Etape
10 - Musée de Lille - Splendeurs du Moyen-Âge et de
la Renaissance
Mercredi 11 décembre 2019.
Cette visite du musée des Beaux-Arts de Lille
s'chève sur d'autres splendeurs du Moyen-Âge et de
la Renaissance, comme cette Vierge en gloire au milieu des apôtres
(vers 1470), par le Maître de la Passion Lyversberg.

Ce panneau
est l'élément central d'un triptyque
dont les volets sont conservés au musée de Cologne. |
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La Vierge apparaît en gloire, les
pieds posés sur un croissant de lune.

Cette iconographie inspirée
de l'Apocalypse, s'ajoute à celle de l'Assomption, à
savoir la montée au Ciel de Marie, en présence des
apôtres. Le fond doré concourt au caractère
irréel de la scène.

A voir également, un incroyable
groupe sculpté à la fin du XVe siècle,
en Allemagne du Sud : Légende de l'invention de la
vraie Croix : résurrection d'un mort.

Hélène, mère
de l'empereur romain Constantin, aurait découvert la Croix
du Christ lors d'un pèlerinage à Jérusalem,
en 326. La légende raconte que trois croix
furent exhumées sur le mont Golgotha : à côté
de l'une d'elles, un mort ressuscita, attestant de l'authenticité
de l'objet.

La reine est ici reconnaissable à
la couronne qu'elle porte. Ce relief est peut-être
issu d'un retable dédié à la Vraie Croix.

Saint Jérôme (vers
1500-1510), par le Maître du Couronnement de la Vierge de
Kirscheim. Saint Jérôme, père de l'Eglise,
est connu pour sa traduction de la Bible en latin , qu'il
tient ici à la main. Coiffé d'un chapeau de cardinal,
il est accompagné d'un lion qu'il aurait, selon la légende,
soigné.La figure et la sainte couronnée présente
une polychromie et des traits similaires : visage ovale,
menton bombé, yeux mi-clos, arcade sourcilière dans
la continuité du nez, etc.

Sainte couronnée (vers
1500-1510), par le Maître du Couronnement de la Vierge de
Kirscheim. Ces deux statues ornaient la prédelle
ou une niche au sein de deux retables distincts dans l'église
de l'ancienne abbaye de Kirscheim, en Allemagne du Sud. La
sainte a perdu l'attribut qu'elle tenait de la main gauche et ne
peut être identifiée.

A découvrir également,
ce magnifique Retable de Saint-Georges (1480-1490), originaire
de Bruneck, dans le Tyrol. Ce grand retable, ou tableau
d’autel, présente aujourd’hui un aspect bien
différent de son état d’origine : ses
volets et sa partie supérieure, appelée couronnement,
ont disparu. De plus, les éléments qui le composent
sont issus de trois retables différents ! La caisse
du retable (la partie centrale) illustre la légende
de saint Georges. Alors qu’il entre dans la ville de Trébizonde,
ce chevalier remarque que les habitants sont terrifiés pas
un dragon. Il réclame en sacrifice des jeunes gens, qu’il
dévore ! Ce jour-là, c’est la princesse
de la ville qui est réclamée en sacrifice.
Saint Georges va alors combattre le monstre et le transpercer de
sa lance, aujourd’hui disparue du retable.
Sur les côtés
figurent saint André et un autre saint,
qui n’est pas identifié. Ces statues
trapues, aux visages joufflus, sont vêtues d’amples
vêtements aux plis anguleux.
La prédelle est la partie inférieure du retable.
Les personnages, dont le Christ au centre, se distinguent
par des trais fins et des visages méditatifs.
Ils n’ont sans doute pas été fabriqués
pour ce retable, et ont été ajoutés au
XIXe siècle, de même que les panneaux peints
figurant l’empereur Henri Ier, roi de Germanie puis
empereur du Saint Empire romain germanique au début
du XIe siècle, et son épouse Cunégonde.
L’image du Christ au centre est appelé «
Christ en homme de douleur ». Elle figure Jésus
au moment de la Passion. La souffrance exprimée
permet d’insister sur l’humanité du Fils
de Dieu. Un rapport de proximité peut ainsi plus facilement
s’établir avec le fidèle. Ici
les traits creusés et allongés des figures en
accentuent l’aspect tragique. |
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Absolument époustouflant, il ne faut pas
manquer La Dérision du Christ, de Lucas Cranach l'ancien
(vers 1540). Pas facile de copier un grand maître
de la peinture comme Lucas Cranach ! L’artiste qui
a réalisé cette œuvre a sans doute été
l’élève de Lucas Cranach, l’un des plus
grands artistes de la Renaissance allemande. Il reproduit ici un
des modèles du grand maître : La Dérision du
Christ, qui lui permet – et c’est rare dans l’art
chrétien - de peindre des grimaces !
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Le panneau
montre deux scènes bien distinctes : au premier
plan, la Dérision de Jésus-Christ et au second
plan, la Flagellation. Toutes deux sont décrites
dans la Bible, lors du passage de la Passion du Christ, soit
le moment qui a précédé sa mort. On voit
en premier lieu le Christ assis, entouré d’une
foule de personnages masculins armés. Ceux-ci n’ont
pas l’air sympathique… Ils sont en fait en train
de l’insulter ! Puisqu’il a été
accusé de se présenter comme le « roi
des Juifs », ils l’ont déguisé en
roi. Ses épaules sont recouvertes d’un
manteau de pourpre, couleur réservée à
la royauté, sur sa tête est posée une
couronne – d’épines – et un homme
à ses côtés lui tend un roseau, pour faire
office de sceptre. |
Juste après cet épisode, il est attaché
et fouetté par les soldats. C’est la Flagellation,
que l’on peut apercevoir dans le fond du tableau.
On peut discerner dans une arcade sombre un personnage barbu portant
un turban. Il s’agit sans doute de Ponce Pilate, le
gouverneur romain de la province de Judée, qui condamna Jésus
à mort et chez qui ces deux scènes se déroulèrent.
C’est d’ailleurs lui qui prononcera les fameux mots
Ecce homo (« Voici l’homme »), en désignant
le Christ flagellé et couronné d’épines.
Comme Cranach en avait l’habitude, l’artiste
habille ici ses personnages avec des costumes contemporains. De
cette manière, les spectateurs du XVIe siècle pouvaient
mieux s’approprier la scène, et même acheter
le tableau !

