Etape 13 - Istanbul
- La mosquée de Fatih, une des plus vieilles mosquées
de la ville
Samedi 22 mars 2025.
Après Saint-Sauveur in Chora, nous reprenons le bus pour
nous rendre à Sultanhamet. Mais c'est sans compter les manifestations
contre le coup de force d'Erdogan contre le maire d'Istanbul, qui
va nous obliger à faire une partie du chemin à pied.
En chemin, nous nous arrêtons à la mosquée
de Fatih.

La mosquée de Fatih, achevée
en 1470 sous le règne de Mehmed II, représente
une rupture architecturale dans l'histoire ottomane, synthétisant
des éléments byzantins, perses et anatoliens avec
une rigueur géométrique inédite.

Son plan centré à coupole
unique (26 mètres de diamètre) précède
d'un demi-siècle les réalisations de Sinan, reposant
sur un système de supports massifs intégrant discrètement
des colonnes de remploi provenant de l'église des Saints-Apôtres
qu'elle remplaça.

L'édifice actuel, reconstruit
après le séisme de 1766, conserve du projet originel
les proportions calculées selon le module de l'ancienne coupole
théodosienne : le diamètre de la salle de
prière correspond exactement à la largeur de l'hippodrome
byzantin voisin (117,5 mètres).

Les huit piliers composites,
alternant marbre blanc de Marmara et porphyre rouge, s'élèvent
selon une légère inclinaison convergente (0,87°)
compensant optiquement la déformation perspective.

Le mihrab baroque tardif,
sculpté dans un bloc unique de marbre de Proconnèse,
présente une niche profonde de 3,2 mètres dont les
stalactites géométriques reproduisent à l'échelle
1:10 la structure moléculaire du cristal de roche.

Les vitraux de la qibla, réalisés
avec des verres vénitiens du XVIIIe siècle,
filtrent la lumière selon un spectre calculé pour
illuminer le mihrab à midi solaire pendant le mois de Ramadan.

Le complexe inclut des innovations
hydrauliques méconnues : un réseau de canaux
en terre cuite courant sous les madrasas régule l'humidité
par circulation d'air, tandis que les fontaines des ablutions sont
alimentées par une citerne byzantine retravaillée,
dont les parois présentent des graffiti croisés-musulmans
du XVe siècle.

Le türbe de Mehmed II, reconstruit
en 1784, utilise une acoustique particulière - les
murs intérieurs étant percés de 241 cavités
hémisphériques de tailles variables annulant les résonances
graves.



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