Etape
6 - Genève - Au sommet de la tour de la cathédrale
Saint-Pierre
Vendredi 19 août 2022. Et
une nouvelle série de photos prises depuis le sommet
de la tour nord de la cathédrale. L'occasion pour
moi de continuer de retracer l'histoire de Genève.

Avec la réforme grégorienne,
à la fin du XIe siècle, commence une réaction
contre les empiètements du seigneur laïc sur les biens
de l'Église.

Soutenu par le pape, l'évêque
Humbert de Grammont impose au comte Aymon Ier le traité
de Seyssel qui établit la souveraineté de l'évêque
sur la cité. Par des lettres patentes datées
du 17 janvier 1154 à Spire, l'empereur Frédéric
Barberousse investit l'évêque de Genève Ardutius
de Faucigny (1135-1185) des droits régaliens de la cité
et lui confirme ainsi qu'à ses successeurs tous les biens
actuels de la dite Église et tous ceux qu'elle pourra acquérir.

Ces lettres établissent
définitivement l'indépendance des évêques
désormais reconnus comme princes immédiats de l'Empire.
Une bulle du pape Adrien IV confirme cet état le 21 mai 1157.

Après une tentative de mise
en cause d'Amédée Ier, comte de Genevois,
en septembre 1162, les droits de l'évêque de Genève
sont confirmés par une Bulle d'or de l'Empereur.

Au début du XIIIe siècle
entre en jeu un troisième pouvoir : celui de la maison
de Savoie. Le comte de Savoie s'empare en 1250 du château
du Bourg-de-Four.

Au milieu du XIIIe siècle,
les marchands et artisans se regroupent pour lutter contre la puissance
seigneuriale de l'évêque. Ce mouvement est
favorisé par les foires de Genève qui, à partir
du milieu du XIIIe siècle, apportent aux citoyens l'exemple
des communes libres d'Italie et la prospérité qui
leur permet d'imposer leurs volontés à l'évêque.
Dès la fin du siècle, le comte de Savoie s'attaque
au pouvoir épiscopal.

En 1285, les citoyens désignent
dix procureurs ou syndics pour les représenter. La décision
est annulée par l'évêque le 29 septembre, mais
le 1er octobre, le comte Amédée V leur accorde des
lettres patentes garantissant la sécurité des marchands
se rendant aux foires.

En 1309, l'évêque reconnaît
aux citoyens le droit de constituer des syndics ou procureurs
pour traiter leurs affaires communes à condition qu'ils n'empiètent
pas sur la juridiction épiscopale. En contrepartie,
il leur impose la construction d'une halle, nécessaire à
l'entreposage des marchandises destinées aux foires, et leur
en assure le tiers des recettes.

Dès lors, les citoyens, assemblés
au début de chaque année au sein du Conseil général,
élisent pour un an les syndics de Genève.

En 1387, l'évêque Adhémar
Fabri confirme les franchises accordées aux citoyens
et à leurs syndics par une charte qui domine pendant cent
cinquante ans la vie politique genevoise.

Les comtes de Savoie s'arrogeant de
plus en plus de pouvoir au détriment de l'évêque,
les citoyens font front avec l'évêque contre l'ennemi
commun. Mais Amédée VIII de Savoie, qui a
acquis le comté de Genève, obtient pour les princes
de sa maison un droit de présentation au diocèse :
le siège épiscopal sera occupé par des Savoie
ou des membres de familles vassales.

Engagée par son évêque
aux côtés du duc de Bourgogne dans la guerre
de Bourgogne, Genève est menacée par les Suisses après
leur victoire et condamnée en 1475 à payer une amende
importante.

L'évêque se tourne alors
vers les vainqueurs et conclut, le 14 novembre 1477, avec
les villes de Berne et Fribourg un traité de combourgeoisie
pour cinq ans.

En 1519, c'est la communauté
des citoyens qui signe avec Fribourg un traité de combourgeoisie
mais le duc de Savoie contraint les Genevois à renoncer à
cette alliance dirigée contre lui. Toutefois, le
traité de 1526 entre Genève, Berne et Fribourg annonce
la fin du pouvoir de l'évêque et l'émergence
d'une seigneurie autonome. Les Eidguenots, partisans des
Confédérés, font approuver le traité
par le Conseil général le 25 février.

Dès 1526, des marchands allemands
propagent à Genève parmi les commerçants,
les idées de la Réforme luthérienne ; la
même année, Genève signe un traité de
combourgeoisie avec Berne et Fribourg.

