Les ruines du
château fort des Andélys
Jeudi 21 février 2019.
En cette belle journée d'hiver, j'ai décidé
de partir en excursion en Normandie. Il fait un soleil magnifique
et je pars de bon matin, direction le nord-ouest de la capitale
pour mettre le cap sur le fameux château Gaillard, aux Andélys,
qui gardait autrefois l'entrée ouest de Paris en dominant
les méandres de la Seine.

Mais la Normandie rime pour moi avec
malédiction. Et alors que le temps est au beau fixe
tout le long de la route... Patatras ! Dès les premiers mètres
en territoire normand, me voici en plein brouillard ! C'est
la troisième fois que ça m'arrive en autant de tentative
!

Que m'importe ! Je vais profiter des
circonstances pour faire des photos impressionnistes, photos
qui ont le don de ravir mes amis photographes russes... "Tumantchik
! Jean-Louis ! Tumantchik !" Et pour du Tumantchik, il y a
du tumantchik, ce matin ! Le brouillard est à couper au couteau
! On n'y voit pas à plus de dix mètres !

Du coup, les ruines du château
Gaillard surgissent péniblement de l'épais manteau
de brume qui pèse sur la Normandie. Mon petit doigt
me dit que j'ai aussi affaire avec un épisode de pollution,
si fréquent à cette époque de l'année.
Que m'importe ! De cet écueil, je parviens à
réaliser quelques clichés, qui, au final, donne une
vision quasi surréaliste à cet endroit... Elle est
pas belle, la vie !

Un peu d'histoire maintenant... Merci
Wikipedia ! Château-Gaillard est un ancien château
fort construit à la fin du xiie siècle, aujourd'hui
en ruine, dont les vestiges se dressent sur la commune française
des Andelys au cœur du Vexin normand, dans le département
de l'Eure, en région Normandie.

Sa construction par le roi
d'Angleterre et duc de Normandie, Richard Cœur de Lion, s'inscrit
dans la lutte que se livrent, depuis les années 1060, les
rois de France et les rois d'Angleterre, alors ducs de Normandie.
Elle verrouillait, avec d'autres châteaux et ouvrages
fortifiés, la vallée de la Seine. Sa prise en 12041,
annonce la perte de la Normandie et la fin de l'empire Plantagenêt.

En 1189, Richard Ier dit Richard
Cœur de Lion hérite des patrimoines de son père
Henri II Plantagenêt, partagés entre la France et l'Angleterre.
Le roi Philippe Auguste, jusque-là allié de Richard,
s'éloigne de lui. Ils partent toutefois ensemble dès
l'hiver 1190-1191 pour la Terre sainte dans le cadre de la Troisième
croisade.

Toutefois, après quelques mois,
Philippe Auguste retourne dans son royaume et profite de
l'absence de Richard pour entamer la conquête de la Normandie.
Dès son retour, le duc de Normandie entreprend avec énergie
de récupérer la suprématie sur la frontière
orientale de son duché.

Après avoir battu, en
1194, l'armée du Capétien à Fréteval
près de Vendôme, il conclut avec son rival le traité
d'Issoudun qui donne à Philippe Auguste Gisors, Gaillon et
Vernon, que son frère Jean sans Terre avait perdues.

Avec ces trois places aux mains du
roi de France, c'est la frontière orientale du duché
qui est fragilisée, les portes de la Normandie ouvertes et
Rouen, sa capitale, menacée.

Richard décide donc de construire
en avant de Rouen une grande forteresse sur la Seine. Il
choisit, entre Rouen et Vernon, Les Andelys à l'extrémité
d'une boucle de la Seine. Sa construction coûtera
45.000 livres soit cinq années de revenu du duché,
épuisant les ressources de l'État Plantagenêt.

Le choix des Andelys par Richard pose
un double problème : d'une part, le lieu appartient à
l'archevêque de Rouen, Gautier de Coutances à l'époque
; d'autre part, le duc n'a pas le droit de fortifier l'endroit
selon les termes du traité de 1196. Mais, il n'a pas le choix
s'il veut défendre la vallée de la Seine et passe
donc outre.

