Etape
2 - Aux bains publics des Pâquis - Sur les rives du Léman
Vendredi 19 août 2022. Après
avoir longé le quai, le petit port de plaisance et l'embarcadère,
nous voici enfin aux Bains des Pâquis.

Et les "Bains des Pâquis",
à Genève, c'est aujourd'hui "the place to be",
l'endroit branché où il faut être dès
les premiers rayons printaniers jusqu'à l'été
indien. C'est ici que se presse la jeunesse dorée
genevoise.

Depuis la jetée, on peut ainsi
admirer l'incontournable jet d'eau, devenu au fil du temps
l'un des emblèmes de la capitale helvète.

Véritable emblème de
la ville, il s’agit de l'un de ses principaux attraits touristiques
depuis 1891. Il peut atteindre une hauteur de 140 mètres
!

Mais quelle est l'histoire de ce jet
d'eau justement ? Au XIXe siècle, Genève se développe
de manière importante : de 64 000 habitants en 1850,
elle passe à plus de 100 000 en 1890. Le besoin d'eau est
impératif, tant pour l'industrie en développement
que pour les habitants.

La ville décide donc la
construction d'une usine hydraulique à la Coulouvrenière
qui est mise en service le 17 mai 1886.

Elle a pour mission de distribuer
la force motrice du Rhône aux artisans genevois.

Le soir, quand ces artisans
arrêtent leurs machines, il se produit des surpressions.

Les machinistes de la Coulouvrenière
doivent se précipiter pour arrêter les pompes,
car ils ne peuvent prévoir à quel moment exact la
surpression se produit.

C'est alors qu'on a l'idée de
créer un débit supplémentaire, grâce
à une vanne de sécurité, qui permet de contrôler
la pression en laissant s'échapper vers le ciel l'eau en
surpression.

Le premier jet d'eau, d'une
hauteur de 30 mètres, vient de naître. Il est situé
à l'extrémité de l'usine de la Coulouvrenière.

Cependant, dès 1889, la
fonction de soupape de sécurité revient au réservoir
de Bessinge, proche de Cologny.

En juillet 1891, à l’occasion
des 600 ans de la Confédération suisse, le Conseil
administratif de Genève, conscient de l'intérêt
esthétique et touristique décide de le recréer
au bout de la jetée des Eaux-Vives, au cœur de la rade.

Le nouveau jet d'eau, culminant
alors à 90 mètres, est inauguré lors
de la fête fédérale de gymnastique et mis en
lumière le 2 août de la même année. Il
était alors composé d'un puissant jet central
et de quatre petits jets disposés en éventail qui
furent par la suite supprimés.

Ce nouveau jet d'eau ne fonctionnait
que le dimanche. Il a été illuminé
dès 1891 par des projecteurs installés sur un radeau
dans la rade.

Le jaune, le vert, le violet, le rouge
et le blanc ont successivement habillé le jet d'eau
et c'est finalement cette dernière couleur qui a été
retenue, jugée alors la plus spectaculaire.

L'éclairage sera arrêté
en 1931, les quais étant devenus trop lumineux pour
que l'effet des projecteurs sur le jet d'eau soit remarquable.

En 1906 sont installés deux
groupes de moto-pompes à l'usine des Forces motrices qui
permettent d'alimenter en eau toute la semaine le jet d'eau.

Dans les années 1930 est avancée
l'idée de construire une station de pompage indépendante,
le jet d'eau étant alors raccordé au réseau
d'eau potable.

Les plans détaillés
de l'actuel jet d'eau furent établis en 1947 et acceptés
en 1948. Les coûts furent partagés entre les Services
industriels et le Conseil administratif de Genève.

Les travaux commencèrent en
1950 et le premier essai fut mené à bien le 28 avril
1951. L'inauguration eut lieu le 3 mai de la même
année. Une station de pompage autonome, partiellement immergée
et utilisant l'eau du lac Léman, lui permet de fonctionner
toute l'année.

Jusqu'en 2003, le jet d'eau est arrêté
chaque année pour maintenance le deuxième dimanche
du mois d'octobre et est remis en marche au mois de mars suivant,
à l'occasion de l'ouverture du Salon international de l'automobile.

Il est exceptionnellement mis en fonction
lors d’évènements particuliers comme lors de
la première rencontre entre le président américain
Ronald Reagan et son homologue soviétique Mikhaïl Gorbatchev
à l'occasion de la conférence sur le désarmement
en 1985 à Genève.

Le 15 novembre 2015, le jet d'eau s'est
paré des couleurs du drapeau tricolore français
pour commémorer les attentats de Paris du 13 novembre 2015.
Il est interrompu entre le 20 mars et le 11 juin 2020 afin
de marquer le semi-confinement dû à la pandémie
de coronavirus...

Voilà pour le jet d'eau du lac
Léman. Retour aux Bains du Pâquis
où nous profitons de ce moment pour admirer la rade et le
petit phare aménagé au bout de la jetée.

Les bains des Pâquis sont un
lieu très populaire où les habitants de Genève
aiment à se retrouver les pieds dans l’eau.

Les Bains des Pâquis existent
depuis 1872. Construits d'abord en bois, puis agrandis en
1889 sur pilotis, ils furent reconstruits en dur, en 1931-1932.

En 1890, les Bains deviennent publics
et municipaux. Ils étaient payants de 7 heures à
18 heures les jours de semaine et gratuits les dimanches et jours
de fêtes. Quelques heures gratuites étaient réservées
aux femmes afin d'éviter la promiscuité.

Ce qui fait la richesse de ces Bains
c'est leur convivialité, le mélange de générations
et de genres, leur sobriété et leur popularité.

Tout un ensemble d'éléments
qui font qu'on y retrouve ses amis d'un été
à l'autre, qu'on y a ses habitudes et qu'on a l'impression
d'être en vacances dès qu'on s'attable à la
buvette.

Construction simple et harmonieuse,
les Bains des Pâquis, s'intègrent discrètement
dans le paysage de la rade. Adossés à la jetée,
les bassins permettent aux baigneurs de profiter de la vue sur la
ville alors que les plages s'ouvrent sur le lac tout entier.

La simplicité et la clarté
architecturale en font une construction intemporelle chère
au coeur des Genevois.

Chaque espace des Bains est
imprégné de la dimension affective et de la mémoire
des Bains. Tout est fait pour que le baigneur puisse s'approprier
les lieux et les investisse.

La ville de Genève décide
de reconstruire les bains en 1932. Les simples baraques
de bois sont détruites pour laisser la place à un
aménagement complet de la jetée en béton armé.

Le projet choisi fut celui de l'ingénieur
Louis Archinard et de l'architecte Henry Roche qui offrait une parfaite
égalité de surface entre les hommes et les femmes
et une superficie de 6500 m2. Le premier des 448 pieux fut
planté le 20 janvier 1932.

Le succès est total, les Genevois
s'approprient ce site et en font leur lieu estival préféré.
Alliant calme, sports, santé et loisirs, les Bains sont également
imprégnés d'un côté social et socialisant
qui n'a pas échappé à ses utilisateurs.

Fin des années 80, un projet
prévoit la reconstruction des Bains. Or qui dit reconstruction,
dit démolition. Heureusement, la mobilisation des
Genevois et la constitution d'une association permit de faire avorter
le projet.



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