Etape 23 - Autour du Rynek - La basilique Mariacki
Vendredi 10 mars 2017. Autour du Rynek, impossible de passer à côté de l'imposante basilique Mariacki***. Dédiée à l'Assomption de la Vierge, elle est la troisième du nom à avoir été bâtie sur cet emplacement. Sa dernière version date donc de 1335 (achevée en 1408), dans le plus pur style gothique. Elle incarne la toute puissance de la bourgeoisie qui finança sa construction.

Bon, autant le dire tout de suite, on n'est pas devant l'un des plus beaux fleurons de la chrétienté. On est même bien loin des grandes églises italiennes. Sa façade, même encadrée de deux tours asymétriques, s'avère plutôt sévère avec son porche de style baroque. Les portes latérales sont ornées de têtes d'apôtres en bronze et la porte principale des saints polonais. Pour la petite histoire, c'est au rez-de-chaussée de la tour de la Fanfare, dans la petite chapelle Saint-Antoine, que les criminels passaient leur dernière nuit avant leur exécution sur la place.

A l'intérieur, le lumière n'est pas très présente, malgré la rangée de vitraux gothiques qui décorent le choeur. Du coup, la nef est plutôt sombre et il est difficile de bien admirer sa voûte d'un beau bleu profond au sommet de laquelle un Jésus en croix nous regarde, et les voussures des arches colorées de jaune et d'ocre. L'ensemble a été remanié au milieu du XVIIIe siècle, puis un siècle plus tard pour tenter de restituer l'aspect gothique primitif. Dommage qu'il manque tant de lumière pour véritablement tout apprécier à sa juste valeur.

A l'intrieur encore, se cache le trésor de la basilique : un incroyable retable de Veit Stoss, dont les panneaux sont ouverts chaque jour, à 11 h 50. Encore fallait-il le savoir au préalable ! Du coup, je passerai à côté de ce petit bijou réalisé entre 1477 et 1489. Un retable de 13 m de haut pour 11 de large, orné de plus de 200 personnages qui représente un cycle consacré à la vie de la Vierge. Au centre, la scène représente l'Assomption de la Vierge, où, chancelante, elle est soutenue par saint Jacques et entourée des apôtres...


Mais le véritable intérêt de la basilique reste à mes yeux ses deux grandes tours dissymétriques, celle de gauche (81 m) dominant celle de droite (69 m). Selon la légende, on doit cette différence à la lutte à mort entre deux frères architectes qui rivalisèrent pour la construction des deux tours jusqu'à ce que l'un n'assainât l'autre et finisse par être exécuté sur la grand place. Après ça, aucun architecte n'aurait osé achevé la construction des deux tours et la municipalité décida alors de les coiiffer toutes deux d'une coupole. Pour l'anecdote, ce serait à cause de cette légende qu'un vieux couteau à la lame oxydée pend toujours sous l'une des arcades de la halle aux draps pour rappeler au tout-venant que le crime ne paie jamais...

Depuis la plus haute des deux tours, la vue est en tous les cas fantastique. La Halle aux Draps prend ici toute sa dimension dressée qu'elle est en plein centre de la place médiévale.

La tour de gauche***, celle-là même où je suis monté pour prendre ces photos de la ville, est surmontée d'une coupole gothique composée de seize clochetons entourant une haute flèche centrale. Celle-ci est enchâssée par une couronne dorée de 350 kg et terminée par une boule dorée. C'est ici que chaque jour, à midi précise, qu'un trompettiste vient jouer le hejnal***, une petite mélodie jouée sur cinq notes (retransmise chaque jour par la radio polonaise !). Cette tradition date du XIVe siècle quand un guetteur, perché au dernier étage de la tour, soufflait dans sa trompette pour annoncer l'ouverture et la fermeture des portes de la ville. Quant à la mélodie tronquée, l'histoire raconte que ce même guetteur, lors de l'invasion tatare du XVIe siècle, fut interrompu dans sa musique par une flèche tirée par l'ennemi...

Quant à la tour de droite, la tour des Cloches***, celle-ci a toujous fait office de beffroi municipal. Reste enfin la vue que le sommet de ces deux tours offre aux visiteurs. Tout simplement fantastique. Depuis là-haut, on comprend pourquoi Cracovie fut la première grande ville à être inscrite à l'inventaire du patrimoine mondial de l'humanité dès 1978.



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