Sous l'influence de Berne,
Genève accepte de laisser prêcher des prédicateurs
dans la ville, dont Guillaume Farel en 1532. Le 10 août 1535,
la célébration de la messe catholique est interdite
et, le 26 novembre, le Conseil des Deux-Cents s'attribue le droit
de battre monnaie à sa place alors que la ville est à
nouveau menacée par la Savoie.

La Réforme est définitivement
adoptée le 21 mai 1536 en même temps que l'obligation
pour chacun d'envoyer ses enfants à l'école. Genève
devient dès lors le centre du calvinisme et se trouve parfois
surnommée la « Rome protestante ».

Arrivé à Genève
en juillet 1536, Jean Calvin exerce une influence immense,
en tant que président de la Compagnie des pasteurs, sur tous
les aspects de la vie genevoise.

Mais le nombre de ses opposants augmente
à la suite de l'écriture de la « Confession
de foi », 21 articles que Farel et Calvin entendent faire
signer à tous les citoyens et bourgeois genevois, quitte
à les excommunier s'ils refusent.

Le mécontentement est tel que
Calvin doit s'exiler à Strasbourg en 1538, avant de revenir
en 1541 lorsque la république est proclamée
sous le nom de « seigneurie de Genève » ; il
en rédige alors les Ordonnances ecclésiastiques, puis
les Édits civils en 1543 qui servent de constitution à
cette nouvelle république.

Les affaires religieuses sont du ressort
du Consistoire. Le 27 octobre 1553, le médecin et
théologien espagnol Michel Servet, qui a nié par ses
écrits la Trinité et la divinité du Christ,
est brûlé vif pour hérésie.

Dans le contexte politique et géographique,
Genève se trouve isolée de son seul allié
suisse : Berne. En 1579, Genève bénéficie d'une
protection grâce au traité de Soleure qui engage les
cantons de Berne et Soleure (cantons protestants), associés
à la France.

Dès son avènement en
1580, les attaques du duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie
se multiplient. Genève étend alors son alliance avec
Soleure, Zurich et la France. En avril 1589, les Genevois
et leurs alliés tentent de faire reculer les Savoyards qui
parviennent à maintenir leur position.

Le 11 décembre 1602, la
nouvelle attaque nocturne des Savoyards, défaite restée
dans l'histoire sous le nom d'« Escalade », contraint
le duc à accepter une paix durable scellée par le
traité de Saint-Julien du 12 juillet 1603 qui reconnaît
l'indépendance de la cité. Sur le plan économique,
de nombreux protestants italiens mais surtout français doublent
la population durant les années 1550 et donnent un nouveau
dynamisme à la ville.

Ces nouveaux venus, hommes
d'affaires, banquiers ou artisans, apportent de l'argent et des
relations avec les milieux d'affaires étrangers et développent
le rôle de relais commercial de Genève. Les
activités manufacturières implantées par leurs
soins — soierie dont les maîtres sont Italiens,
dorure et horlogerie après la disparition de la soierie au
milieu du xve siècle — se développent
pour la première fois à l'exportation grâce
au soutien que leur accordent les autorités municipales.

Le xviie siècle voit
l'arrivée de nombreux huguenots créant des entreprises
importantes, tels qu'Élisabeth Baulacre, spécialiste
du fil d'or, ou Daniel Vasserot et Daniel Fazy, qui développent
l'industrie des indiennes de coton.

Le siècle, économiquement
et culturellement florissant, est secoué par des troubles
politiques que les contemporains appellent les « révolutions
de Genève ». En effet, le système politique
en place repose sur la distinction entre deux groupes : ceux
qui bénéficient des droits politiques et civils, aristocrates,
bourgeois et citoyens qui restent minoritaires (27 % en 1781), et
ceux qui n'ont pas de droits politiques et seulement certains droits
civils (habitants et natifs). C'est toutefois à
l'intérieur du groupe formé par les bourgeois et citoyens
que la lutte finit par éclater.

Un mouvement de révolte éclate
en 1707 en raison d'un mécontentement d'ordre économique.
La révolte a pour chef un membre de l'aristocratie,
l'avocat Pierre Fatio, qui fixe un programme aux aspirations confuses.
Le soulèvement échoue grâce à l'appui
de troupes bernoises et zurichoises et Fatio est fusillé
secrètement en prison.




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