Cathédrale
d'Amiens - Sous les voûtes des nefs
Vendredi 13 décembre
2019. La cathédrale actuelle occupe un emplacement
où plusieurs sanctuaires se sont succédé
et dont l'historien sait peu de chose, faute de textes et de fouilles
archéologiques. Le premier édifice cultuel
daterait probablement du IVe siècle, à l'époque
gallo-romaine, après la promulgation de l'Édit de
Milan par l'empereur Constantin, en 313, qui accordait
la liberté de culte à toutes les religions de l'empire
romain.

La présence d'une communauté
chrétienne à Amiens est certaine, dans la première
moitié du IVe siècle, avec à sa tête
un évêque, Euloge d'Amiens, dont l'existence
est historiquement avérée, en 346. La tradition
catholique fait cependant remonter la christianisation d'Amiens
à la venue à la fin du IIIe siècle de Firmin
qui aurait subi le martyre à la fin du IIIe ou au tout début
du IVe siècle. Il est considéré par les catholiques
comme le premier évêque d'Amiens.
Au début
du XIIIe siècle, période du règne de
Philippe-Auguste, Amiens connaît une période de prospérité.
La ville profite de la proximité des Flandres dont
l'activité drapière est florissante, ainsi que des
foires de Champagne toutes proches. Mais c'est le commerce
de la guède ou pastel des teinturiers, utilisée
pour la teinture des draps et cultivée dans la région,
qui assure à la bourgeoisie d'Amiens la base de sa fortune.

Amiens en a le quasi-monopole et l'évêché
d'Amiens participe à la prospérité générale.
Les généreux donateurs ne manquent pas, et les ressources
de l'évêché lui permettent de financer ce chantier
gigantesque. Cet enrichissement grâce au commerce de la draperie
et de la guède (waide, en picard) explique que dans la cathédrale,
la chapelle axiale de la Vierge soit dédiée à
l'origine à « Notre-Dame drapière ».

Les travaux de construction débutent
par les fondations en 1220 et la pose de la première
pierre a lieu la même année comme en attestent les
inscriptions dans le labyrinthe et au-dessus du portail dit de la
Vierge dorée. Peu auparavant on avait reculé
l'enceinte de la ville dont la population avait fortement augmenté.
En 1190, les remparts furent reculés à l'est
et peu après en 1193, au sud.

Les bâtisseurs bénéficièrent
de ce fait d'un espace agrandi (7 700 m2 au sol) à
l'intérieur de la nouvelle enceinte (dite de Philippe-Auguste)
et purent ainsi prévoir un sanctuaire de dimensions gigantesques
(145 mètres de long sur 70 de large au transept).
Il fallut cependant détruire l'église Saint-Firmin-le-Confesseur
qui occupait l'emplacement prévu pour le bras nord du transept,
ainsi que l'Hôtel-Dieu qui aurait empêché la
construction de la tour nord de la façade principale.
Contrairement à la règle courante, les travaux commencèrent
par la nef. La cathédrale continua pense-t-on à
utiliser provisoirement le chœur de l'ancienne église
romane.

Les dons affluèrent de tous
côtés et le chantier avança rapidement de ce
fait. En 1225, le portail était achevé. En
1228, les murs de la nef atteignaient déjà le niveau
de la naissance des voûtes. Cette même année
Renaud de Cormont aurait succédé à son père
comme maître d'œuvre. La nef fut achevée
vers 1230.

L'élévation de la nef
(comme celle du chœur) comporte trois niveaux : grandes
arcades, triforium et fenêtres hautes. Les fenêtres
hautes se composent de quatre lancettes. Le triforium, aveugle,
comporte deux ensembles de trois arcades, pour chaque travée.
|
La nef bordée de bas-côtés
et qui s'ouvre sur un transept débordant est éclairée
par la grande rosace de la façade, dite « Rose
de la mer » et par les fenêtres hautes.
|
La nef
est composée de six travées rectangulaires
à voûtes quadripartites barlongues (rectangulaires).
Elle est bordée de chaque côté (nord et sud)
d'un collatéral de même longueur, mais possédant
des voûtes carrées.

Sa hauteur sous voûte est de
42,3 mètres, tandis que celle des bas-côtés
atteint 19,7 mètres. Quant à la hauteur des
colonnes bordant la nef, chapiteaux inclus, elle est de 13,85 mètres.

Autour de chacune des colonnes qui
bordent latéralement le vaisseau central de la nef comme
le chœur, s'ajoutent quatre colonnettes disposées
en cercle, afin de renforcer ces colonnes supportant des voûtes
situées à une telle hauteur.

Le pavement comporte toute
une série de dessins différents répartis
entre les différents secteurs de l'édifice. Ce
dallage restauré au XIXe siècle, a été
conçu et dessiné au XIIIe siècle.
Parmi la variété des motifs dessinés on trouve,
entre autres, le motif de la svastika ou croix gammée.
La
pièce maîtresse de ce dallage est un labyrinthe octogonal
situé au niveau de la cinquième travée de la
nef. Il est long de 234 mètres. Au Moyen Âge,
certains pèlerins venus vénérer les reliques
de saint Jean-Baptiste, dont le crâne avait été
ramené en 1206 par le chanoine Wallon de Sarton,
le parcouraient à genoux, à la manière
d'un Chemin de Croix. Ils devaient pour cela suivre la
ligne noire. C'était une épreuve que devaient subir
ceux qui désiraient se sanctifier, ou gagner quelques indulgences
ou encore expier des péchés graves qu'ils avaient
commis.

La
chaire de vérité de la cathédrale
est adossée à la dernière colonne du côté
nord (gauche) de la nef, avant le pilier de la croisée. C'est
un ensemble baroque assez impressionnant qui date de 1773.
|
Elle est l'œuvre du sculpteur Jean-Baptiste
Dupuis ainsi que de l'architecte Pierre-Joseph Christophle.
À la base, la chaire est supportée par des
statues grandeur nature des trois vertus théologales
: la Foi, l'Espérance et la charité.
À l'arrière, une élégante draperie
est supportée par des angelots.
|
La chaire
possède un toit ou abat-voix formé de nuages
d'où s'échappe une colombe, symbole du Saint-Esprit.
Enfin, couronnant le tout, un ange porteur d'un
Évangile ouvert pointe un doigt vers le ciel.

Cette
œuvre fort critiquée au XIXe siècle pour sa grandiloquence,
n'en est pas moins admirable tant pour la grande beauté
plastique des personnages y figurant que pour la précision
d'exécution de ses divers composants.

Cathédrale
d'Amiens - Le portail du Jugement dernier
La
clôture de choeur méridionale
|