Bretagne - Les
fantômes du cimetière de bateaux de Saint-Malo
Jeudi 17 décembre 2020.
Le coucher du soleil s'installe. L'astre est au plus bas
sur l'horizon et perce la croûte des nuages traversant tout
à coup les dernières membranes de bois des coques
de bateaux.

Sur les flancs des coques abandonnées
et éclaboussées des derniers reflets du soleil, les
oeuvres des artistes apparaissent en pleine lumière.

Plus loin, les coques rongées
par le sel, la boue et la pourriture se parent d'une étrange
lumière mordorée.

Le ciel se pare lui aussi de ses plus
beaux atours, les nuages se colorent de rouge et d'orangé
tandis que le soleil éclabousse encore de ses rayons les
coques dispersées sur la grève.

Les coques de bateaux se couchent sur
leur flanc en attendant que la marée ne remonte et
les recouvre encore de vase jusqu'au jour, où bientôt,
elles finiront par disparaître, engloutie à jamais
et rendue à la mer.

Quelmer et son cimetière de
bateaux sont un site à part. Un site auquel beaucoup
sont attachés.

Régulièrement, certains
s’émeuvent à l’idée qu’il
pourrait disparaître...

Le cimetière se réduirait
ainsi « de jour en jour » et pourrait finir par être
« nettoyé » de ses épaves.

Dame nature ferait elle aussi les frais
de cet amas de ferraille ? De la peinture au plomb, de l’amiante,
de l’huile de moteur... Le site a aussi ses mauvais atours.

Quant aux fresques qui décorent
ces vestiges de notre passé, certaines sont belles. Mais
c’est loin d’être le cas de toutes...

Si la plupart des bateaux qui attendent
leur fin sur cette grève sont en bois, on trouve
aussi de vieilles carcasses en acier.

Un groupe de retraités,
paraît-il, s’y rejoint tous les soirs pour boire un
verre et refaire le monde sous un abri aménagé, dans
une ambiance de vieux marins...

Plus insolite, un concert improvisé
autour d’un piano s’est tenu dans ce décor unique.

Un monde à part on vous dit.
« Un monde qu’il faut absolument préserver
», défend pour sa part un habitué et amoureux
des lieux.

Ce cimetière est le dernier
rempart qu’il existe ici pour protéger la mémoire
des charpentiers de marine. C’est la trace de leur savoir-faire.

Bien sûr, le site a beaucoup
changé ces quarante dernières années. La
nature a fait son œuvre. L’érosion a eu raison
de certaines épaves mais l’intervention humaine a aussi
fait des dégâts.

Des épaves dignes d’intérêt
auraient ainsi pu être sauvées. Et certains
s'interrogent de savoir si un jour il disparaîtra tout à
fait...

Et il se peut qu'un jour cette
grève finisse par être débarrassée de
ses épaves. Au nom du tout sécuritaire, ça
arrivera malheureusement...

Pour éviter cette issue, des
bénévoles appellent tous les amoureuxdu cimetière
marin de Quelmer à monter une association visant à
préserver les lieux.

Certains craignent aussi que
la nouvelle filière de déconstruction et de valorisation
des bateaux de plaisance mise en place en place au niveau national
ait raison du site.

Car c’est qu’il y a urgence
à traiter le mal d’après les protecteurs de
l’environnement : sur les côtes françaises, ce
sont des dizaines de milliers d’embarcations qui sont à
l’état d’abandon.

Leurs coques plastiques ou
aluminium qui se dégradent et se décomposent en microparticules
puis s’éparpillent dans l’écosystème.

Sans parler des réservoirs
au fond desquels flottent toujours des résidus d’essence
ou d’huile.

Sans parler (parfois) de la pollution
visuelle. Et sans parler des dangers que cela peut aussi
représenter pour la navigation.

Bretagne
- Au cimetière de bateaux de Saint-Malo
Cimetière
de Quermer - Au milieu des vieilles coques
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