Etape
6 - Amsterdam - Flânerie romantique autour des canaux et des
maisons à pignon
Jeudi 17 août 2023. Bon autant
le dire tout de suite, Amsterdam ne possède pas le charme
d'autres villes de la région. Certes, c'est une ville
magnifique, à nulle autre pareille, mais ce n'est pas mon
coup de coeur. Même sous le soleil.

Il y a dix ans de ça, j'avais
eu la chance de visiter pas mal de ses monuments, mais aujourd'hui,
faute de temps, nous nous contenterons de l'essentiel... qui est
pour moi le Rijskmuseum.

Du coup, nous remontons un peu au hasard de notre
flânerie les rues bien agencées d'Amsterdam
qui témoignent d'une organisation urbaine sans faille, planifiée
sur plusieurs siècles par les édiles de la ville.

Le plus étonnant reste tout
de mêmes ces incroyables maisons à pignons, parfois
de guingois, penchée vers l'avant ou vers l'arrière,
dont on imagine que toutes se supportent les unes contre les autres
pour ne pas chuter dans les eaux des canaux.

La construction du système
de canaux, dans un premier temps jusqu'au Leidsegracht, commence
dès 1613. Celle-ci se fait d'ouest en est, à
la manière d'une toile d'araignée, et non de manière
concentrique en partant du centre pour rejoindre l'extérieur.

Les travaux de la dernière
portion du canal entre le Leidsegracht et l'Amstel débutent
entre 1658 et 1662, mais ne sont toujours pas totalement terminés
en 1679.

La partie orientale du réseau
de canaux, correspondant à l'actuel Plantage ne voit
cependant jamais le jour, et la ceinture de canaux ne rejoint pas
directement la baie de l'IJ à l'est.

À partir de la fin des travaux,
des quartiers résidentiels y sont lentement édifiés.
Au cours des siècles suivants, des parcs, des maisons
pour personnes âgées, des théâtres et
d'autres établissements publics s'y installent de manière
quasi-anarchique.

Au fil du temps, plusieurs
canaux ont été comblés et ainsi transformés
en rue ou en place, à l'instar de Nieuwezijds Voorburgwal
ou du Spui.

Les canaux d'Amsterdam valent à
la capitale des Pays-Bas son surnom de « Venise du Nord ».

Ils s'étendent en effet sur
plus de cent kilomètres, avec environ 1.700 ponts qui les
traversent, reliant environ quatre-vingt-dix îles.

Les quatre premiers canaux sont
séparés par des bandes de terre de 80 à 150
mètres de largeur, tandis que la distance entre le quatrième
et le cinquième peut aller jusqu'à environ 550 mètres
(limite nord du quartier de Jordaan).

Ces canaux sont également reliés
par d'autres qui leur sont perpendiculaires, comme le Brouwersgracht,
le Leidsegracht ou le Reguliersgracht. Le 14 juin 2010,
les canaux d'Amsterdam obtiennent le label de patrimoine mondial
sous l'intitulé « Zone des canaux concentriques du
xviie siècle à l'intérieur du Singelgracht
».

Après le développement
des canaux en deux phases au XVIIe siècle, la ville
ne croît quasiment pas au-delà de ses frontières
en l'espace de deux siècles.

Au cours du XIXe siècle, Samuel
Sarphati conçoit l'idée d'un développement
calqué sur le plan du Paris et du Londres de l'époque.
Il envisage ainsi de construire de nouvelles maisons, des
bâtiments publics et un ensemble de rues immédiatement
à l'extérieur du Grachtengordel. L'objectif principal
reste néanmoins l'amélioration de la santé
publique.

Bien qu'elle ne connaisse pas une forte
expansion à cette époque, Amsterdam voit l'érection
de plusieurs des grands bâtiments publics encore existant
à ce jour, comme le Paleis voor Volksvlijt (« Palais
de l'Industrie »).

À la suite de Sarphati, Van
Niftrik et Kalff conçoivent au XIXe siècle un
anneau qui englobe tous les quartiers autour du centre de la ville,
tout en conservant la propriété de toutes les terres
qui séparent ce nouvel anneau de la limite de la ville du
xviie siècle, pour mieux en contrôler le développement.
Par la suite, la plupart de ces nouveaux quartiers construits
voient s'installer la classe ouvrière de l'époque

Le manque d'espace et l'entassement
des habitants constituent deux freins majeurs au développement
de la ville. Alors que les modèles développés
en Europe visent à combiner rénovation des quartiers
anciens et expansion périphérique, la priorité
est donnée au second, en partie à cause de l'étendue
du vieux centre, et du morcellement de l'espace par les canaux.

La diversité et l'ancienneté
des immeubles rendent quasiment impossible une
« haussmannisation » du centre historique, sur le modèle
de Bruxelles.

Il est cependant décidé
de gagner de l'espace sur les canaux en lançant des
projets majeurs de comblement, comme sur le Spui, où il est
également envisagé de développer les transports
en commun.

Ce processus sera maintenu jusqu'aux
années 1950, le comblement du Rokin en constituant le dernier
grand chantier. La fin du XIXe siècle est marquée
par la destruction de nombreuses habitations au profit de grands
magasins comme De Bijenkorf, ou la construction de sièges
d'entreprises comme celui de la Société de commerce
néerlandaise.

En réponse à la surpopulation
de la ville, deux plans sont conçus au début
du XXe siècle, en rupture totale avec ce qu'Amsterdam connaît
auparavant : le « Plan Zuid » conçu par l'architecte
Hendrik Petrus Berlage, et le « Plan Ouest ».

Ces plans prévoient le développement
de nouveaux quartiers composés de grands ensembles
de logements en s'assurant d'une certaine mixité sociale.

Après la Seconde Guerre mondiale,
de grands quartiers sont construits à l'ouest, au
sud et au nord de la ville, afin de soulager la pénurie de
logements et de fournir des logements à prix abordable avec
toutes les commodités modernes.

Ces nouveaux quartiers sont constitués
de grands blocs d'habitation entrecoupés par des espaces
verts et reliés à de larges routes pour favoriser
la circulation automobile.

Les banlieues de l'ouest de la ville
construites à cette époque sont surnommées
les Westelijke Tuinsteden (littéralement, les « villes
fleuries occidentales »), alors que la zone située
au sud-est de la ville est connue sous le nom de Bijlmer.

Témoins de la relance de la
construction de logements, plus de la moitié des
logements existants aujourd'hui dans la ville ont été
bâtis après 1945.





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