Etape
11 - Pula - Promenade le long du port
Dimanche 6 février 2022.
Depuis la place de l'ancien forum romain, je décide
de bifurquer pour faire un petit tour sur le port de Pula.

Alors autant le dire tout de suite,
le port de Pula est loin d'être le plus chaleureux du monde.
Il s'apparente plus à un port de commerce, voire industriel,
qu'à un port de plaisance.

D'ailleurs, on peut distinguer au
loin de nombreux engins de levage et quelques grues qui laissent
à penser que le port est utilisé pour ravitailler
en marchandises le reste du pays.

On est donc bien loin du fameux port
de Pula que les armées d'Octave utilisaient au moment de
la guerre civile romaine, au lendemain de la mort de César,
quand les armées du futur Auguste débarquaient pour
se confronter aux troupes de Crassius ou de Brutus, les assassins
de César.

De toute cette histoire, il ne reste
rien, aucun vestige, si ce n'est sur l'inscription de l'arc
de triomphe des Sergii, et il faut marcher plus en amont pour découvrir
les pontons du petit port de plaisance.

Et encore ! Car le véritable
port de plaisance de la ville, Tehnomont Marina Veruda, est situé
dans une belle crique abritée, au large de Pula.

En se retournant, on peut également
voir les autres vestiges de la place du forum, y compris les quelques
églises dont certaines datent de l'époque bysantine
de la ville.

La chapelle byzantine de Santa
Maria del Canneto (ou Sainte Marie Formose) a ainsi été
construite au VIe siècle (avant 546) en forme de croix grecque,
ressemblant aux églises de Ravenne.

Allez, je profite de cette
petite visite du port pour reprendre le cours de mon histoire de
Pula que j'avais justement laissé à l'époque
bysantine, après la chute de l'empire romain.

À partir de 788, Pula
fut gouvernée par l'Empire franc sous Charlemagne, avec l'introduction
du système féodal.

Sous les Francs, elle faisait
partie du Royaume d'Italie. Pula devint le siège des comtes
électifs d'Istrie jusqu'en 1077.

A la chute de Rome, Pula connaît
un destin parallèle à celui de l'Istrie. La ville
demeure la résidence des plus hauts dignitaires de l'empire
latin d'Orient.

En 1145, Pula est contrainte
de prêter serment à Venise mais prend la tête,
en 1150, d'une révolte des villes d'Istrie.

La ville fut prise en 1148
par les Vénitiens et en 1150 Pula jura allégeance
à la République de Venise, devenant ainsi une possession
vénitienne.

Pendant des siècles par la suite,
le destin et la fortune de la ville ont été
liés à ceux du pouvoir vénitien. Elle fut conquise
par les Pisans en 1192 mais bientôt reconquise par les Vénitiens.

En 1238, le pape Grégoire
IX forma une alliance entre Gênes et Venise contre l'Empire,
et par conséquent contre Pise aussi. Comme Pula s'était
rangé du côté des Pisans, la ville fut saccagée
par les Vénitiens en 1243.

Elle fut de nouveau détruite
en 1267. En 1378, la ville sert de base à la flotte
vénitienne qui s'oppose à Gênes.

Une énorme bataille
navale se déroule ainsi au large de ses côtes. Au final,
les Gênois sortirent vainqueurs de cette bataille en 1397.

C'est alors pour Pula, le début
d'un long déclin, car la cité vénitienne capte
à son profit toutes les richesses du commerce local.

Cette décadence a été
accélérée par les luttes intestines des familles
locales: l'ancienne famille romaine Sergi et les Ionotasi (1258-1271)
et l'affrontement entre Venise et Gênes pour le contrôle
de la ville et de son port (fin XIIIe et XIVe siècles).

En 1291, par la paix de Trévise,
le patriarche Raimondo della Torre gagna la ville dans le
cadre du royaume séculier du patriarcat d'Aquilée,
pour la perdre au profit de Venise en 1331, qui la garda jusqu'à
sa chute en 1797.

Pula est citée par le poète
italien Dante Alighieri, qui avait visité Pula, dans la Divine
Comédie : "Sì come a Pola, presso del Carnaro,
ch'Italia chiude ei suoi termini bagna" ou "As Pola, le
long du Quarnero, qui marque la fin de l'Italie et baigne ses frontières".



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