Nemausus - Les arènes romaines
Samedi 17 mars 2018. Dernière étape de cette courte visite de Nîmes, j'ai laissé le meilleur pour la fin : les arènes romaines***. Cela fait un peu plus de dix ans que je ne les ai pas contemplées. J'ai assisté là à plusieurs corridas au moment de la feria de la Pentecôte. J'en garde quelques uns de mes meilleurs souvenirs... Mais aujourd'hui, je suis seul au-dessus du sable des arènes. Marinnette travaille aujourd'hui et m'a laissé explorer seul le plus beau vestige de l'antique Nemausus.

Les arènes de Nîmes*** datent à peu près de la même époque que l'amphithéâtre de sa voisine, Arles. Environ de la fin du 1er siècle au IIe siècle ap. J.-C. Cet amphithéâtre ne se distingue de son frère arlésien que par les voûtes des galeries en berceau, suivant la tradition romaine.

S'il n'est pas ses dimensions, que le 9e des vingt amphithéâtres romains retrouvés en Gaule, il reste le mieux conservé du monde romain.

Construit en grand appareil de calcaire de Barutel, il présente à l'extérieur deux niveaux de soixante arcades chacun (hauteur totale de 21 m) couronnés d'un attique. La principale des quatre portes axiales, au nord, a conservé un fronton orné de taureaux. Bien que monumental, l'amphithéâtre ne comporte que trois éléments décoratifs : la louve romaine allaitant Romulus et Rémus, deux gladiateurs combattant, ainsi que deux bustes de taureau surmontant une des nombreuses arcades de l’amphithéâtre.

Une fois à l'interieur, on peut ainsi apprécier le système complexe de couloirs, d'escaliers, de galeries et de vomitoires qui permettait au public d'évacuer l'édifice en quelques minutes. Chaque maenianum était réservé à une classe sociale de la société nîmoise, à savoir les plus aisés aux premiers rangs et les plus modestes aux derniers rangs, et chacun desservi par une galerie voûtée, appelé vomitorium.

Du sommet des gradins, on a une vue d'ensemble du monument et de la cavea, ensemble des gradins. La cavea, entourant la piste, divisée en 60 travées rayonnantes et 34 rangs de gradins, pouvait accueillir 24 000 spectateurs.

Sous l'arène (68 sur 37 mètres), deux larges galeries disposées en croix servaient de coulisses. L’accès à la piste par les gladiateurs se faisait directement par des escaliers depuis les galeries souterraines. L’édifice présente peu de décors sculptés puisque son architecture suffit à lui donner une allure monumentale.

Tout en haut des gradins, sur l'attique, subsistent des consoles percées d'un trou : elles recevaient les mâts supportant le velum destiné à protéger le public du soleil.

L’amphithéâtre de Nîmes peut également être mis en relation avec le Colysée de Rome***. Le Colisée, terminé en 80 de notre ère aurait servi de modèle dans la construction de l’amphithéâtre de Nîmes, ce qui montre que la ville de Nîmes voulait se rapprocher au mieux de la civilisation romaine.

Le spectacle le plus fréquent et le plus apprécié était le combat de gladiateurs. Il existait des écoles de gladiateurs qui formaient des volontaires, esclaves ou souvent hommes libres. Ces écoles étaient souvent le dernier refuge pour ses hommes déclassés, rejetés par la société.

Les combats de gladiateurs se terminaient souvent par la mort de l’un des adversaires si le vaincu n’était pas gracié par le public. Chaque année, fin avril, ces "ludi" (jeux du cirque) sont reconstitués lors des Grands Jeux Romains auxquels participent plus de 500 reconstituteurs spécialistes de l'antiquité.

Depuis le sommet de l'attique, il faut penser à se retourner pour admirer la vue exceptionnelle que l'on peut avoir sur la ville moderne.


Après l'interdiction des combats de gladiateurs en 404 , les arènes furent transformées en forteresse par les Wisigoths : il leur suffit de boucher les arcades, d'ajouter quelques tours, de creuser un fossé et, peut-être, d'édifier une petite enceinte supplémentaire (vestiges dans le sous-sol du palais de justice). Elles seront même connues plus tard sous le nom de « château des chevaliers des arènes » avec l'édification de tours au sommet du monument (celles d'Arles ont été conservées).

Lors des Grandes Invasions de l'Antiquité tardive puis au Moyen Âge durant les périodes d'insécurité, la population se réfugia même dans l'enceinte de l'édifice qui fut alors utilisé comme village fortifié, le castrum arenae, qui contenait deux églises, 220 maisons, ainsi qu'un petit château. Bon nombre de gradins furent désossés pour servir de carrière de pierres à l'édification de ces bâtiments.

François Ier, lors d'une visite à Nîmes au début du XVIe siècle durant laquelle il reçut d'ailleurs des autorités locales une réplique en argent du monument (pièce d'orfèvrerie perdue aujourd’hui), s'émut de l'état de l'édifice et préconisa son dégagement pour la première fois, ce qui resta lettre morte.

La restauration des arènes et la destruction des habitations, à l'intérieur de l'amphithéâtre ou à l'extérieur qui prenaient appui sur le bâtiment, fût ordonnée à la fin du XVIIIe siècle par le décret en Conseil du roi du 28 mars 1786 (en même temps que celle des remparts médiévaux de la vieille ville afin de créer boulevards et promenades du tour de ville). La période révolutionnaire porte un coup d'arrêt provisoire à ces travaux. L'intégralité du monument est dégagée de ses constructions parasites en 1812, mais il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle, sous le Second Empire, pour qu'une vaste campagne de réhabilitation, voire de restauration importante de certaines parties, soit réalisée.

Nemausus - Au sommet de la Tour Magne
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