Etape 29 - Arrivée
au village de Gao Qiao - A la maison de Li Weihan
Mardi 9 avril 2024.
Ce matin, nous partons de très bonne heure du centre de Changsha
pour nous rendre au petit village de Gao Qiao, toujours dans le
district de Changsha, où est né et a grandi
Li Weihan, jne des figures historiques de la révolution communiste
en Chine, grand initiateur du programme Travail-Etudes dont un grand
nombre d'artisans se sont retrouvés dans les années
1920, à Montargis.

C'est en sortant du centre industriel
du district de Changsha que l'on découvre une autre
Chine, la Chine éternelle, rurale et proche de son âme
terrienne que des décennies de planification économique
n'auront pas suffi à éradiquer.

Petits travailleurs coiffés
de chapeaux pointus peuplent encore ces campagnes profondes, ici
aux champs de thé, là dans les rizières,
ailleurs sur les routes, ou quelque part dans un champ de légumes,
courbés par le poids de leur hotte trop lourde où
s'accumulent pêle-mêle les fruits de la cueillette.
Pois, fèves, concombres, choux qui font encore toute la richesse
de la gastronomie chinoise.

Et c'est justement dans cette campagne
profonde, là où la misère quasi féodale
s'est apparentée pendant des siècles à une
fatalité, que naquit, au début du siècle dernier,
l'envie de réveiller les consciences prolétaires.

Un mouvement porté par Cai Hesen
et Deng Xiaoping qui firent le voyage jusqu'à la lointaine
France et la petite ville ouvrière de Montargis,
soutenue depuis sa maison familiale par Li Weihan, le père
fondateur du programme "travail-études".

C'est ici, dans ce "petit village"
de 30.000 âmes (tout pousse à la démesure dans
cet Empire du Milieu qui déborde de superlatifs !) que
le lien entre Montargis et la Chine prend tout son sens.

Comme un retour aux sources pour ces
deux villes si éloignées l'une de l'autre, mais
dont la pauvreté, à l'ombre des grandes villes, formait
alors le terreau du communisme naissant.

Dressée au bord d'un minuscule
étang, la maison de Li Weihan suffit à elle
seule à nourrir cette amitié hors normes.

Là, assise sur de modestes chaises
en bois, la délégation montargoise put véritablement
ressentir l'amour sincère d'un peuple reconnaissant.

Dans cette petite communauté
rurale conduite par un maire aux allures de Mao, dans les visages
souriants des conservateurs du musée Li Weihan, dans ces
yeux rieurs et encore ébahis qu'un groupe de Français
soient venus jusqu'ici, loin des sentiers touristiques que la Chine
nouvelle s'emploie à promouvoir : nulle trace d'intérêt,
ni objets à vendre ou à acheter, ni usine à
vanter, ni chiffres, aucun indicateur, juste l'envie de raffermir
ce lien d'amitié éternelle nourrie par la reconnaissance
d'avoir un jour accueilli en France, à Montargis, les étudiants
chinois à l'origine de la création du Parti communiste
chinois.

Là, plus qu'ailleurs, pendant
toute la durée de cette tournée sino-montargoise,
le mot amitié prit tout son sens. Le bon sens paysan
sans doute.

Et si tout ça ne suffisait pas
encore pour montrer à la France la grandeur d'une
nation en marche, il fallait encore sceller le tout dans une tasse
de thé.

Petit moment hors du temps où
la couleur du breuvage se colle au temps qui passe : le
blanc sucré pour l'enfance, le salé pour l'adulte
et le vert nature pour la sagesse acquise.

Autour de la table, nul besoin de mots,
juste des sourires partagés et une cérémonie
d'amitié imprimée dans le cœur comme
les mots des livres échangés entre les deux musées,
celui de l'amitié Chine-Montargis, rue Raymond-Tellier et
celui du village natal de Li Weihan.

Et en bande sonore l'attachement sincère
d'anciens Chinois de France, des "retournés",
fiers d'être revenus au pays, mais dont l'amour pour la France
reste collé au cœur.

Sur le chemin du retour, sur cette
longue route cheminant à travers les collines verdoyantes
de l'Hunan, direction Changsha et ses usines du monde, dans
le silence du bus, on pouvait lire encore dans les yeux de chacun
cette petite étincelle, un peu bleu, un peu rouge, où
naissent les amours éternelles.


















|