Etape
22 - De retour à la place de la Victoire - La belle église
Saint-Laurent
Samedi 5 avril 2025. De retour
à la place de la Victoire, il faut s'arrêter un instant
pour aller admirer la belle église Saint-Laurent.

L'édifice antérieur a
servi de cathédrale aux chevaliers avant
la construction de celle de La Valette.

Située au-dessus du port, cette
église Saint-Laurent a été construite
à la fin du XVIIe siècle par Lorenzo Gafa dans un
style baroque classique pour Malte (un dôme central, trois
petits dômes latéraux dans chaque bas-côté).

Érigée en 1530 sur les
fondations d'une chapelle médiévale, cette église
paroissiale des chevaliers avant la construction de La Valette
présente une architecture de transition entre le gothique
tardif et le baroque naissant.

Sa façade asymétrique,
en pierre calcaire tendre de Malta, montre des traces de modifications
successives : une rosace murée, des contreforts épaissis,
et une porte latérale condamnée dont l'arc en accolade
subsiste sous l'enduit.

L'intérieur surprend par sa
nef unique couverte d'une voûte en berceau brisé,
inhabituelle à Malte. Les nervures prismatiques
s'entrecroisent sans clefs pendantes, formant un réseau géométrique
qui concentre le regard vers le chœur.

Les murs, blanchis à la chaux
au XVIIIe siècle, conservent des fragments de fresques
représentant des scènes de la vie de saint Laurent,
partiellement découvertes lors des restaurations de 2012.

Le retable principal,
œuvre d'un artiste sicilien inconnu, mêle marbre polychrome
et bois doré dans une composition inhabituelle.

Saint Laurent y est représenté
tenant non pas le gril traditionnel de son martyre, mais une maquette
de galère - allusion subtile à sa fonction de patron
des marins. Les analyses dendrochronologiques du support en peuplier
noir révèlent que le bois fut coupé
dans les forêts des Nebrodi en 1543.

La chapelle des âmes
du purgatoire, ajoutée en 1598, présente
une voûte étoilée dont les nervures convergent
vers un oculus central.

Son pavement en carreaux de majolique
napolitaine forme une mosaïque de flammes stylisées
qui semblent danser à la lumière des cierges.
Les bancs en noyer, réservés aux confréries
de marins, portent des encoches triangulaires où s'accrochaient
les ceintures d'épées lors des offices.

L'orgue baroque, installé
en 1745 par un facteur maltais formé à Palerme,
utilise des tuyaux en étain de provenance anglaise mélangé
à du plomb local.

Son buffet sculpté incorpore
des motifs de cordages et d'ancres marine qui rompent avec
le décor végétal habituel.

Le clocher, reconstruit après
le séisme de 1693, intègre dans sa base des
pierres tombales des premiers chevaliers morts lors du Grand Siège.

Une inscription presque effacée
sur le côté nord rappelle que sa flèche
servit de point de triangulation pour les cartographes français
en 1798.

Cette église, moins visitée
que les monuments de La Valette, offre pourtant un témoignage
précieux sur l'évolution de l'art sacré maltais.

Ses transformations successives - agrandissements,
reconstructions partielle, changements de décor - reflètent
les bouleversements historiques de l'archipel, depuis l'arrivée
des chevaliers jusqu'à l'occupation britannique.

Les détails architecturaux,
des gargouilles en forme de poissons aux stalles sculptées
de figures marines, rappellent constamment le lien intime
entre cette paroisse et la vie maritime de Birgu.






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