Etape
5 - Place et de l'auberge de Castille - Notre-Dame de la Victoire
Vendredi 4 avril 2025. Incontournable
sur la place de l'auberge de Castille (qui ne se visite pas !),
il faut absolument passer les portes de Notre-Dame de la
Victoire, qui fut érigée à partir
de 1566, soit à peine un an après le siège
de l'île par les Ottomans.

Elle commémore la victoire
de l'ordre de Saint-Jean, aidé rappelons-le par
6.000 hommes des troupes de Philippe II d'Espagne qui vinrent en
renfort et qui provoquèrent la fuite des 10.000 survivants
turcs (sur 40.000).

Elle marque l’emplacement exact
où les chevaliers posèrent la première
pierre de La Valette après le Grand Siège.
Sa façade sobre, en calcaire tendre de Malta, contraste avec
l’exubérance baroque des édifices ultérieurs
– ses lignes rigoureuses n’étant adoucies que
par un oculus disproportionné, conçu pour inonder
de lumière le chœur durant les matines.

L’intérieur révèle
une nef unique voûtée d’arêtes, dont les
nervures s’entrecroisent sans clefs pendantes, suivant un
schéma gothique tardif inhabituel à Malte. Les
murs, blanchis à la chaux au XVIIIe siècle, conservent
sous l’enduit des fragments de fresques représentant
des galères en procession – vestiges du décor
originel commandé par Jean de Valette. Le pavement
en damier de marbre noir de Gozo et blanc de Sicile forme un motif
en escalier symbolisant l’ascension spirituelle, usé
de manière inégale par les générations
de fidèles se rendant à l’autel latéral
dédié à saint Antoine.

Le retable principal, doré à
la feuille sur un fond de bol arménien, montre la
Vierge présentant l’Enfant Jésus tenant une
maquette de la ville fortifiée – détail ajouté
après 1565 pour commémorer la protection divine lors
du siège. Les analyses dendrochronologiques du support
en peuplier ont révélé que le bois provenait
des mêmes forêts toscanes qui fournirent les poutres
du palais des Grands Maîtres.

Une chapelle annexe abrite un ex-voto
insolite : une cotte de mailles ottomane perforée
d’un impact de boulet, suspendue comme une relique au-dessus
d’un bénitier taillé dans un chapiteau byzantin
réemployé. Les inscriptions en latin sur
sa plaque de marbre commémorent un miracle survenu pendant
le siège – un coup de canon ayant dévié
au dernier moment devant une image mariale portée en procession.

L’église subit une
transformation baroque en 1752, visible dans les stucs
du plafond où des angelots joufflus côtoient des attributs
militaires – cuirasses, étendards et canons miniatures
modelés avec une précision quasi topographique.

Ces éléments furent recouverts
de badigeon au XIXe siècle par les Britanniques, puis
redécouverts en 2017 lors de travaux de restauration qui
mirent aussi au jour un réseau de conduits acoustiques en
terre cuite courant dans les murs – système
destiné à amplifier les sermons lors des grandes célébrations.

A la sortie de l'église, ne
manquez pas d'admirer non plus l'église Sainte-Catherine
d'Italie qui lui fait face. Cette église baroque,
de forme octogonale et dotée d'un dôme élégant,
fut construite en 1576 par Girolamo Cassar. Elle accueillait les
chevaliers italiens de l'ordre de Saint-Jean.



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