'atteindre
les sapeurs ottomans creusant des tranchées d'approche.

Les arquebusiers espagnols, postés
dans les meurtrières élargies à la hache, développèrent
une technique de tir synchronisé par volées
qui brisait net les assauts.

Les assiégeants, commandés
par le corsaire Dragut en personne, adaptèrent leurs
tactiques avec une redoutable efficacité.

Des équipes de mineurs albanais
creusèrent des galeries sous le bastion nord, emplissant
les cavités de barils de poudre noire mélangée
à des éclats de métal.

L'explosion du 23 juin projeta des
blocs entiers de maçonnerie dans le port, créant
une brèche de quinze mètres où s'engouffrèrent
les janissaires.

Les défenseurs transformèrent
l'intérieur du fort en un dédale mortel. Les
couloirs furent barricadés avec des tonneaux remplis de terre
et de pierres, percés de meurtrières improvisées.

La chapelle castrale, vidée
de ses ornements, servit de poste médical où
un chirurgien sicilien pratiquait des amputations à la scie
sans interruption, entassant les membres dans des cuves
de saumure pour éviter la putréfaction.

Les conditions de vie devint insoutenable.
Les citernes, percées par les tirs ennemis, ne contenaient
plus qu'une eau saumâtre mêlée de poudre
et de sang.

Les survivants se nourrissaient de
rats arrosés de vin coupé d'eau de mer, tandis que
la chaleur des incendies permanents faisait fondre le plomb
des joints entre les pierres, créant des stalactites métalliques
sur les voûtes effondrées.

Après trente-et-un jours de
siège ininterrompu, le 23 juin, seuls une quarantaine
de défenseurs blessés tenaient encore la porte sud.

Leur dernière sortie, menée
au petit jour avec des épées émoussées
et des haches d'abordage, devint légendaire.

Les chroniqueurs turcs rapportèrent
que les janissaires d'élite reculèrent devant
ces spectres couverts de brûlures et de poussière,
dont les cris rauques résonnaient encore dans les ruines
fumantes.

La chute du fort, bien que
tactiquement désastreuse pour les Ottomans qui y perdirent
près de 8 000 hommes, offrit à Malte un répit
crucial.

Les débris calcinés de
Saint-Elme, jonchés d'éclats d'obus et d'armures tordues,
formèrent un écran de fumée permanente
qui masqua pendant des jours les mouvements des renforts chrétiens.

Les ingénieurs de l'Ordre étudièrent
méticuleusement chaque impact d'artillerie, chaque effondrement
structurel, pour concevoir les fortifications encore visibles
aujourd'hui.









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