La sainte-chapelle
du château de Vincennes
Samedi 10 août 2019.
La Sainte-Chapelle de Vincennes a été fondée
en 1379 dans l'enceinte du château de Vincennes, à
la demande du roi de France Charles V, afin d'y abriter les reliques
de la Passion du Christ.

Les travaux sont confiés à
l'architecte Raymond du Temple. Le plan de base reprend
celui de la Sainte-Chapelle du Palais de la Cité à
Paris. Cependant la Sainte-Chapelle de Vincennes ne comprendra qu'un
seul niveau de 20 mètres de hauteur au lieu de deux comme
pour celle de Paris. La Sainte-Chapelle de Vincennes est
un chef-d'œuvre de style gothique flamboyant.

À la mort de Charles
V en 1380, les travaux continuèrent avec son successeur le
roi Charles VI. Sous son règne sont achevés
le chœur, les deux oratoires, la sacristie et le trésor
contenant les reliques de la Passion.

L'élévation de la nef,
d'un seul niveau et aux vertigineuses proportions, se poursuit.
Les travaux perdureront sous les règnes successifs des rois
de France, avec un certain nombre d'intermèdes.
La façade
elle-même n'est terminée que sous le règne
de Louis XI vers 1480. De plus, il confirma, par ses lettres
patentes, les privilèges de la Sainte-Chapelle octroyés
par ses prédécesseurs, en février 1474.

Sous François Ier, l'aumônier
ordinaire du roi, Guillaume Dubois, fut trésorier
de la Sainte-Chapelle du château de Vincennes, puis chantre
de la Sainte-Chapelle de Paris.

Ce n'est que sous Henri II
que les décors intérieurs sont réalisés.
En 1551, il fait transférer le siège de l'Ordre de
Saint-Michel du Mont-Saint-Michel à Vincennes pour
des raisons d'accessibilité.

L'édifice est inauguré
en 1552. Les vitraux définitifs remplacent en 1559
des verrières blanches installées provisoirement en
1556.

En 1793, lors des évènements
de la Révolution française, les décors intérieurs
sont détruits et les vitraux sont déposés.
La Sainte-Chapelle de Vincennes conserva longtemps, dans son trésor,
le baptistère de Saint Louis.

Depuis Louis XIII au moins,
il servait de cuve baptismale lors des baptêmes des enfants
de France. Le baptistère royal fut transféré
au Musée du Louvre après la Révolution en 1793.

Lors de la tempête du
26 décembre 1999, le vent a traversé à 200
km/h la Sainte-Chapelle, détruisant les vitraux des baies
de la nef qui avaient été refaits après leur
destruction lors de la dernière guerre. Le vent
a en outre provoqué un effet de tambour mettant les voûtes
en vibration, faisant tomber de nombreux joints et provoquant d'importantes
déformations.

La décoration intérieure
a été dans l'ensemble très soignée,
mais l'élément le plus remarquable était
l'ensemble de verrières offert par Henri II.

Il a été commandé
par Philibert Delorme, maître d'œuvre, par le
marché du 15 avril 1551, au célèbre vitrailleur
parisien Nicolas Beaurain, d'après des cartons d'un
artiste non identifié remis par Philibert Delorme, parfois
désigné comme le maître des verrières
de Vincennes. Peut-être s'agit-il de Claude Badouin
ou de Jean Cousin l'Ancien.
Chef-d'œuvre
du vitrail parisien du XVIe siècle, elles se caractérisent
par l'usage important de la grisaille, la structuration des compositions
par des éléments architecturaux et une attention toute
particulière à la luminosité.

Les couleurs qui y dominent sont avant
tout des teintes claires : jaune, orangé et gris.
Beaurain y fait preuve d'une maîtrise de son art
liée au prestige de ce chantier : les plaques de
verre coloré sont de grande taille, atteignant parfois quarante
à cinquante centimètres, la peinture est extrêmement
soignée, notamment sur les visages traités comme des
tableaux et la grisaille est appliquée sur les deux faces
du verre de manière à créer des effets d'opalescence.

La composition des verrières
a été structurée en quatre registres
superposés, séparés par des éléments
d'architecture renaissante contrastant avec les huisseries gothiques
dans lesquelles s'inséraient les fenêtres.

Tous les éléments d'architecture
sont réalisés en grisaille. En bas, on trouvait
la figuration d'un soubassement sculpté de trophées
devant lequel se trouvaient des personnages prière tournés
vers le chœur. Il s'agit de chevaliers de Saint-Michel en habits
de l'ordre.

Dans la verrière centrale du
chœur, à la place d'honneur, on voit le roi
en prière flanqué de deux trophées aux armes
de France, tourné vers une Vierge à l'Enfant trônant
- dont l'original est aujourd'hui au Louvre et que toutes ces figures
semblent regarder.

Au-dessus se trouvaient deux
registres historiés délimités par la figuration
d'arcs de style Renaissance. Entre les deux, court
une frise alternant des triglyphes et des métopes décorées
de monogrammes, de triples-croissants et d'arcs et de flèches.
Une seconde frise reprenant les mêmes emblèmes dans
des rinceaux sommait ces deux registres.

Un quatrième registre se situait
en haut des verrières, dans la partie ogivale. Il
se composait de pignons à volutes et des emblèmes
déjà mentionnés.

Les verrières de la nef ont
été en grande partie perdues lors des destructions
de l'époque révolutionnaire. Elles sont essentiellement
connues par des dessins, notamment les relevés de Gaignières.

Le décor y était avant
tout emblématique. Dans le chœur, en revanche,
le décor illustre l'Apocalypse selon Saint Jean.

Les vitraux s'y caractérisent
par une polychromie très marquée avec un usage
virtuose des verres colorés, allant des roses pastel et du
Jean-Cousin aux rouges et aux bleus les plus denses.

Les nombreuses scènes de flammes,
notamment, sont traitées avec une maîtrise
exceptionnelle de cet art.

Le sujet se répartit sur
cinq grandes verrières et deux petites verrières hautes,
soit douze panneaux historiés.

On y trouve ainsi : verrière
haute, à gauche du chœur : vision des trois anges ;
première verrière, en haut : le petit livre ; première
verrière, en bas : les deux témoins ; deuxième
verrière, en haut : la troisième trompette ("il
chut du ciel une grande étoile...") ; deuxième
verrière, en bas : la quatrième trompette ("le
tiers du soleil, de la lune et des étoiles...") ; troisième
verrière, en haut : la cinquième trompette ("J'aperçus
alors une étoile déchue du ciel...") ; troisième
verrière, en bas : la sixième trompette ("J'entendis
alors une voix, issue des quatre coins de l'autel...") ; quatrième
verrière, en haut : la première trompette ("une
grêle de feu mêlé de sang se précipita
sur le sol...") ; quatrième verrière, en bas
: la deuxième trompette ("une sorte de grande montagne
ardente se précipita dans la mer...") ; cinquième
verrière, en haut : les sept tonnerres ; cinquième
verrière, en bas : la dernière trompette ("Le
septième ange enfin sonna de la trompette...") ; verrière
haute, à droite du chœur : vision du fils de l'homme.

Un château
délaissé, mais siège de l'histoire
Un château
fort qui a su traverser l'histoire
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