Etape 15 - Istanbul - Au pied des anciens remparts de Constantinople

Samedi 22 mars 2025. Un petit retour en arrière et une petite parenthèse historique pour évoquer rapidement les anciens remparts de Constantinople que nous sommes allés voir après notre visite de Saint-Sauveur in Chora. Une visite que je conseille à tout le monde, et qui devrait être faite dès le départ pour mieux comprendre l'histoire de cette ville qui résista pendant plus de mille ans à toute tentative d'invasion. Et dieu sait qu'elles furent nombreuses !

Ce système défensif, qui résista à vingt-neuf sièges en mille ans, constitue un palimpseste architectural unique où chaque couche de restauration – byzantine, latine, ottomane – ajoute une strate technologique sans effacer complètement la précédente. Les variations subtiles dans l'appareil des murs (taille des briques, composition des joints, orientation des chaînages) forment une chronologie matérielle plus précise que bien des sources écrites.

Les remparts théodosiens de Constantinople constituent un système défensif complexe où se superposent trois lignes fortifiées – fossé, mur bas et mur principal – sur près de 6,5 km entre la mer de Marmara et la Corne d'Or. Leur construction entre 408 et 413 sous Théodose II mobilisa des techniques romaines tardives adaptées à la topographie accidentée : les fondations en gros blocs de calcaire procopien descendent jusqu'à 7 mètres de profondeur dans les zones marécageuses près de la porte de Charisius, tandis que les sections surélevées comme la colline VII utilisent un remplissage de terre compactée entre des murs de soutènement.

Le mur intérieur, haut de 12 mètres avec ses 96 tours, présente des particularités structurelles méconnues : les tours triangulaires des angles (comme près de la porte de Saint-Romain) ont un noyau rempli de mortier mélangé à des tessons d'amphores pour alléger la structure, tandis que les tours rectangulaires alternent briques et pierres selon un rythme mathématique précis – cinq assises de brique pour deux de pierre. Les archères cruciformes, disposées en quinconce sur trois niveaux, sont calibrées pour des trajectoires de tir convergeant à 35 mètres du fossé.