Etape
43 - Laahema natiional park - Un paradis pour la faune et la flore
Samedi 26 mars 2022. Alors bien
évidemment, en cette période hivernale, la
faune et la flore se font véritablement discrète,
mais dès les beaux jours venus, c'est ici un vrai paradis
pour la biodiversité.

Les végétaux affectionnant
les tourbières sont dits hygrophiles. Ce sont, entre
autres, les mousses et en particulier les sphaignes, mais aussi
de nombreux joncs et carex dont les résidus partiellement
décomposés forment, après plusieurs siècles,
la tourbe.

Les sphaignes sont les représentantes
principales de la strate muscinale d'une tourbière.

En zone tempérée,
les hautes buttes sont formées par Sphagnum fuscum, S. capillifolium,
et S. austinii.

Les banquettes ou buttes basses
de tourbe sont formées par S. magellanicum et S. rubellum.

Les dépressions sont colonisées
par S. cuspidatum, S. fallax, S. denticulatum ou S. tenellum, généralement
en minces couches mais qui, grâce à leur croissance
très rapide (S. fallax, au soleil peut croître de 32
cm en un an), contribueront souvent le plus à la croissance
de la tourbière.

Les sphaignes sont à
l'origine de la tourbification de par leurs caractéristiques
particulières, comme l'accroissement continu et leur capacité
à acidifier le milieu par la production d'acides organiques.

Aussi, même mortes, les
sphaignes peuvent conserver une importante quantité d'eau,
contribuant à entretenir, en surface des tourbières,
un microclimat humide et plus frais, même en pleine sécheresse.

Dans les milieux naturellement peu
alcalins, les sphaignes captent et séquestrent naturellement
le peu d'ions calcium biodisponibles, entretenant un milieu très
acide et oligotrophe.

Elles disparaissent cependant
en cas d'apport de calcaire, comme les droseras, plantes carnivores
qui les accompagnent parfois.

D'autres plantes dont la matière
contribue à l'accumulation de tourbe sont les carex,
la linaigrette et la molinie, et des arbustes de la famille des
éricacées (bruyère, callune, etc.).

On y trouve parfois des arbres
tels que l’épicéa et le mélèze.

Les tourbières, étant
souvent situées dans des secteurs froids ou à
humidité très élevée durant une grande
partie de l'année, accueillent parfois des espèces
relictuelles des périodes glaciaires.

Des plantes comme la ligulaire
de Sibérie, ou le saule des Lapons, trouvent ainsi refuge
dans les tourbières, parfois très loin de leur aire
actuelle de répartition située dans les zones boréales.

Certaines tourbières
sont plus ou moins boisées voire enforestées (en zone
tropicale, on peut voir jusqu'à plus de 1000 arbres par hectare,
et plus de 100 espèces différentes appartenant à
des dizaines de genres et familles pour un seul hectare).

La présence de pollens fossiles
n'est pas un indice certain de présence ancienne d'arbres
dans la tourbière même (les pollens sont transportés
par le vent, l'eau et les animaux).

Les arbres tels que saules,
bouleaux ou pins fossilisent mal dans les tourbières (sauf
s'ils ont été ennoyés par un accident climatique),
du fait de leur enracinement superficiel et de leur décomposition
rapide par les communautés de champignons et bactéries
qui profitent de l'environnement très humide.

Dans le sud de la zone circumpolaire
européenne, les arbres sont communs dans les tourbières
alcalines, mais rares ou absents de la plupart des tourbières
acides actives (très humides et fraîches), et la surface
terrière (« G ») moyenne ou totale y est généralement
faible.

Les gestionnaires ouest-européens
ont longtemps privilégié une gestion des tourbières
défavorisant les arbres (via le débroussaillement
et le déboisement), notamment : parce que les tourbières
non exploitées sont souvent petites ou relictuelles, et situées
dans un contexte drainé, et que les arbres (via leur évapotranspiration,
leur ombrage et leurs feuilles mortes) peuvent contribuer à
assécher, humifier et modifier le milieu et irréversiblement
le détruire.

Mais l'étude des fossiles des
tourbes anciennes montre que des arbres colonisaient autrefois significativement
certaines tourbières, notamment dans les horizons profonds
datés de 6000 ans avant nos jours (et comme on le voit encore
aujourd'hui en Europe du Nord).

Alors qu'une partie de la faune herbivore
régressait ou disparaissait (mégaceros, rennes, élans
puis castors en Europe de l'Ouest), ce sont l'exploitation
du bois, l'élevage et l'agriculture qui auraient précocement
complètement déboisé la plupart des grandes
tourbières d'Europe de l'Ouest, favorisant des espèces
telles que les droseras.

À certaines conditions, les
gestionnaires des tourbières admettent aujourd'hui un peu
mieux la présence d'arbres, estimant que les risques liés
à l'évapotranspiration sont limités (les sphaignes
ont également un fort pouvoir d'évapotranspiration,
permanent, alors que les arbres poussent mal quand la tourbe contient
plus de 50 % d'eau).

Dans l'hémisphère nord,
ce sont par exemple le bouleau (en périphérie)
et des saules, souvent nains ou rampants et à croissance
très lente tels que Salix repens, Salix retusa, Salix herbacea,
Salix lapponum, quelques buissons et parfois de grands résineux
(pins…) qui habitent les tourbières.

Le rare bouleau nain (Betula nana),
véritable « relique glaciaire », peuple certaines
tourbières suisses (pays où il est strictement protégé
; voir illustration ci-contre à gauche).






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