Etape
11 - Anvers - Grote Markt et le centre-ville
Jeudi 12 décembre 2019.
Anvers. Nous y voilà enfin. Après un
rendez-vous manqué au début de l'année, j'ai
fini enfin par m'y rendre, appâté par sa richesse culturelle.
Anvers. La ville de la démesure. La ville la plus
cosmopolite de toute la Belgique. Une ville à part dans le
royaume.

Anvers et la place de sa cathédrale,
Son petit puits si romantique qui n'a pas bougé d'un
pouce depuis l'époque de Rubens. Archétype de la ville
bourgeoise-marchande depuis le Bas Moyen Âge elle constitue
alors, le centre du commerce international et de la haute finance
tout au long du XVIe siècle.

La ville est riche d'attractions touristiques.
Outre sa cathédrale, on peut y admirer des musées
à foison, sans compter la maison de Rubens, mais aussi de
nombreuses églises, des places qui n'ont pas changé
depuis le Moyen Âge et la Renaissance, la Grand-Place ou son
hôtel de Ville.

Né d'un petit port près
d'une jetée, hanté par une population modeste
et romanophone au VIIe siècle, dont l'évolution heurtée
donne une ville portuaire au XIIIe siècle, Anvers
est, lors de la guerre de Quatre-Vingts Ans, la plus grande
ville des Dix-Sept Provinces et une des plus grandes villes d'Europe,
avec une population de 150 000 habitants.

Sa véritable expansion ne remonterait
selon l'historiographie classique qu’aux alentours
de l’an 900, lorsque les habitants agrandissent le légendaire
Aanwerp, terrain surélevé de la primitive jetée
qui donne son nom à Anvers. En 970, une fois l'ordre
ottonien imposé, Anvers n'est encore qu'un poste
frontière de l’Empire germanique, on y construit des
fortifications en bois, remplacées plus tard au XIIe siècle
par un château fort en pierre (le Steen) que l'on
peut encore admirer aujourd'hui.

L’extension de la ville se poursuit
d'abord vers le sud, comme le prouve l'installation de l'ordre des
Prémontrés, attiré par les milieux urbanisé
ou péri-urbanisé avec la construction suite à
des dons seigneuriaux, sous l'égide de saint Norbert, de
l’abbaye Saint-Michel. Par la suite, les chanoines de la petite
église se déplacent vers le nord et fondent une nouvelle
paroisse, avec au centre l’église Notre-Dame,
ancêtre de la cathédrale actuelle. Dans les décennies
qui suivent, la ville continue à se développer en
vagues concentriques créant une succession de remparts
que l’on devine encore dans sa topographie.

La ville d'Anvers obtient en
1312 une charte qui fait d'elle une commune démocratique.
Au siècle suivant, la ville et son port prennent leur essor,
car la grande rivale, Bruges, est condamnée par l'ensablement
du bras de mer qui mène à Damme, l'avant-port
de cette ville. La flotte anversoise fréquente déjà,
outre la mer du Nord familière, l'océan Atlantique
et la mer Baltique.

Une bourse de commerce, peut-être
la première grande bourse de commerce fondée en Europe,
est attestée en 1460. Mais on considère que la première
bourse des valeurs anversoise (au sens moderne), est fondée
en 1531, animée par des négociants qui relient
l'Inde à l'Amérique.
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La Feitoria
de Flandres, fondée en 1508 à Anvers, fut la
principale tête de pont de l'empire commercial portugais,
la Casa da Guiné, devenue en 1503 Casa da India,
à l'intersection des chemins commerciaux des colonies
du Brésil, de l'Afrique et des Indes orientales. |
Au milieu du XVIe siècle, les Pays-Bas
du Sud profitèrent du rôle dominant de la ville, qui
était alors une des plus grandes villes d'Europe et qui resta
pendant longtemps un très grand centre culturel et artistique.
Dans la deuxième partie du siècle, Anvers fut le
théâtre d’une lutte politico-religieuse entre
le Nord, protestant, et le Sud associé à la très
catholique Espagne.

Devant la dureté de
la répression espagnole contre les protestants, avec les
menaces qui en résultaient contre les vieilles franchises
accordées jadis par des chartes, les nobles modérés
réunis à Bruxelles présentèrent un compromis
à la gouvernante des Pays-Bas siégeant dans cette
ville. Devant le mépris d'un conseiller de la gouvernante,
qui traita les pétitionnaires de gueux, ceux-ci tinrent le
5 avril 1566, par défi, un banquet connu sous le nom de banquet
des Gueux. Ce fut le début de la guerre de Quatre-Vingts
Ans - qui éclata à la suite de l'exécution
capitale à Bruxelles des comtes d'Egmont et de Horne qui
avaient pris la tête de l'opposition de la noblesse
et du peuple aux excès du pouvoir de Philippe II d'Espagne.

Entraînée dans la guerre,
la ville connut plusieurs épisodes dramatiques. Entre le
4 novembre et le 7 novembre 1576, une partie des soldats espagnols
mutinés mirent à sac la ville. Au cours de
cet épisode, moururent plusieurs milliers d'habitants et
ce drame fut l'élément déclenchant
du soulèvement des provinces du sud des Pays-Bas espagnols
qui restaient encore loyales à la couronne espagnole. En
janvier 1583, François d'Anjou ordonna à 4
000 de ses soldats d'attaquer Anvers ; à défaut
d'une garnison de défenseurs, les citoyens d'Anvers repoussèrent
l'attaque, mettant en déroute l'armée française.

