Etape
21 - Maison Rockox - Chef-d'oeuvres de la Renaissance
Jeudi 12 décembre 2019.
J










Le miracle des pains et des poissons,
de Lambert Lombard, 1505-1566.







Voici le véritable chef-d'oeuvre
du musée : les Proverbes (1595), de Pieter Brueghel
II (Bruxelles, 1564 ou 1565 – Antwerpen, 1638).

On n’a guère de détails
sur la vie de Pieter Brueghel II, fils aîné
du célèbre Pieter Bruegel l'Ancien. Cette œuvre
est une bonne copie du tableau que Pieter Bruegel l'Ancien a réalisé
en 1559 et qui se trouve aujourd'hui à Berlin.

Les plus de cent proverbes
flamands ici illustrés peuvent se répartir
en deux groupes.

Le premier met en scène
l'absurdité des actes des hommes et met le monde sens dessus
dessous, ce que symbolise un globe dont la croix est dirigée
vers le bas.

Ces actes fous peuvent faire
naître des péchés – et voilà l’objet
de la seconde catégorie de scènes, symbolisée
par la femme infidèle qui entoure son époux d'une
cape bleue ("vêtir son mari d'une cape bleue" signifiait
"tromper son mari").

Les limites du symbole, de
l'allégorie, de la parodie, de la satire ou de la caricature
sont rapidement atteintes, parfois franchies, lorsque l'occasion
se présente ou que cela s'avère nécessaire.
Ce tableau en fournit la démonstration. La réunion
de 85 proverbes figurés s'apparente davantage à un
tour de force qu'à un chef-d'œuvre.

Éviter l'effet d'accumulation
et d'encombrement tout en poursuivant une démarche encyclopédique
du sujet traité relève de la virtuosité.
Les Proverbes, pour leur part, s'ils requièrent des données
semblables, comptent près d'une centaine de créations
distinctes - une par proverbe - que Brueghel doit orchestrer ensuite
afin que les sujets, gardant chacun son sens propre, cohabitent
en un seul tableau, non seulement clair, mais encore heureux
par son agencement.

À première vue, l'œuvre
de 1559, le premier grand format signé et daté de
« Bruegel » (sic), pourrait se présenter tel
un paysage vivement animé. La foule des personnages retient
l'attention dès l'abord. S'il y a mouvement et rythme,
il n'y a pas cependant de relations réciproques. Chaque
personnage ou groupe - de trois personnes maximum -, est le prisonnier
actif d'un monde qui lui est propre, d'une occupation sans
rapport avec celle du ou des voisins.

Vision universelle de la Folie, qu'il
constitue à l'aide des proverbes qui la désignaient
dans le peuple. Si Bruegel l'Ancien aimait tant illustrer
les proverbes flamands, c'est qu'ils étaient merveilleusement
imagés; il suffisait de les transcrire littéralement
en peinture pour obtenir les effets les plus pittoresques.
Toutes les expressions régionales raillant des inconséquences
et des défauts, Attacher le grelot au chat, Parler
avec deux bouches, L'un tond le mouton, l'autre le porc, Il veut
enfoncer un mur avec sa tête, Il porte la lumière au
jour avec un panier, etc. - sont les prétextes de saynètes
diverses, associées pour former une étonnante encyclopédie
de la déraison.

La plupart des érudits n'y voient
qu'une simple illustration de ces proverbes populaires où
se condense - dit-on - la sagesse des peuples, et ils se bornent
à rechercher le sens de chaque proverbe. N'est-ce
pas là méconnaître la portée du message
que Breughel y apporte ? Le thème général
du tableau est la sottise humaine, et l'anecdote n'en est que l'affabulation.
Celle-ci, l'artiste l'emprunte moins au répertoire des proverbes
qu'à celui des dictons ou simples locutions en usage dans
son pays et à son époque.


Scène de genre, de David II
Teniers, 1610-1690.



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