L'ancienne cité
gallo-romaine d'Argentomagus
Mardi 9 mars 2021.
Sur le chemin du retour vers Montargis, je ne résiste
pas à l'envie de faire un petit détour par l'ancienne
cité gallo-romaine d'Argentomagus, qui se trouve dans l'Indre,
à deux pas du département de la Creuse.

Argentomagus est un oppidum
du peuple gaulois des Bituriges qui a été occupé
par les Romains. Il est situé sur le territoire de la commune
de Saint-Marcel (près d'Argenton-sur-Creuse).

Elle s'est développée
le long d'un axe nord-est/sud-ouest sur une emprise d'environ
1500 m de long et 500 m de large à partir de l'ancien oppidum
gaulois du plateau des Mersans qui devient dès le premier
siècle de notre ère le centre politique, économique
et religieux de l'agglomération.

Ce plateau est naturellement protégé
au sud par de hautes falaises surplombant la Creuse et à
l'est par les pentes abruptes descendant au ruisseau de La Mage.

A l'ouest, un talweg le sépare
du coteau des Douces où s'établit un complexe suburbain
(théâtre et temple).

Au nord se développent des
quartiers d'habitation et artisanaux aux lieux-dits Les Courates
et Les Palais tandis que sont implantées extra-muros, le
long des voies principales, les nécropoles des Pommeurs,
du Champ de l'Image et des Ripottes.

Une autre nécropole et
des thermes furent repérés en contrebas à proximité
de l'église Saint-Etienne.

L'agglomération d'Argentomagus
bénéficiait d'une situation privilégiée,
à la croisée de huit voies en étoile dont certaines
avaient une origine préromaine.

Deux axes majeurs ont joué un
rôle déterminant dans la structuration de la ville
: l'un en provenance de Bordeaux et de Poitiers conduisait à
Clermont-Ferrand et Lyon, l'autre venant de Saintes et de Limoges
permettait de gagner Bourges et Autun.

L'îlot C est actuellement composé
d'une fontaine monumentale couverte et d'un grand bâtiment
commercial entouré de portiques sur quatre côtés,
construit dans le courant du IIe siècle de notre ère
et qui succède à des échoppes installées
dès la fin du Ier siècle avant J.-C.

Ce bâtiment, qui n'est pas fouillé
en totalité, comporte six cellules qu'il est envisageable
de doubler si l'on restitue une cloison en bois au centre de chacune
d'entre elles. Les boutiques disposaient d'une pierre de seuil et
devaient être fermées par des volets en bois à
la manière des tabernae de Pompéi. Il fut transformé
en bâtiment artisanal au IVe siècle .

La fontaine, construite en
grand appareil dans le dernier quart du Ier siècle de notre
ère, se compose d'un bassin carré d'une contenance
d'environ 24m3 dont le fond se situe à plus de 3 m du niveau
de circulation antique. Il est flanqué au nord et au sud
par deux grandes volées de marches qui en permettent l'accès.

Dès le milieu du Ier s. ap.
J-C., Argentomagus se dote d'un théâtre où
sa population peut assister aux ludi sacenici, aux jeux scéniques.

Dans les années 150, les
notables d'Argentomagus furent confrontés à un grave
problème. Leur théâtre était en mauvais
état. Le théâtre trop petit ne pouvait accueillir
toute la population de la ville. Les notables prirent la décision
de démolir le théâtre et d'en reconstruire un
autre, plus grand.

Le coeur de ville, tel que nous l'appellerions
aujourd'hui, se dote dès la fin du Ier siècle
et au début du IIe siècle d'un centre monumental composé
d'un ensemble de bâtiments à caractères économiques,
religieux ou résidentiels regroupant plusieurs îlots
remaniés : le forum et sa basilique, les bâtiments
économiques 1 et 2, la zone karstique, la fontaine monumentale,
les temples 1 à 4 et la domus d'un édile Quintus Sergius
Macrinus.

Les rues sont ré-orientées
plus à l'est, certaines d'entre elles élargies et
bordées de trottoirs couverts. Cet aménagement
urbain, tant au niveau architectural (le portique de rue) qu'architectonique
(l'ordre toscan des élévations) témoigne d'un
usage alors en vogue dans les villes gallo-romaines sous la dynastie
des Antonins. Cet ensemble fonctionne sans grande modification jusqu'à
la deuxième moitié du IIIe siècle.

L'effort urbanistique se poursuit aussi
en périphérie urbaine : le théâtre
est reconstruit, un amphithéâtre voit le jour tandis
que des thermes sont édifiés dans le quartier bas
de Saint-Etienne.

Les travaux financés par les
notables d'Argentomagus s'inscrivent dans une tradition édilitaire
typiquement romaine : l'évergétisme. L'implication
de la noblesse de souche gauloise dans le processus de romanisation
fut un vecteur déterminant pour le développement des
provinces conquises et un gage d'intégration réussie
pour Rome.

Argentomagus possédait un
forum d'une superficie de 4 300m2. Il s'agit d'une place fermée
au nord par un mur dans lequel devait s'ouvrir l'entrée monumentale,
bordée à l'ouest par une basilique, au sud et à
l'est par des bâtiments commerciaux flanqués de portiques.

Creuse
- Un petit détour par La Souterraine
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