En 1585, la ville tomba aux
mains de Philippe II à l'issue d'un siège de treize
mois, la ville étant défendue par Philippe
de Marnix de Sainte-Aldegonde. En conséquence, les
Provinces-Unies du nord fermèrent l’accès à
l’Escaut dans le but de priver les Espagnols des avantages
de leur victoire, ce qui naturellement eut des conséquences
catastrophiques sur l’économie de la ville.
Abandonnée par les protestants, que Philippe II visait
plus particulièrement et qui constituaient une très
large part de l’élite commerciale et intellectuelle
de la ville, Anvers vit sa population se réduire de moitié
en moins de 20 ans.

Puis, jusqu’à
la moitié du XVIIe siècle, elle profita de la présence
d’artistes tels que Rubens, Van Dyck, Jordaens et Teniers
ou encore les familles de sculpteurs Quellin et Verbrugghen ainsi
que plusieurs imprimeurs et célèbres facteurs de clavecins
anversois.

À l'issue de la guerre, la
royauté des Habsbourg espagnols sur les Pays-Bas du Sud finit
par être transférée, par accord féodal,
aux Habsbourg d'Autriche. Une opposition à ceux-ci
se développa, comme sous les Habsbourg d'Espagne.
Il en résulta finalement un soulèvement en 1787-1789
et les Autrichiens furent battus.

L'État indépendant
des États belgiques unis fut proclamé à Bruxelles
et Anvers y participa. Mais le retour en force des Autrichiens
en 1790 et l'attaque des armées républicaines
de la Révolution française mit fin à cette
brève indépendance en 1792.

Anvers fut occupée une
première fois par les armées de la Révolution
le 30 septembre 1792. L’Escaut fut rouvert (1795),
et l’ébauche d’un port moderne vit le
jour : Napoléon demanda à Charles-François
Beautemps-Beaupré d'établir ce qui sera la première
carte des bouches de l'Escaut, et fit réaliser deux bassins
achevés en 1811 (le Petit Bassin et le Grand Bassin
- rebaptisés bassin Bonaparte et bassin Guillaume en 1903,
ils abritent maintenant le Museum aan de Stroom ou musée
sur le cours d'eau15). Toutefois, l’embargo anglais
ainsi que les guerres napoléoniennes empêchèrent
toute évolution, et la ville subit de nombreux pillages et
destructions.
Après la défaite de Napoléon
à Waterloo (1815) a lieu une brève
réunification avec les Pays-Bas septentrionaux et une période
de développement, qui s’achèvera avec la Révolution
belge (1830) et une nouvelle fermeture de l’Escaut.
Il faudra attendre 1863 pour que la navigation soit définitivement
libre après le rachat forfaitaire du droit de navigation
par le ministre Charles Rogier.

La croissance d’Anvers reprit
et se développa à la fin du XIXe siècle
avec la colonisation du Congo. Le Congo fournit en effet
quantité de matières premières (caoutchouc,
ivoire, minerais) et stimula le trafic portuaire ainsi que les activités
industrielles.

En 1914, la ville subit le
siège de l'armée allemande pendant trois semaines
à compter du début de septembre. L'armée belge,
sous les ordres directs du roi Albert Ier, se replia après
les combats des forts de Liège en août 1914. Les
troupes belges se répartirent entre les forts des deux lignes
concentriques de fortifications dont la ville est entourée
depuis la fin du XIXe siècle. C'est de cette position
qu'elles exécutèrent deux sorties qui repoussèrent
chaque fois les troupes allemandes. Mais, finalement, le 8 octobre,
Anvers vit entrer les soldats allemands après la retraite
belge vers la côte et l'Yser.

En 1940, la ville fut occupée
par l'armée allemande jusqu'en septembre 1944, subissant,
en 1943, les bombardements américains qui visaient les usines
de General Motors qui travaillaient pour l'armée allemande,
avec des pertes dans la population civile. En avril
1941, une émeute antisémite ébranle le quartier
de la gare centrale.

En mai 1942, l'administration
communale sous la direction du bourgmestre Leo Delwaide et à
la suite de l'ordonnance allemande imposant le port de l'étoile
jaune à tous les ressortissants juifs, organise la distribution
des étoiles de David. La police communale d'Anvers s'implique
également lors des rafles d'août 1942. La
coresponsabilité des protagonistes belges de la Shoah en
Belgique fait l'objet d'un rapport commandité par le sénat
: La Belgique docile. La Belgique présentera officiellement
ses excuses à la communauté juive pour le rôle
qu'a joué son administration et ses forces de police dans
la déportation des Juifs de Belgique

En septembre 1944, le mouvement
de résistance des Witte Brigade (les brigades blanches) parvint
à localiser les sabotages allemands dans la ville et les
installations portuaires, et guida l'avant-garde canadienne qui
libéra la ville et sauva le port de la destruction. Cela
s’avéra vite de première importance pour le
ravitaillement des armées alliées. Aussi,
les Allemands lancèrent-ils V1 et V2, des missiles qui plurent
sur la ville, d'octobre 1944 à janvier 1945, visant le port
qui travaillait jour et nuit à l'approvisionnement des armées
alliées. Il en résulta de nombreuses victimes
civiles. Au début du XXIe siècle, le port
d'Anvers est le deuxième port d'Europe, après Rotterdam.
La réputation des diamantaires anversois fait de cette ville
la première place mondiale de taille et de négociation
du diamant.


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