Ceci lui vaut les foudres de l'archevêque
Gautier, jusqu'à ce qu'un compromis soit trouvé en
octobre 1197 : Richard offre au prélat plusieurs
terres ducales en échange de la possession des Andelys5,
dont le port de Dieppe, source d'importants revenus. Cet échange
est particulièrement favorable à l'Église.

Après la mort de Richard Cœur
de Lion en avril 1199, son jeune frère Jean sans
Terre lui succède sur le trône ducal. Philippe Auguste
profite de cette succession pour relancer la conquête du duché
de Normandie.

Ainsi, quand en septembre, Philippe
entreprend le siège du château, la forteresse n'est
plus si stratégique. Elle reste toutefois pour le roi de
France un symbole important (c'est le château de
Richard Cœur de Lion) qu'il faut abattre.

Philippe Auguste entoure la
forteresse d'un double fossé de circonvallation qu'il hérisse
de 14 beffrois. Mais conscient du caractère redoutable de
la forteresse, le roi de France compte surtout sur un blocus qui
affamera la garnison et la population retranchées à
l'intérieur pour soumettre Château-Gaillard.
Roger de Lacy commande la garnison et se montre prêt à
résister le temps qu'une armée de secours envoyée
par Jean sans Terre le débloque.

Pour préserver les vivres,
les 1.200 habitants de La Couture (Petit Andely), qui avaient trouvé
refuge dans le château, en sont chassés en décembre.
Après avoir laissé passer la plus grande partie, les
assiégeants français repoussèrent le reste.
Plusieurs centaines d'entre eux, tassés dans la deuxième
enceinte, exposés au froid de l'hiver, mouraient de faim.

Mais ce n'est pas la famine qui assure
au roi de France la prise de Château-Gaillard. Il
tire parti des « erreurs dans la conception même de
la forteresse, qui vont apparaître au fur et à mesure
de la progression de l'assaut ». Les Français
attaquent d'abord la grosse tour qui domine l'ouvrage avancé.
Son écroulement oblige les défenseurs à
se replier dans le château proprement dit.

La légende voudrait que les
Français soient entrés dans la basse-cour par les
latrines ; Adolphe Poignant (XIXe siècle) raconte
que ce sont les troupes de Lambert Cadoc qui l'ont prise d'assaut,
une nuit. Cependant, à la lumière du récit
de Guillaume le Breton, ils se seraient introduits en réalité
par l'une des fenêtres basses de la chapelle que Jean sans
Terre aurait fait construire bien mal à propos.

Après avoir pénétré
dans la chapelle, les assaillants débouchent alors
dans la basse-cour tandis que les défenseurs s'enferment
dans le donjon. Mais comme un pont dormant relie la basse-cour au
donjon, les mineurs français n'ont pas de grandes difficultés
à s'approcher de la porte. Un engin de jet l'enfonce
finalement. La garnison comprenant 36 chevaliers et les
117 sergents ou arbalétriers se rend le 6 mars 1204.

Le roi a désormais le champ
libre pour achever la conquête du duché de
Normandie. Conquête facilitée par l'abattement moral
chez les Anglo-Normands, consécutif à la chute de
Château-Gaillard. Le duché tombe entièrement
en juin 1204.

En 1314, deux des trois belles-filles
de Philippe IV le Bel (1268-1314) furent enfermées à
Château-Gaillard après l'affaire de la tour de Nesle
: Marguerite de Bourgogne, femme adultère de l'héritier
du trône, Louis de France (futur Louis X le Hutin) et Blanche
de Bourgogne, épouse de Charles de France (3e fils de Philippe,
futur Charles IV le Bel). La première y mourut l'année
suivante peut être étranglée sur ordre de son
époux ou probablement à la suite des mauvaises conditions
de sa détention, tandis que la seconde, après avoir
passé dix ans dans la forteresse, est « autorisée
» à se retirer au couvent de Maubuisson ou elle meurt
en 1325.

En avril 1356, le roi de Navarre, Charles
le Mauvais, arrêté, lors du festin de Rouen qui se
déroule au château par le roi Jean le Bon, y est brièvement
emprisonné, avant d'être transféré au
Louvre, puis à Arleux, d'où il s'évadera.
En 1413, Charles VI, à court d'argent, réduit la solde
du gouverneur de la place des trois-quarts.

