Oppidum de Jastres
- Des Helviens à la conquête romaine
Mardi 23 mars 2021.
Enfin, un autre petit mot sur la grande soeur de l'oppidum de Jastres
qui n'est autre que la ville romaine d'Alba, qui succéda
à la forteresse des Helviens.

Alba a été du Ier au
IVe siècle apr. J.-C., sous l'empire romain, la capitale
du peuple gaulois des Helviens dont le territoire recouvrait la
région du bas Vivarais.

La ville connaît son premier
développement à l'époque augustéenne
(27 av. J.-C.-14 apr. J.-C.) et son apogée au IIe siècle.

On a pu supposer que la ville d'Alba
avait pris, au début de l'Empire romain, la succession,
comme souvent en Gaule, d'une agglomération antérieure.

L'existence d'un oppidum protohistorique
sur le plateau de Chaulène, au nord-ouest d'Alba,
est en effet vraisemblable.

L'hypothèse d'un habitat de
plaine peut être simultanément retenue, les fouilles
pratiquées à l'ouest du site (« Saint-Pierre
») ayant livré des débris d'outillage
lithique datant de la fin du IIIe millénaire.

À l'emplacement de deux «
domus » du sud-est du site (« maisons du champ
Delauzun »), un habitat de La Tène III (Ier siècle
av. J.-C.) a par ailleurs été révélé
par la découverte de céramiques importées,
campaniennes de type A, dont des débris ont également
été recueillis à « Saint-Pierre »,
ainsi que de cols, anses ou lèvres d'amphores vinaires
d'Italie et une monnaie allobroge, émise avant le troisième
quart du ier siècle av. J.-C..

D'autres oppida sont connus sur le
territoire des Helviens, à commencer par ceux de
Jastres-Nord et de Jastres-Sud.

Quand Bituitos, roi des Arvernes, peuple
situé au-delà des Cévennes, fut battu
en 121 av. J.-C. par le consul romain Fabius Maximus, Alba était
déjà le chef-lieu des Helviens dont le territoire,
l'« Helvie », correspond sensiblement au sud du département
de l'Ardèche.

Leurs voisins étaient au nord
les Ségusiaves, à l'ouest les Vellaves et
les Gabales, au sud les Volques Arécomiques.

Fabius Maximus réussit
à dissocier les Helviens des Allobroges et des Arvernes et
à les attirer dans l'alliance avec Rome.

Ils obtinrent les titres d'alliés
et amis du peuple romain et Jules César observait
lors de son arrivée en Gaule qu'ils étaient autonomes,
avaient leurs propres coutumes et leur administration.

Dans la décennie de 80 apr.
J.-C., le chef helvien Caburos obtenait sous le nom de Caïus
Valerius Caburus la citoyenneté romaine et son fils Caïus
Valerius Procillus devint l'ami de César.

La politique pro-romaine des Helviens
permettait à César d'installer ses forces
à proximité des Arvernes.

Après sa victoire le territoire
helvien et sa capitale Alba Helviorum connaissent un important
développement économique.

Par la suite Alba reçoit le
privilège du droit latin, ce qui lui permet d'obtenir
des avantages juridiques et commerciaux.

Rattachée d'abord à
l'Aquitaine au temps de Strabon, il semble qu'elle soit
intégrée à la Narbonnaise.

Point de départ des voies romaines
vers Valence, Vienne et Lyon par la rive du Rhône, d'autre
part vers Bourg-Saint-Andéol et la Narbonnaise, enfin vers
Gergovie - sans compter les routes secondaires -; centre
d'une région agricole et surtout viticole; centre de commerce
régional, gaulois, et même impérial, Alba est
dès le ier siècle une ville importante, sans égaler
la splendeur d'Arles, Orange, Nîmes ou Vienne.

Sans doute faut-il mettre en rapport
son essor avec un fait rapporté par Pline l'Ancien
selon qui on avait découvert à Alba, et adopté
dans la région, un plant de vigne dont la floraison passait
en un jour.

Jusqu'à son apogée, au
IIe siècle, elle se développe alors sur deux pôles,
au sud sur les terrasses de l'Escoutay et le théâtre,
au nord dans le quartier de « Bagnols » situé
près de la voie qui mène de la vallée du Rhône
au Massif central.

Du milieu du IIe jusqu'au milieu du
IIIe siècle, se construit des édifices publics
monumentaux dont un théâtre de 3.000 places.

L'époque de la christianisation
de la ville est incertaine, entre la fin du Ier siècle
ou celle du IIe siècle. Alba fut le premier siège
épiscopal de la région.

La fin du IIIe siècle marque
le déclin de la cité. Au milieu du ve siècle,
le siège épiscopal est transféré d'Alba
à Viviers.

Le site antique est déserté,
une nouvelle agglomération se forme au Moyen Âge
à l'emplacement du village actuel.

Contre le mur du cimetière juif
dans le quartier nord de Bonn / Allemagne se trouve un relief de
la pierre tombale du premier habitant de Bonn nommément connu,
un légionnaire romain venu en 35 apr. J.-C. de Alba
Helviorium (aujourd’hui Alba-la-Romaine).

L’inscription tombale, traduite
du latin, signifie: «Ici repose Publius Clodius, fils
de Plubius, de la région de Voltinia, né à
Alba, soldat de la 1re légion, 48 ans, décédé
après 25 ans de service. »

La ville est organisée à
partir de deux voies majeures qui se coupent à angle droit,
l'une orientée nord/sud (le cardo maximus) et l'autre ouest/est
(que l'on présume être le decumanus maximus, selon
un réseau de rues perpendiculaires.

Le cardo maximus, pavé
de grandes dalles, large de 5 mètres et long de plus de 300
mètres, part de la rivière et aboutit au
centre monumental qu'il longe.

Un troisième axe, long de 70
mètres, a été mis au jour au nord de la ville,
orienté nord-est/sud-est et reliant le forum au sanctuaire
de Bagnols.

Il témoigne de l'existence
d'un schéma urbanistique antérieur au premier siècle
avant notre ère qui organise toute la partie orientale de
la ville.

Le périmètre de la ville
est évalué à quatre kilomètres. L'évaluation
de la population reste cependant extrêmement difficile.

Son approvisionnement en eau se
faisait par des aqueducs depuis des sources situées sur les
versants du massif du Coiron.

Les vestiges de l'un d'entre ont été
découverts. Dans une domus un puits domestique atteste
l'utilisation simultanée de la nappe phréatique.

Des tuyaux, en plomb ou en bois,
permettaient la distribution de l'eau. Un système d'égouts
maçonnés assuraient l'évacuation.

Cardo et decumanus étaient notamment
équipés d'un égout latéral qui
recueillaient les eaux usées ou pluviales collectées
par de nombreux caniveaux.






L'histoire
tumultueuse de l'oppidum de Jastres
Le
village de Vogüé sous les derniers feux du soleil
|