La beauté
sauvage de la pointe du Raz
Samedi 6 juin 2020.
Après quelques moments d'hésitation et une première
série de photos, je décide de me rapprocher
de la pointe en grimpant sur les rochers qui forment l'avancée
sur l'océan. De là, je peux photographier le phare.

Depuis l'Antiquité, le
passage entre la pointe du Raz et l'île de Sein, appelé
le Raz de Sein, était réputé comme très
dangereux pour la navigation et plus particulièrement, la
nuit et à la mauvaise saison, en raison de la violence de
ses courants marins.

C'est pourquoi le phare de
la pointe et le phare de l'île furent bâtis dès
que les progrès réalisés, durant le premier
tiers du XIXe siècle dans les moyens d'éclairage et
les équipements optiques, le permirent.

Le rapport de la commission des phares,
adopté en 1826, qui définissait le premier
réseau d'éclairage maritime français, prévoyait
un "phare de premier ordre" à feu fixe au Bec du
Raz (ou du Ras).

Ce phare d'environ 18 m de
hauteur fut construit sous cette appellation en 1839 et allumé
en même temps que celui de l’Île de Sein.

Il fut éteint en 1887, car
remplacé par le phare habité de la Vieille.
Une tourelle en tôle portant un feu plus modeste fut établi
vers 1870 à flanc de falaise au Nord-Ouest afin de créer
un alignement phare-feu pointant sur l'îlot de la Vieille.

Il était appelé «
feu de la falaise du Raz » et fut également
éteint en 1887. La base du phare du Bec du Raz fut alors
remaniée pour en faire un sémaphore.

Un phare habité, le
phare de Tévennec, fut construit de 1869 à 1874 sur
l'îlot de Tévennec et fut allumé en 1875.

En 1910, il fut transformé en
feu permanent sans gardien. En 1887, les travaux de la tourelle
de la plate furent entrepris sur le platier de "la Plate"
non loin du phare de la Vieille alors en construction et ne furent
achevés qu'en 1909.

Compte tenu des particularités
du site sur lequel il est érigé, le phare
de Tévennec est assez inclassable. Ce n'est pas vraiment
un phare de haute mer — un « enfer », selon la
classification inventée par les gardiens — puisqu'il
n'est pas directement entouré d'eau. Et c'est à peine
un « purgatoire », c'est-à-dire l'un de ces phares
installés sur une île.

Le rocher sur lequel est érigée
la maison-phare peut en effet difficilement prétendre à
ce titre. Bien que son sommet s'élève à 14
mètres au-dessus du niveau de l'eau, il est fréquemment
balayé par les embruns et il reste très délicat
d'y aborder, voire impossible, dès que la mer est formée.

Ce phare jouit d'une très sinistre
réputation auprès des marins et des habitants du cap
Sizun. On raconte à son propos toutes sortes d'histoires
: des gardiens qui deviennent fous en quelques mois, d'autres qui
meurent brutalement, dont l'un dans les bras de son épouse,
qui l'aurait alors mis au saloir pour conserver son corps jusqu'à
la relève suivante...

Des cris lugubres, prêtés
aux âmes des nombreux naufragés ayant trouvé
la mort sur l'îlot, se feraient entendre de temps à
autre, entre les rochers...

L'erreur initiale de l'administration
des Ponts et Chaussées est sans doute de ne pas avoir
considéré Tévennec comme un phare de pleine
mer. Il a été classé en tant que fanal de quatrième
catégorie, et un seul gardien y a été affecté
à l'origine, avec pour mission d'assurer son service à
l'année longue, comme ses confrères installés
dans les maisons-phares du littoral (les « paradis »).

Or, la vie sur le rocher de
Tévennec est probablement aussi difficile que dans bien des
phares en mer.

Par ailleurs, des plongeurs
ont découvert dans les années 1990 une grotte sous-marine
traversant l'îlot de part en part.

Lorsque des vagues s'y engouffrent,
l'air s'en échappe par des failles dans la roche, ce qui
produit des hululements tout à fait sinistres...

La présence de goélands
la nuit peut aussi expliquer les cris rauques et les hurlements
rapportés par les gardiens.

Cap
sur la pointe du Raz
Sur
les rochers de la pointe du Raz
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