Etape 1 - Pologne - De Cracovie au camp d'Auschwitz
Mercredi 8 mars 2017. Cracovie et le camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau. Bien plus qu'un voyage. Un long chemin à travers le passé que je comptais faire depuis longtemps. En cette fin d'hiver, l'occasion s'est enfin présentée. Je pars sur les traces du passé de mon père. Mathausen. Dora. Mon père n'a pas été interné à Auschwitz, mais l'holocauste fait pleinement partie de notre histoire familiale. En ce matin d'hiver, je suis enfin prêt. Direction la Pologne. Rendez-vous à Roissy. Tôt le matin. Très tôt. Départ à 4 heures de Montargis pour être à l'heure au départ de l'avion. Easyjet. Mauvais souvenir de Sicile. Cette fois-ci, l'avion décolle à l'heure. Deux petites heures de vol. Pas plus. L'horreur à moins de deux heures de Paris. L'histoire toujours. Arrivée à Cracovie. Petite brume matinal, puis le ciel se dégage. Le temps de grimper à bord de la navette ferroviaire qui conduit à Cracovie, de prendre quelques zotlis au distributeur de billets, et me voici en plein centre de la ville. Gare de Cracovie. Tout le monde descend. Rien de plus facile en fait. Bonne pioche, mon hôtel se trouve à deux pas de la gare routière et du centre de la vieille ville. Le temps d'enregistrer mon arrivée, de déposer ma valise à la consigne de l'hôtel, et je grimpe à bord d'un autobus. Une poignée d'euros pour une petite heure de route à travers la campagne polonaise. Ausxchwitz-Birkenau se trouve à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Cracovie. 11 h 30. Je suis arrivé à destination. Je n'en crois pas mes yeux. Il y a quelques heures de ça, j'étais encore chez moi ! Rarement, je me serai aussi bien débrouillé qu'aujourd'hui. Auschwitz-Birkenau. Rien que le nom me fait froid dans le dos. De loin, mon regard s'enfuit vers le portail tristement célèbre. Arbeit macht frei. Le travail rend libre... Je suis atterré.

Auschwitz-Birkenau. Passé le portail, les premiers bâtiments apparaissent. Le poids de la mort est si puissant, si pesant que je peine à avancer et à suivre le groupe. Je me suis inséré à un groupe anglo-saxon. Nul besoin de casque pour comprendre l'horreur qui va défiler devant moi. Tout n'est ici que centré sur la destruction humaine. La mort.

Passé le portail d'entrée, c'est la gorge serrée que j'avance au milieu de la rue centrale. La rue, je devrais dire l'allée principale du camp nazi. La route de la mort. Alignement de baraquements jusqu'à perte de vue. Construction en brique. On se croirait presque dans une ville. Ambiance de mort. Le vide comme autant de concentrés de fantômes du passé, de cris et de douleurs. De peur surtout.

Je suis terrifié. J'ai longtemps hésité à venir ici et je comprends pourquoi. J'ai aussi hésité à prendre des photos. Et puis, j'ai compris qu'il fallait témoigner. Chaque témoignage, si minuscule qui soit, est une pierre à l'édifice du Souvenir. Ne jamais oublier l'Holocauste. Mon père a vécu l'enferet mes chaussures pèsent le poids de l'héritage familial. Les cris, les hurlements de mon père, la nuit. Je n'ai pas oublié. Tout est là. Comme une réduction miniature de l'enfer qui hurlait de l'autre côté du couloir de ma chambre, quand la nuit ma mère essayait de calmer les terreurs de mon père. Je n'ai pas oublié. Auschwitz-Birkenau, un raccourci vers mon enfance traumatisée.



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