Etape
3 - Escale à Riga - Une balade touristique sous la grisaille
Mercredi 6 juillet 2022. Bon franchement,
nous ne sommes pas gâtés par le temps pour
cette demi-journée de visite touristique. Ma visite au printemps
dernier était beaucoup plus ensoleillée qu'aujourd'hui
!

Malgré tout, je m'emploie
à faire découvrir à ma fille la vieille ville
de Riga, mais il faut bien le dire, l'enthousiasme n'est pas au
rendez-vous.

J'ai beau emmener Léa dans les
plus beaux endroits de la ville, rien n'y fait. Riga ne
l'emballe pas... Et par ricochet, je me prends même à
regretter de l'avoir emmenée avec moi. Mais bon, c'est la
vie comme on dit...

Du coup, je profite juste de cette
escale pour faire les derniers réglages de mon nouvel
appareil dont je vous laisse apprécier (ou pas !) le résultat.

Et je profite de ce moment pour évoquer
également la situation démographique si particulière
de cette capitale balte, encore traumatisée par la domination
soviétique et pourtant si concernée par la présence
russe au sein de sa population...

Les travailleurs venus de toute l'URSS,
facteurs involontaires de la russification entreprise par
Moscou, sont restés en nombre après l'indépendance
et forment aujourd'hui les principales minorités du pays,
totalisant 41 % de la population.

Souci de taille : en 1989,
4 personnes sur 5 ne parlaient pas le letton, pas même en
2e langue !

C'est pour cette raison qu'après
l'indépendance, le gouvernement imposa un cadre très
struct pour acquérir la nationalité lettone : les
habitants installés après 1940 devaient démontrer
leur connaissance de la langue, de la culture ou de l'histoire du
pays.

Incapables de répondre à
ces demandes ou rechignant simplement à changer de nationalité,
beaucoup renoncèrent.

Les critères, jugés discriminatoires,
ont été largement assouplis sous la pression
internationale, et près de la moitié des Russes de
la Lettonie sont aujourd'hui devenus des citoyens.

Avant 1940, les Lettons représentaient
les 75 % de la population ; avec la Seconde Guerre mondiale
et les occupations russes et allemandes, ils ne représentent
aujourd'hui plus que 59 % de la population totale de leur pays.

Leur nombre vaut à la Lettonie
d'être le pays balte le plus instable ethniquement
et politiquement : près de 29 % de ses habitants sont russes.

Tête de pont de la puissance
soviétique dans la région, la Lettonie a été
coloniqée plus massivement encore que ses deux voisins.

A Riga, principal port d'attache
de la flotte de la Baltique, et dans six des sept grandes villes
du pays, les Russes sont aussi nombreux que les Lettons.

Avant la Seconde Guerre mondiale, seulement
10% de la population étaient d'origine russe, surtout les
paysans.

Le problème "russe"
est à l'origine de tensions parfois vives, tant avec
Moscou qu'avec l'Union européenne.

Les écoles russes sont désormais
tenues d'introduire le letton comme langue seconde de l'instruction.

En dehors des Russes, les statistiques
officielles font état d'environ 100.000 Bielorusses
(4%), 70.000 Ukrainiens (2,5%) et plus de 60.000 Polonais (2,5 %).

Si les deux premiers sont arrivés
comme travailleurs de l'URSS, les troisièmes sont
installés depuis le XVIIe siècle, époque où
la Livonie, menacée par la Russie, fit appel au royaume de
Pologne pour la protéger.

La communauté, particulièrement
bien ancrée dans le Latgale, fournit un nombre important
de recrues à la guérilla antisoviétique après
l'annexion de a Lettonie par l'URSS.

Aujourd'hui, ces trois minorités
possèdent leurs propres écoles. Ukrainiens
et Biélorusses sont parmi ceux qui ont le moins demandé
à obtenir la nationalité lettone (moins encore que
les Russes).

Installés en Livonie à
partir du XIIIe siècle, les Allemands ont longtemps
formé la minorité la plus active : propriétaires
terriens, nobles et membres du clergé, ils tiraient les ficelles
du pays.

Au fil des siècles, leur nombre
a constamment oscillé entre 5 et 8 % de la population,
pour décliner autour de 1919, lorsque les grands domaines
furent démantelés par la jeune république lettone.

En 1939, à la veille de l'occupation
soviétique, ils étaient encore 62.000... et
ils sont moins de 2.000 aujourd'hui. On les appelle les Germano-Baltes.



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