Etape
26 - L'ancienne Rome du Nord et ses vestiges
Dimanche 27 août 2023. Trèves,
située sur la Moselle dans l'ouest de l’Allemagne,
fut une colonie romaine au Ier siècle de notre ère,
puis un grand centre marchand au début du siècle suivant.

Elle devint l’une des capitales
de la Tétrarchie à la fin du IIIe siècle et
fut qualifiée de « seconde Rome ».

Le nombre et la qualité des
monuments qui y sont conservés apportent un témoignage
exceptionnel sur la civilisation romaine.

Aucun endroit au nord des Alpes ne
comporte autant d'édifices romains et une telle densité
de traces de colonie romaine conservés que Trèves,
la « Rome du Nord ».

Dans l'Antiquité tardive, Trèves
était l’une des plus grandes villes de l'Empire romain
; siège du Préfet des Gaules, de Germanie, de Britannia
et d’Hispania et, après la réforme impériale
de l'empereur Dioclétien, elle devint le siège du
vice-empereur (César) de l'Empire d'Occident.

Alors que les édifices construits
au cours des premiers et deuxième siècles (le pont
sur la Moselle, les thermes de Barbara, la Porta Nigra et la colonne
lgel) illustrent la richesse de la ville marchande qui ravitaillait
les villes de garnison et les forteresses sur le Rhin, les bâtiments
monumentaux datant du règne de Constantin (les thermes impériaux,
l’Aula Palatina, la Cathédrale) reflètent
l’étendue du pouvoir impérial et la dernière
revendication à la domination mondiale de l'Empire d’Occident
avant le déclin de l’Antiquité (revendication
reprise en Orient par la nouvelle capitale de l'Empire, Constantinople,
qui se substituait ainsi à Trèves et à Rome).

Parmi les bâtiments conservés
de l’Antiquité, au moins deux sont uniques. La
Porta Nigra, avec son état de préservation et sa composition
architecturale (combinaison de porte fortifiée et d’architecture
palatiale) est une réalisation singulière qui ne ressemble
à aucune autre porte de ville romaine existante.

Sa transformation en église
double très inhabituelle au Moyen Age en fait aussi
un symbole de l'histoire de l’Occident.

La monumentale structure de brique
de la Basilique, avec sa forme lapidaire et ses vastes dimensions
intérieures (la plus vaste de l’Antiquité) était
l'incarnation du siège et du pouvoir de l'Empire romain (sedes
imperii).

L’un des plus anciens édifices
religieux du monde occidental, la Cathédrale témoigne
de la foi chrétienne depuis que Constantin a fait du Christianisme
une religion tolérée et soutenue dans son Empire.

Sa conception architecturale mêle
des éléments de chacune des périodes
classiques, médiévales et modernes, mais reste marquée
par la conception monumentale de son origine.

La série de tombeaux des archevêques
couvre, avec quelques interruptions, toute la période
du XIIe à la fin du XVIIIe siècle.

La parclose romane, la chaire renaissance
et certains des autels en marbre baroques sont des œuvres
de sculpture majeures de leur périodes respectives.

L'Eglise Notre-Dame est la
première église de style gothique classique français
construite hors de France.

La pureté de son style
(elle a été achevée en seulement 30 ans) et
l’application stricte d’un plan architectural gradué
de type basilical pour sa partie centrale, pour lequel
il existait des modèles partiels, mais aucun exemple complet
en France, en font probablement le plus parfait exemple de construction
sur plan central de style gothique.

Trèves est, au même titre
qu’Istanbul, l'exemple d'une grande capitale romaine
après la division de l'Empire.

Les restes du Palais impérial,
avec l'Aula Palatina et les thermes impériaux (les
plus vastes de l'Empire romain après ceux de Dioclétien
et de Caracalla à Rome) frappent par leur gigantisme.

Sous la Basilique nord (actuelle Cathédrale),
le décor d’un plafond peint, où l’on
croit identifier les membres de la famille impériale (très
probablement Helena et Fausta), témoigne lui aussi du caractère
aulique de l’architecture.

Trèves est directement et tangiblement
associée avec l'un des événements majeurs de
l'histoire humaine : la marche de Constantin contre Maxence
en 312, prélude à l'édit de Milan (313), qui
signifiait la reconnaissance du Christianisme.

Le tissu urbain de la ville correspond
toujours à sa configuration du IIe siècle,
avec les grands axes du cardo (Simeonstrasse) et du decumanus (Kaiserstrasse).

Les composantes du bien du Patrimoine
mondial sont soit des ruines bien préservées
(thermes de Barbara, thermes impériaux, amphithéâtre),
soit des monuments qui ont retrouvé leur apparence romaine
au XIXe siècle grâce à la suppression d’ajouts
ultérieurs (Porta Nigra) ou à la reconstruction (Basilique)
ou à l’incorporation des structures romaines
(pont de la Moselle, Cathédrale).

La colonne Igel a survécu intacte,
l'Eglise Notre-Dame a remplacé l'église sud de l’ensemble
de la cathédrale de Constantin au XIIIe siècle.

Tant par leur forme que leur dimension,
tous les édifices romains témoignent de l'importance
de l'ancienne capitale de l'Empire d'Occident jusqu'à ce
jour. Tous sont des monuments historiques de grande valeur.





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