Etape 21 - Grenade, quartier de l'Albaicin
Mercredi 26 novembre 2014. Seulement quatre trains dans la journée entre Cordoue et Grenade. Départ tardif donc en cette fin de matinée. Petite marche tranquille pour rejoindre la gare de Cordoue et monter dans l'express de Grenade. Enfin l'Express... Plus de trois heures de train avant de descendre à la gare de Grenade. Première vision des sommets enneigés de la Sierra Nevada. Des images me trottent dans la tête. Ou plutôt des souvenirs, des images des westerns de Sergio Leone dont un grand nombre furent tournés là. A peine sorti de la gare, je plonge mon nez dans mon plan et retrouve le chemin du centre-ville. Un bon petit quart d'heure de marche avant de rejoindre le centre-ville. En chemin, je m'achète quelques pâtisseries andalouses. L'hôtel Juan Miguel** se trouve aux portes du quartier historique. Impeccable pour explorer au mieux Grenade, perle de l'Andalousie musulmane. A une centaine de mètres de là, la statue de la reine Isabel marque l'entrée du quartier historique, au pied des collines de l'Alhambra et de l'Albaicin.
La visite de l'Albaicin commence le long de la minuscule rivière encaissée entre les deux collines de Grenade. C'est ici que coule le Darro. Pour visiter le quartier, il faut donc d'abord longer le cours d'eau surplombé par de petits ponts de pierre très pittoresques qui mènent à l'autre rive hérissée de maisons blanches. Au milieu de la rivière, des îlots de verdure brillent sous le soleil. Plus haut, le long du Paseo de los Tristes, il faut lever la tête pour observer les façades des églises baroques, mais surtout pour admirer les premiers contreforts de l'Alhambra. Plus haut encore, une place tout en longueur permet de profiter d'une vue magnifique sur la colline de l'Alhambra. Puis en se retournant, je ne peux qu'admirer les couleurs automnales des arbres qui viennent rehausser le jaune des boiseries des maisons environnantes. Quel spectacle !

Au bout du Paseo de los Tristes, il faut prendre à gauche et grimper la Cuesta del Chapiz. De là, on se retrouve rapidement au coeur du quartier de l'Albaicin***. Puis on atteint la Piazza San Salvador et son ancienne mosquée transformée en église, puis la Plaza Aliatar et la Plaza Larga. Bon, là on comprend tout de suite que l'Albaicin a conservé l'aspect de médina qu'il avait au temps de la domination arabe. Du XIe au XIVe siècle, Grenade était une ville riche, comptant 26 mosquée et 600.000 habitants ! Au milieu du XIIIe s, le quartier se gonfla de l'exode des musulmans fuyant Cordoue reconquise par les Chrétiens. C'est encore là que les Maures se réfugièrent après la reconquête de la ville par les rois catholiques, et là où ils furent pour une grande part massacrés durant le nuit de Noël 1568, puis finalement chassés en 1609.

A force de tourner en rond, je finis enfin par trouver le mirador de la Plaza San Nicolas***. C'est ici que se masse la foule des touristes... et des paumés de la ville. Cohabitation pacifique. On s'en fout, je suis là pour admirer la vue sur la colline de l'Alhambra. Les couleurs violentes de cette journée orageuse sont époustouflantes, allant de l'or sur les flancs de la colline, au blanc des cimes enneigées de la Sierra Navada au rouge vif des nuages transpercés de soleil. Paysage magique. Les murailles de l'Alhambra se dressent à l'horizon. Au pied d'elles, la ville basse rampe et allonge ses cohortes de maisons blanches. Mais le plus beau reste à venir. Il faut gravir les marches du clocher de l'église Saint-Nicolas qui domine la place. Chouette alors, je suis le seul à y avoir pensé ! De là-haut, la vue est tout simplement époustoufflante. Le soleil de cette fin d'après-midi accrochent les collines blanches du Sacromonte. On dirait qu'un feu immense coure sur les façades des maisons peintes à la chaux. La vue sur la ville est exceptionnelle.

Les superlatifs me manquent pour décrire le spectacle. Car ce n'est pas fini, je descends le Camino Nuevo de San Nicolas, puis au bout de la rue, débouche sur le Mirador del Carril***. De là, on a une vision extraordinaire sur toute la ville ouest. Les bâtiments historiques flamboient sous le soleil. Les toitures s'embrasent. Les façades blanches absorbent les rayons du soleil. Des figuiers de barbarie dressent leurs épines au-dessus de l'enchevêtrement des maisons. Magique !

Le soleil décroit de plus en plus. Il est grand temps de redescendre l'Albaicin. Après une courte pause à la terrasse ensoleillée d'un café, j'emprunte de nouveau les ruelles étroites du quartier. Quel bonheur d'aller au hasard de ces ruelles étroites, de ces passages, de ces escaliers ou même de ces cul-de-sacs ! Un vrai petit Montmartre maure ! Jamais descente ne m'a paru aussi agréable. Du coup, j'essaie de passer par un maximum de rues avant de retrouver San Gregorio et son amoncellement de boutiques et de salons de thé. Un vrai délice.
La journée tire à sa fin. Après une bonne petite pause à mon hôtel, je file à deux pas de là, manger un bout à la Posada del Duende***, réputée pour sa cuisine traditionnelle andalouse. Un vrai régal. Le décor (un peu chargé) rappelle combien l'Andalousie reste attachée à la tauromachie... Patron très sympa. A ne pas manquer le vinho de la casa...


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