Durant la guerre de Cent Ans,
Château-Gaillard subit plusieurs sièges. Le
9 décembre 1419, il tombe aux mains des Anglais au
bout de seize mois de siège et ce parce que la dernière
corde nécessaire à la remontée de l'eau du
puits s'était rompue. C'était la dernière
place forte normande qui résistait encore aux troupes anglaise
d'Henri V.

Quelques mois plus tard, la
forteresse est de nouveau sous contrôle anglais, et sa garde
confié à Lord Talbot. En septembre 1449, le roi Charles
VII vient en personne mettre le siège devant la forteresse
et en reprend possession au bout de cinq semaines de siège.

Pendant les guerres de religion,
les ligueurs s'enferment dans le château alors sous le commandement
de Nicolas II de La Barre de Nanteuil. Les troupes du roi Henri
IV s'en empare en 1591 après presque deux ans de siège.
En 1598, les États généraux de Normandie demandent
au roi la démolition de l'édifice afin d'éviter
qu'une nouvelle bande armée s'y retranche pour piller la
région15. Henri IV accepte.

En 1603, les capucins du Grand-Andeli
sont autorisés à prendre des pierres pour la réparation
de leur couvent. Autorisation donnée également sept
ans plus tard aux pénitents de Saint-François du Petit-Andeli,
puis ceux de Rouen. Les deux communautés religieuses s'attaquent
en priorité aux courtines de la basse-cour et de l'ouvrage
avancé. La destruction est interrompue en 1611 puis
reprise sous l'égide de Richelieu. Le cardinal ordonne l'arasement
du donjon et de l'enceinte de la haute-cour.

En 1862, Château-Gaillard
est classé au titre des monuments historiques. Il entre dans
les guides touristiques vantant les ruines romantiques de la Normandie,
au même titre que l'abbaye de Jumièges et les châteaux
de Lillebonne, de Gisors ou de Tancarville.

Le système défensif dépassait
de loin la seule forteresse encore visible aujourd'hui et bloquait
littéralement le fleuve. Au pied du château,
le bourg fortifié de la Couture (embryon du Petit Andely)
avait été créé. De là, un pont
enjambait la Seine et prenait appui sur l'île fluviale dite
du Château, qui accueillit un petit château polygonal
(le château de l'île).

Quelques centaines de mètres
en amont du fleuve, une triple rangée de pieux empêchait
la descente des navires (l'estacade). Deux mottes castrales servaient
d'avant-postes : la tour de Cléry, sur le plateau, et celle
de Boutavant dans la vallée, dont on peut encore
voir quelques restes sur l'île La Tour.

Au centre, poste d'observation magistral
et imprenable, le Château-Gaillard (appelé
aussi château de la Roche— de la Roque en normand —).
L'ensemble avait pour vocation de verrouiller la boucle de la Seine
en amont de Rouen.
Pressée
par l'imminence d'un retour de la guerre, la construction
du château prend moins de deux ans et en 1198, les travaux
sont achevés. Le résultat impressionna les contemporains.
D'où les commentaires prêtés à Richard
Cœur de Lion : « Comme elle est belle ma fille d'un an
» et une autre fois : « Quel château gaillard
! »

Château-Gaillard
est en pierre. Il se distingue par la complexité de son plan
avec une combinaison de défenses échelonnées
en profondeur, face au plateau d'où l'attaque devait surgir.
Le château ne ressemble pas aux forteresses construites ou
améliorées dans la première moitié du
xiie siècle, par le roi Henri Ier. Ces dernières
se présentaient généralement sous la forme
d'un grand rempart de pierre enfermant un vaste espace ; un donjon
carré ou une porte fortifiée complétait le
dispositif défensif.

Château-Gaillard s'organise
en multiples volumes, emboîtés ou presque indépendants
les uns des autres. L'objectif est clairement de multiplier les
obstacles afin d'épuiser l'assaillant. Cette disposition
a également pour finalité d'entraver la progression
des machines et nécessite moins de défenseurs
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