La féerie
du ciel au-dessus du col de l'Escrinet
Vendredi 19 mars 2021.
Le temps presse, l'heure du couvre-feu est déjà dépassée
et je suis tiraillé entre l'envie de rester jusqu'à
l'accomplissement de la nuit et l'heure légale tolérée
pour rentrer à l'hôtel... Quelle stupidité ce
couvre-feu !

Je décide encore de rester un
moment sur cette aire de repos. Décider est un grand
mot, la vérité c'est que je ne peux détâcher
mon regard d'un tel spectacle.

Le ciel flaboie littéralement
sous mes yeux et toutes les teintes de rose se déclinent
et se fondent les autres couleurs. C'est absolument magique.

Un spectacle repli de féerie
et de magie. Le prisme des couleurs semble se disperser
à travers tout le paysage.

Les nuances se fondent et éclatent,
puis glissent lentement le long des flancs des monts d'Ardèche
qui forment comme des vagues successives sur l'horizon.

Je suis entièrement subjugué
par ce spectacle, par tant de poésie et de beauté,
que je ne sais à objectif me vouer, hésitant
désormais à chausser mon telé-objectif dont
j'aime à prendre pour témoigner des couchers de soleil.

A cet instant, je préfère
la lumière plus diffuse, pleine de charme et de mystère
qui recouvre les flancs de la montagne et plonge le petit village
d'Aubenas, en fond de vallée, dans une incroyable lumière
irrisée.

Sous la lumière crue du soleil
couchant, le fond de la vallée se pare d'une incroyable
lumière diffuse, mélange de rose et d'orangé,
qui repeint tout l'horizon. C'est magique.

Face à un tel spectacle, je
me félicite d'être resté encore un moment
pour assister à un tel spectacle. Il me semble que sur cette
route désertée par les menaces du couvre-feu, je suis
encore le seul humain sur terre...
Car du monde
d'autrefois, il ne semble rien rester. Même la ville
lovée au coeur de la vallée semble disparaître
elle aussi à ton tour, voilée par l'extraordinaire
mélange des couleurs de ce dernier crépuscule hivernal.

En zoomant, j'essaie de discerner quelques
maisons accrochées à la colline, le clocher de l'église
en fond de vallée, mais la lumière du couchant forme
comme ne pâte épaisse qui coucle lentement des flancs
de la montagne.

Et quelle pâte lumineuse
quand on remonte justement les flancs de la montagne ! Quelle féerie
! Quel incroyable charivari de couleurs et de teintes !

Il me semble un instant voir à
travers mon objectif comme à travers d'une lunette
astronomique, à la recherche du spectre ultime, qui dévoile
d'un coup tous les secrets de la lumière !

L'heure tourne, mais je veux
encore rester là un moment, me nourrir littéralement
de cette lumière fantastique qui tombe dans le fond de la
vallée !

Et tant pis pour le couvre-feu ! Tant
pis pour les patrouilles de gendarmerie qui pourraient me surprendre
sur le bord de cette route ! J'ai décidé de rester,
de me bourrir encore.







Coucher
de soleil depuis le col de l'Escrinet
Col
de l'Escrinet - Depuis le poste d'observation des oiseaux
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