Unique au musée
des Beaux-Arts, cette Adoration des Mages,
originaire de Slovaquie, peinte au début du
XVIe siècle. Il s’agit de la
seule peinture médiévale provenant d’Europe
de l’Est conservée à Lille. Ses
grandes dimensions vous impressionnent ? Sachez qu’elle
n’était pourtant qu’un élément
parmi d’autres au sein d’un immense retable -
ou tableau d’autel - , aujourd’hui démantelé.
Les vêtements des Mages ont fait l’objet
de toute l’attention du peintre : les textures de la
fourrure ou des manteaux ont été très
fidèlement rendues, donnant à la peinture une
dimension presque tactile. Les éléments
d’orfèvrerie – bijoux, vases – ont
été exécutés avec le même
soin. |
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L'Adoration des Mages provient
du retable de l'église Sainte-Marie située
à Banskà Štiavnica, en Slovaquie actuelle.
De cette œuvre du début du XVIe siècle, il ne
reste que quelques éléments : sept panneaux
représentant des épisodes de la vie du Christ, trois
sculptures la Vierge, sainte Barbe et sainte Catherine. Le
panneau de Lille est le seul élément du retable conservé
en Europe occidentale. La composition du panneau est adaptée
à son format allongé. Placée sur un
piédestal, la Vierge, assise, présente le Christ aux
Rois Mages venus délivrer leurs offrandes. La représentation
des Mages est traditionnelle, à un détail près.
Comme de coutume, Melchior, qui offre l’or, est figuré
sous les traits d’un vieillard. Balthazar, d’origine
africaine, a la peau noire. Gaspard, le plus jeune, porte un turban
qui indique son origine asiatique. Il est surtout le seul personnage
à nous regarder ! Cela pourrait indiquer qu’il
s’agit d’un autoportrait de l’artiste.

Mais qui est donc l’auteur
de ce retable ? Sur l’un des autres panneaux conservés,
on a découvert un monogramme, une signature composée
de deux lettres : M + S. Cela pourrait identifier l’artiste
Martin Swcharz. Qui que soit l’auteur, le style des figures,
aux lignes précises et marquées, est inspiré
de gravures des grands maîtres allemands contemporains, comme
Martin Schongauer et Albrecht Dürer. Ces gravures,
facilement reproduites, circulent alors dans toute l’Europe
et servent de modèles aux artistes en panne d’inspiration
!

Voilà pour la visite des sous-sols
du musée des Beaux-Arts, une visite que je complète
par l'exposition temproraire qui présente notamment cette
extraordinaire tapisserie.

Il s'agit d'une tapisserie en laine
et soie du musée de Cluny, intitulée L'Arythmétique,
provenant des Pays-Bas du sud, et créée dans le premier
quart du XVIe siècle.



Enfin, je profite de cette exposition
temporaire pour jeter de nouveau mon regard sur l'oeuvre
de Fantin-Latour que j'avais déjà découvert
au musée du Lexembourg, il y a deux ans. Ici : L'Atelier
des Batignoles de Henri Fantin-Latour.



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