Le château de François 1er
Vendredi 28 mars 2014. Rym occupé par une formation à Orléans, je file directement au château de Chambord***, via Meung-sur-Loire et Beaugency. Une chance, en cette fin mars, le soleil campe au beau fixe dans un beau ciel printanier. Chouette alors ! Le temps de garer la voiture au parking (4 € tout de même !), et je m'engage dans le chemin qui mène au château. Un peu d'histoire tout de même. Pourquoi un tel château, un des plus imposants d'Europe, ici, à plus de 200 kilomètres de Paris ? Il faut y voir la volonté du jeune roi François 1er qui n'a que 25 ans lorsqu'il lance, en 1519, l'immense chantier du château de Chambord. Quatre ans plus tôt, François 1er part à la conquête des états du Milanais que Louis XII n'a pas su conserver. De retour en France, après sa victoire à Marignan (1515), influencé par l'architecture italienne de la Renaissance, le jeune roi, passionné de chasse, entreprend la construction de Chambord, voulu comme le domaine de chasse de la royauté. Tout en conservant l'apparence d'une forteresse médiévale (un donjon principal flanqué de quatre grosses tours, deux ailes et une enceinte clôturant le tout), Chambord se veut comme une synthèse de la période médiévale et de l'audace de la Renaissance italienne.
Une fois dans la cour du château, on est frappé par cette influence italienne (loggias, terrasses, pilastres, moulures horizontales rythmant les façades...). Chambord possède une architecture qui en fait le château de toutes les démesures : 156 mètres de long, 56 mètres de haut, 77 escalies, 282 cheminées et 426 pièces ! Malgré ses dimensions colossales, la silhouette du château séduit pourtant par sa grâce et son équilibre. Il se dégage de ce lieu un charme inouï, et passé son large porche, on est aussitôt ébloui par l'aspect vertigineux et féerique de l'ensemble. Un aspect rehaussé encore par l'utilisation du tuffeau qui donne sa blancheur au château. C'est certainement à Chambord que cette pierre à la fois tendre et fragile est travaillée avec le plus de virtuosité.
Au final, François 1er ne résida à Chambord que 72 jours en 32 ans de règne ! En gros, un peu plus de deux jours par an ! Et malheureusement, il ne vit pas l'achèvement de son oeuvre. A sa mort, en 1547, seuls le donjon et l'aile royale étaient terminés. Henri II, son fils, et Louis XIV, également passionnés de chasse, donneront à Chambord son aspect final. Du coup, il est impensable de commencer la visite de Chambord sans visiter en premier l'aile royale de François 1er***. On y accède par une galerie depuis le donjon ou bien par l'escalier à vis monté dans l'aile est. Cette aile est composée d'une chambre, de deux cabinets, d'un oratoire et d'une salle du conseil. On y trouve aussi, en revenant vers le donjon, à l'arrière, l'appartement de parade composées de plusieurs chambres et pièces privées qui se succèdent comme à Versailles. Plus près, à l'est du donjon, on trouve les appartements de la reine***, qui furent occupées par les deux épouses successives de Louis XIV, Marie-Thérèse d'Autriche, puis Madame de Maintenon. Comme la chambre du roi, elle est composée d'une salle des gardes, de deux antichambres, de la chambre et de pièces privées. Enfin, au rez-de-chaussée, on trouve aujourd'hui la salle des carrosses*** qui regroupe toutes les voitures à cheval réalisées pour le comte de Chambord en 1871 par le carrossier Binder.
Après l'aile royale et les appartements de la reine, direction les autres pièces privées dont la plupart ont été décorées sous l'ère du Maréchal de Saxe, au XVIIIe siècle. Vases, tableaux, mobiliers et tapisseries se succèdent. Au premier et et deuxième étage, les grandes salles sont occupées par des expositions temporaires. Le décor des voûtes reprend l'emblème de François 1er, la salamandre, animal mythique capable de vivre dans les flammes. La succession des caissons est unique. Bref, c'est en se promenant au milieu de ces ces dizaines de pièces que je prends conscience de l'immensité des lieux. Chambord est un vrai labyrinthe et on finit par s'y perdre.
Mais le clou de la visite intérieure reste l'extraordinaire double escalier du donjon*** qui dessert les trois étages du château. Le donjon est constitué de l'imbrication de deux escaliers à vis serpentant autour d'un noyau creux central. Tout simplement génial ! L'ensemble supporte la tour lanterne surmontée de la fleur de lys. Deux personnes montant chacun des escaliers peuvent se voir par les ouvertures pratiquées dans le noyau central, mais ne peuvent se croiser ! Léonard de Vinci, venu en France en 1516 à la demande de François 1er pourrait être l'un des inspirateurs de cet escalier unique au monde, véritable chef-d'oeuvre de la Renaissance.
Depuis le deuxième étage, on accède directement aux toits et aux terrasses de Chambord***. Vue vertigineuse sur la forêts de cheminées. Le spectacle des toitures est à couper le souffle, mélange étrange de gothique et de Renaissance qui offre un panorama unique sur le domaine de Chambord. Inoubliable !

Direction le parc maintenant... Mais juste l'entrée... Le mur de clôture s'étend sur plus de 32 km et représente 5.430 ha, soit la surface de Paris intra-muros ! Il est le plus grand parc forestier d'Europe. Réserve nationale de chasse, Chambord abrite toute une faune de nombreux animaux... En tout cas, la vue du château depuis le parc est tout simplement splendide.

Mais la plus belle vue sur le château de Chambord reste celle que l'on a depuis le pont jeté sur le Cosson et l'ouest du parc***. Là, les douves remplies d'eau reflètent la façade du château qui présente son plus bel aspect. De quoi faire de belles photos-souvenirs et quelques selfies rigolos.

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